R.relaxé par le tribunal correctionnel de Bordeaux en septembre 2023, un surveillant de la prison de Gradignan a été reconnu coupable de complicité de violences, ce lundi 18 novembre par la cour d’appel. Il a été condamné à douze mois de prison avec sursis et à une interdiction à vie d’exercer cette profession. Ses deux collègues également poursuivis ont été à nouveau acquittés.
Tous trois étaient soupçonnés d’avoir été sciemment complices d’un détenu violent pour arranger les affaires de celui qui venait d’être condamné, désigné par la rumeur comme ayant facilité son séjour en détention grâce à un trafic téléphonique. Le 3 août 2019, au sixième et dernier étage du bâtiment A du centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, alors que le couloir s’était vidé au moment de la marche, un détenu, accompagné de ces trois gardiens dont une femme, est entré dans une cellule d’où un autre prisonnier en était ressorti blessé par un coup porté à la tête.
“C’est une faute professionnelle, une erreur, c’est hors protocole, ce n’est pas la meilleure idée, mais ce n’est pas un règlement de compte”
Il n’y avait qu’un seul coupable, avant que les images de vidéosurveillance de la prison ne montrent des gardiens comme en pleine consultation ou étonnamment passifs, voire perdus devant une porte de cellule ouverte.
Le procureur général a déclaré à l’audience qu’il était convaincu que les surveillants « savaient que les violences allaient être perpétrées par un intermédiaire ». A la demande du superviseur cible des rumeurs. Pour le magistrat, les faits constituent « une attaque soigneusement préparée ». Il a déploré « une expédition punitive » et demandé une peine de prison avec sursis et une interdiction définitive d’exercer.
« Abusé »
Le détenu violent, condamné ce lundi à deux ans de prison, ne nie pas avoir été impliqué dans cette bagarre. Mais il nie être le bras armé des gardiens de prison. “C’est tellement loin de ce que c’est”, soupire M.e Floriane Verdier, qui défend la responsable du parquet ce jour-là. Comme son collègue, il s’est senti « maltraité », « dupé ».
“Tous deux étaient choqués, ils ne voulaient en aucun cas participer à un règlement de compte”, a déclaré M.e Max Bardet, qui défend le prévenu. L’avocat souligne l’absence d’élément matériel ou intentionnel dans le cours des événements et met en avant les états de service de son client.
“C’est une faute professionnelle, une erreur, c’est hors protocole, ce n’est pas la meilleure idée, mais ce n’est pas un règlement de compte”, assure M.e Andéol Brachanet pour la défense du surveillant visé par la rumeur. « Cela relève de la sanction disciplinaire et non de la juridiction pénale. » L’avocat a profité de l’audience pour rendre hommage au personnel pénitentiaire « qui n’est pas à l’abri, parfois, de commettre des erreurs de jugement ».
« Ils étaient débordés. Tout était spontané, rien n’était préparé. Il ne s’agissait pas de résoudre une question personnelle mais de faire ce qu’il fait de mieux : médiateur. Certainement pas selon le protocole, concède l’avocat. Le fait qu’il ait mis le pied dans la porte indique qu’il n’était pas passif, mais qu’il voulait savoir ce qui se passait dans la cellule. » L’avocat n’a pas été entendu.