« Constellation », une bande dessinée d’Ophélie Brisset autour de la transmission musicale

« Constellation », une bande dessinée d’Ophélie Brisset autour de la transmission musicale
« Constellation », une bande dessinée d’Ophélie Brisset autour de la transmission musicale

C’était il y a à peine dix ans. 2014 : Le romancier avignonnais Adrien Bosc remporte le Grand Prix de l’Académie française avec une fiction intitulée « Constellation ». Une décennie plus tard, la cité des papes est à nouveau traversée par une œuvre au titre similaire. Mais cette « Constellation » n’est en aucun cas la même histoire. Voici un roman graphique au long cours tissé autour d’élèves de CM1 et CM2 de trois écoles d’Avignon : Fabre A, Saint-Jean et l’Amandier. L’auteure, Ophélie Brisset, a effectivement suivi ces juniors pendant un an à la Maîtrise populaire de l’Opéra Grand Avignon. Quel Master plonge sept classes d’écoles primaires issues des quartiers prioritaires dans le monde de l’art lyrique. « Je les suivais ponctuellement, avec ma caméra et mon enregistreur, lors des ateliers, des réunions, des répétitions. Mais ce qui est important dans ce processus, ce n’est pas le résultat, c’est, par exemple, le roman graphique ou la bande dessinée. Ce qui compte, c’est le chemin», note la philosophe Ophélie Brisset. Cette Vauclusienne amoureuse du collectif a fait ses armes dans deux des principales structures culturelles du département : elle a travaillé plus de trois ans au sein des Hivernales, le Centre National de Développement Chorégraphique (Avignon), et a passé huit ans au cœur de la Scène. Garance Nationale (Cavaillon). À chaque fois, elle y développe des projets, en lien avec le public. Et toujours dans un sens de l’autre qui confine à l’abnégation. « Ce qui me guide, c’est ce qui rassemble, la transmission, mais aussi l’idée de retrouver de la poésie dans notre monde » confie à « La Provence » celle qui se définit comme « une auteure pas très classique. En fait, formellement, « Constellation » se veut un objet artistique identifié, certes, mais résolument hors des sentiers battus. « Je l’ai réalisé avec du papier kraft, du dessin numérique, des photos, du collage. Cela conduit à une composition.

La boîte à histoires

A la genèse dudit projet, il y a donc eu une commande de l’opéra du Grand Avignon. A l’arrivée, on peut parler d’un livre pointilliste, dans les émotions fragmentaires autant que dans le rendu esthétique. « Il n’y a pas d’histoire narrative mais des scènes de vie. J’ai voulu raconter graphiquement ce qui se passe quand on transmet de la musique, dans cette très forte ouverture à l’opéra sous tous ses aspects. Et ce que cela représente de ressentir le temps long. Outre le plaisir de chanter, j’ai aussi aimé l’idée de montrer qu’à force de travailler dur, ces enfants se sentent très fiers. Exemple probant : il y a quelques jours, ces juniors se sont produits dans la cour d’honneur du Palais des Papes, devant 2000 spectateurs s’il vous plaît. Comme, avant eux, Jeanne Moreau ou Brad Meldhau.

Dans ce livre distribué à chacun des enfants de la Maîtrise populaire de l’opéra Grand Avignon, les séquences réussissent la prouesse d’avancer à la fois sur un mode réaliste et sur une configuration onirique. Une jeune fille s’exclame, dans un décor sobre et habité : “en fait j’ai découvert que l’opéra est une grosse boîte à histoires”. Deux enfants conversent ensemble. Le garçon déclare en admirant les notes colorées qui tombent du ciel : « Ça fait scintiller mes émotions, ça éblouit comme une pluie de paillettes. » D’une simplicité trompeuse. Et donc c’est vrai. Pour parvenir à un tel résultat, Ophélie Brisset a brisé les conventions avec tact. “Je me suis glissé comme une petite souris, j’ai fait des interviews, mais j’ai aussi enregistré des ambiances sonores, pour capter les rires, le stress, la gêne.”

L’objet des souvenirs

A moyen terme, l’artiste entend mettre sur orbite des projets personnels qui relèvent de la transmission. Surprenant, non ? Sans doute de l’atavisme, elle qui est issue d’une famille qui n’a jamais cessé de garder des traces du « Vivre ensemble », via des carnets, des objets ou des photographies. « J’ai un projet hybride, entre exposition photo, installation, cabinet de curiosités, livre pourquoi pas ? Il s’agira alors de parler, à travers des objets glanés, de « l’humilité des ancêtres, la profondeur des silences ». Pour cela, elle souhaite amplifier les ateliers créatifs avec des personnes âgées, « pour passer des objets intimes aux enjeux de société ». A la rentrée prochaine, on devrait également retrouver Ophélie Brisset à Avignon, où elle animera des ateliers « roman photo et collage » au Turboformat (avenue de Saint-Ruf) (enfants, adolescents, adultes). Une nouvelle constellation.

 
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