« Réunir les modérés de gauche et du centre »

« Réunir les modérés de gauche et du centre »
« Réunir les modérés de gauche et du centre »

LA TRIBUNE DIMANCHE – Avez-vous échangé avec le chef de l’Etat depuis l’annonce de la dissolution ?

CLÉMENT BEAUNE – Par respect pour l’institution, je ne signale jamais d’éventuels échanges avec le président de la République. C’est une éthique que tout le monde doit respecter. Par ailleurs, je n’ai eu aucun contact avec l’Élysée. Depuis le 10 juin, je me suis investi à 200% dans ma campagne, à Paris, littéralement jour et nuit. Je me sens très libre. Ce qui m’importe, c’est d’éviter le RN au pouvoir et de construire un avenir pour la social-démocratie dans notre pays. Je laisse de côté les potins du couloir ou de la cour.

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Que voudriez-vous dire au président ?

Je ne cherche pas ici à m’adresser à lui, mais aux citoyens, à mes électeurs parisiens, aux Français. Je suis sur le terrain tous les jours. J’apprécie le choc énorme, parfois le traumatisme, que représente la dissolution, y compris pour les électeurs de la majorité présidentielle. Mais la question n’est plus de savoir si la dissolution était nécessaire ou pertinente. Il s’agit, par ordre de priorité, de voter massivement le 30 juin, de battre l’extrême droite et enfin de créer une coalition de modérés responsables à l’Assemblée nationale. Le reste est histoire ou commentaire.

Quel devrait être le message de la majorité dans cette campagne ?

Il faut le dire : vous avez un vrai choix. Une voie démocratique, responsable, européenne et laïque existe. Dans la majorité des circonscriptions, y compris la mienne, il existe un choix entre l’espoir et la raison, que nous devons incarner. Le 30 juin, les Français pourront choisir un autre scrutin que celui des amis de LFI ou du clan Le Pen. Mon message, y compris à la majorité sortante, est franc : nous n’avons pas réussi à contenir les extrêmes et à débloquer le Parlement. C’est notre faute à tous. La majorité relative s’est parfois comportée comme une majorité absolue, et les oppositions, comme si elles étaient la majorité. C’est un problème collectif de culture et même d’immaturité politique. Avant d’aborder des mesures concrètes, sur le pouvoir d’achat, la santé ou l’écologie, il faut donc répondre à la crise démocratique. C’est la mère des batailles. Dès cet été, au Parlement, il faudra construire cette coalition des modérés, contre le RN et sans LFI. Pour ce faire, nous devrons établir une représentation proportionnelle, ce qui nous obligera à travailler ensemble dans le cadre d’accords de coalition équilibrés et transparents, et à recourir à des référendums réguliers à questions multiples pour dépersonnaliser la politique. On est beaucoup trop obsédés en France par la figure du président. Si nous ne changeons pas nos pratiques, nous aurons des partis politiques impuissants ou démagogiques. Cela fait le jeu des extrêmes.

Aurélien Rousseau, comme vous de l’aile gauche de la majorité, explique son adhésion au Nouveau Front populaire par le fait qu’il ne soutient plus la ligne de droite du gouvernement. Que lui réponds-tu ?

Je respecte et estime Aurélien Rousseau, que je connais depuis quinze ans. Mais soyons tous cohérents : il a rédigé la dernière réforme des retraites et propose désormais une retraite non capitalisée à 60 ans. Cela ne tient pas. Cela dit, nous partageons une idée : la ligne du gouvernement a dérivé, et ce déséquilibre est dangereux. Cela ne fait pas reculer le RN, bien au contraire. Nous devrons travailler ensemble dans les années à venir. Mais pour moi, c’est clair : il faut que ce soit sans LFI, qui brutalise le débat public et alimente le RN de ses dérives. Il y avait une autre solution : rassembler les modérés de gauche et du centre. Je l’ai proposé. Je regrette sincèrement que Raphaël Glucksmann, Emmanuel Grégoire, Boris Vallaud et d’autres l’aient refusé.

En cas de second tour entre le RN et le Nouveau Front populaire, quelles devraient être les consignes de la majorité ?

Sur un tel sujet, on ne peut pas tergiverser. J’accepte ma conviction, même si elle fait débat parmi mes propres militants : il faut toujours voter pour le candidat qui affronte le RN. Quitte à se retirer s’il existe un risque de victoire de l’extrême droite. Car derrière les apparences insoumises, le RN reste l’extrême droite, abritant les antisémites, les racistes et les homophobes. Je considère LFI comme un parti dangereux et très brutal. Mais le parti extrémiste qui peut aujourd’hui prendre le pouvoir et détruire notre pays, c’est le RN. Battons-le ! C’est le premier des mots d’ordre.

 
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