Bras dessus bras dessous, dans la rue en 2023 pour s’opposer à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, socialistes et « insoumis » sont sur le point de s’affronter autour d’un texte censé permettre son abrogation. Au cœur de la polémique, le projet de loi La France Insoumise (LFI), qui sera débattu en commission le 20 novembre, et à l’Hémicycle dans le cadre de sa niche parlementaire, le 28 novembre.
Le texte prévoit de supprimer la mesure de l’âge légal de la retraite à 64 ans. Mais il propose aussi de revenir sur l’allongement de la durée des cotisations à 43 ans. Or, cette mesure a été introduite par l’ancienne ministre socialiste Marisol Touraine, sous le mandat de François Hollande. Sa suppression est donc loin d’être une évidence pour les députés du Parti socialiste (PS).
Déjà en porte-à-faux avec LFI, le député socialiste de l’Essonne Jérôme Guedj ne s’emporte pas et accuse le mouvement de Jean-Luc Mélenchon de « provoquer une crise sur des sujets qui pourraient rassembler ». “Avec eux, c’est toujours pareil, il faut se soumettre ou démissionner”s’énerve contre l’élu francilien, qui ne voit pas “Comment les socialistes peuvent voter un texte avec lequel ils ne sont pas d’accord”.
Répondre au texte du RN
Premier concerné, François Hollande a fait savoir, par l’intermédiaire de son entourage, qu’il ne voterait pas “ce qui va nous permettre de revenir à la réforme Touraine”. Attaqué sur son bilan par le député (Rassemblement National, RN) du Loiret Thomas Ménage, l’ancien Président de la République l’avait déjà dit dans l’Hémicycle le 29 octobre : « La loi [Touraine] a permis d’allonger la durée de cotisation, il est vrai, mais a maintenu l’âge de la retraite à 62 ans. Et si la loi adoptée par 49.3 est abrogée, ce sera la loi Touraine qui s’appliquera. »
Dans un premier temps, les « rebelles » voulaient s’en tenir à l’abrogation pure et simple de la mesure de l’âge. Ils ont décidé d’aller plus loin après avoir découvert que le RN avait également proposé, dans le texte présenté dans sa niche du 31 octobre, de revenir à 42 rentes. “Nous avons bougé, car nous avons constaté qu’il y avait une majorité à l’Assemblée nationale pour voter cette réforme, qui allait dans le bon sens du point de vue de notre programme”justifie le rapporteur du texte, l’élu « insoumis » du Nord Ugo Bernalicis, qui rappelle que LFI a toujours été favorable à la retraite à 60 ans, après 40 ans de cotisations.
Il vous reste 50,02% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.