Le Festival de la Tragédie de Nice s’ouvre sur une Phèdre époustouflante

TTu me détestais plus, je ne t’aimais pas moins”, » a crié Phèdre à Hyppolite mercredi soir, aux Arènes de Cimiez, pour l’ouverture de la toute première édition du Festival de la tragédie de Nice, qui dure jusqu’au 5 juillet. Ce festival était voulu par Muriel Mayette-Holz, la directrice du TNN, une fervente amoureux des textes et de la tragédie. « La tragédie, ce sont les grands sentiments de nos vies, à travers la beauté des paroles des poètes. C’est très fort. Et ici, la beauté des poètes se conjugue à la beauté du site. Cela met tout le monde d’accord.

Et côté beauté, le public de l’arène a été servi mercredi soir. Il y avait bien sûr le magnifique texte de Racine. Des vers en alexandrin, qu’il faut d’abord écouter, mais dont la musicalité s’insinue alors en nous.

Interprétation magistrale

Ensuite, il y a le décor, auquel la mise en scène de Muriel Mayette-Holtz fait la part belle. On oublie vite l’inconfort des tribunes, pour s’enivrer complètement à la vue de ces pierres, léchées par une lumière rasante qui projette au loin les ombres des comédiens.

Des acteurs qui ont livré une prestation magistrale ce mercredi soir, au premier rang desquels l’excellent Nicolas Maury. L’acteur révélé au grand public dans la série “Dix pour cent” est un ancien élève de Muriel Mayette-Holtz, qui a choisi ici de lui confier le rôle d’Oenone, la nounou de Phèdre, pour qui elle voue un amour ambigu.

Après la surprise de le voir dans une robe baroque en taffetas et velours, poudré et perruque comme jamais, on est captivé par son interprétation. Par la variété des émotions qu’il insuffle dans ces paroles. A ses côtés, Ève Pereur, véritablement habitée, dresse le portrait d’une jeune Phèdre, presque agaçante, qui ne cesse de sombrer dans la folie. Augustin Bouchacourt, Nicolas Bouchaud et Jacky Ido n’en sont pas moins bons.

Et si la tragédie ne semble pas, à première vue, forcément le choix le plus évident pour le grand public, nous pouvons ici certifier que même après une journée terrible comme notre mercredi, nous ressortons de ce spectacle plus grands et plus riches. D’ailleurs, même la pluie de sable de ce mercredi soir n’a pas suffi à mettre le public en fuite. La raison est simple : “Nous devons mettre de côté ce qui nous fait peur et ce qui nous fait mal, explique Muriel Mayette-Holtz. Aujourd’hui, nous avons tellement de soucis… quand on les met devant nous, à travers les auteurs, les choses vont déjà mieux. Parce que les voir se jouer, c’est déjà un peu les résoudre.