“une fois les vers ajoutés, ça marche tout seul pendant 5 ans”

Tapis roulant

Le look de ces nouveaux types de toilettes publiques n’est pas surprenant : c’est sous leurs planches que se cache l’innovation. ©Bruxelles Environnement
Les premières toilettes installées par les Français de Sanisphere en Belgique se trouvaient à Nisme, une section de la commune de Viroinval.Les premières toilettes installées par les Français de Sanisphere en Belgique se trouvaient à Nisme, une section de la commune de Viroinval.
Le dispositif a été installé pour la première fois en Belgique à proximité du parc du Château de Nisme, section de la commune de Viroinval. ©EdA
mouette

L’urine s’écoule dans une citerne et les solides tombent sur un tapis roulant qui les transporte par l’arrière.

Cube de planches et signalétique classique « non genrée », le look de ces toilettes d’un nouveau type ne révolutionne pas le design urbain. L’innovation se situe sous son conseil d’administration et derrière ses cloisons. « Ils séparent l’urine et les selles en deux flux », explique Noura Rkiouak. “L’urine s’écoule dans un réservoir et les solides tombent sur un tapis roulant qui les transporte vers l’arrière.” C’est là que les vers de terre sont utilisés pour transformer toute cette petite farine en compost.

Le technicien a déjà quelques points positifs de cette expérience. « Ces toilettes sont autonomes : pas besoin de les raccorder au réseau d’assainissement, d’eau ou d’électricité. Pas besoin de sciure non plus. Comment se déroule la prise de vue « chasse » ? “Le tapis d’évacuation est mécanique : il s’active grâce à une pédale que l’on appuie 5 fois avec le pied.” Autre avantage : une cadence de vidange très allongée. « Une à deux fois par an pour les urines, et une fois tous les 5 ans pour le lombricompost », assure Noura Rkiouak. « Une fois que les vers de terre sont au travail, ça marche tout seul ! Même si j’ai demandé une vidange d’ici deux ans pour la phase test, pour avoir une idée du cumul”.

Des odeurs ?

Et les odeurs ? « Dans l’habitacle, on ne sent presque rien grâce à la ventilation forcée. C’est moins le cas dans le local technique qui abrite les vers de terre. L’odeur n’y est vraiment pas agréable. Mais c’est là aussi qu’on stocke le papier toilette : il faudra peut-être déplacer ce local technique. Autre aspect négatif : « une certaine fragilité des équipements, notamment la poignée ou les indicateurs d’occupation ». Anecdote : un usager s’est déjà retrouvé coincé lorsque les toilettes se fermaient automatiquement en fin de journée. “Nous les fermons la nuit, compte tenu des problèmes que cela peut poser à Bruxelles”, convient Noura Rkiouak. « Une fois, quelqu’un était là pendant cette fermeture. » Heureusement, les gardes du parc ont sauvé cette personne de sa situation difficile. Là aussi, l’automatisation devra être affinée.

Bruxelles Environnement teste deux toilettes d'un nouveau type dans ses parcs de Jette et d'Evere. Leur aspect traditionnel en planche cache une technologie qui utilise des vers de terre. Cet équipement fonctionne sans eau, sans électricité, sans copeaux, et sans rejet à l'égout. De plus, la vidange est réduite au minimum.Bruxelles Environnement teste deux toilettes d'un nouveau type dans ses parcs de Jette et d'Evere. Leur aspect traditionnel en planche cache une technologie qui utilise des vers de terre. Cet équipement fonctionne sans eau, sans électricité, sans copeaux, et sans rejet à l'égout. De plus, la vidange est réduite au minimum.
Les deux flux sont séparés. Les matières solides sont décomposées sur le compost par les vers de terre. Le constructeur parle de « toilettes éternelles ». ©Sanisphère

Reste à résoudre l’équation impensée : que faire des excréments compostés ? En effet, la loi belge ne se prononce pas sur les filières de réutilisation de l’urine et des excréments humains. «Nous attendons», reconnaît le responsable de Bruxelles Environnement. “La seule option aujourd’hui, je pense, est l’utilisation en forêt.” A Viroinval, le compost sera utilisé pour les plantations de la Commune.

Ces toilettes sont en phase de test depuis deux ans. Ils ont été conçus par la société française Sanisphere et installés par le partenaire belge Niezen. « C’est cette dernière société qui assure sa maintenance pendant la phase de test. Nous effectuons le contrôle et la surveillance», précise Noura Rkiouak. Si le test est concluant, d’autres espaces verts pourraient en être équipés. Budget pour les deux toilettes selon Bruxelles Environnement : 112 000 € pour la fourniture et la mise en place, 40 000 € pour l’entretien (technique et nettoyage) pendant 2 ans.

 
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