“C’est navrant”, “Stop à l’agricide”, les agriculteurs du Lot dans la rue

l’essentiel
Les agriculteurs sont descendus dans la rue ce lundi 18 novembre. À Figeac, Cahors et Gourdon, ils ont exprimé leur refus de l’accord du Mercosur et ont dénoncé les normes françaises qu’ils jugent trop restrictives.

Ils avaient prévenu, les voilà de nouveau dans la rue. Il y a moins d’un an, ils ont manifesté leur colère dans la rue. Ce lundi 18 novembre, les agriculteurs se sont à nouveau mobilisés. A Figeac, Cahors et Gourdon, ils étaient présents en masse, suite à l’appel national de la FDSEA et de la JA, d’une seule et même voix : « Non au Mercosur ». Ils dénoncent également des normes françaises trop strictes par rapport à l’Europe.

Le rendez-vous à Figeac était fixé au Foirail où une quarantaine de tracteurs venus de toute la région convergeaient vers 10h30. Tandis que le cortège prenait position, la JA et la FDSEA du Lot ont déployé des banderoles et installé des bottes de foin aux deux ronds-points, sans perturber la circulation. « Pas d’hormones dans vos assiettes », « On va droit dans le mur » ou encore « la fin des agriculteurs, c’est la faim », de nombreux messages ont été adressés directement aux consommateurs.

Ils sont venus nombreux à la sous-préfecture.
DDM Jean-Claude Boyer

Tous les engins agricoles sont alors descendus en convoi, très bruyamment au son des klaxons, jusqu’au cœur de la ville. A la mi-journée, la manifestation s’est poursuivie place Vival, devant la sous-préfecture de Figeac où de nouvelles bâches ont été déployées sur la façade. Un moment fort et « très symbolique » pour Alain Lafragette, ancien président de la FDSEA du Lot qui a mené l’action, la suppression du drapeau européen du fronton de la sous-préfecture, remplacé par les drapeaux du syndicat agricole. Présent à Figeac, Clément Rouquié, président de JA 46 et éleveur à Durbans, a souligné l’importance de cette première journée d’action. « Nous sommes ici avant tout pour le Mercosur. Nous importons ce qu’il nous est interdit de produire en . Nous ne pouvons pas tolérer cela avec des prix imbattables. Ils ont droit aux hormones et ici, c’est interdit depuis 20 ans, c’est l’Europe qui est une passoire, le problème, il faut un peu plus de contrôles.» Le leader syndical a rappelé qu’il y a un an aujourd’hui, les agriculteurs ont rendu les panneaux municipaux. « Après la mobilisation de janvier, nous avons progressé mais seulement 30 % des promesses ont été tenues, nous attendons toujours les 70 % qui manquent… » La sous-préfète d’arrondissement Anne-Cécile Vialle est allée à la rencontre des agriculteurs mobilisés et écouté leurs demandes.

Arrachage des vignes : « déchirant »

Un « feu de colère » s’est allumé au rond-point de Regourd.
DDM Jean-Luc Garcia

De son côté, à Cahors, la manifestation a démarré au rond-point du Montat avant de converger vers le rond-point de Regourd. Les agriculteurs y ont allumé un « feu de colère ». La circulation n’est pas bloquée, mais nettement ralentie. Karen Serres, vice-présidente de la FDSEA, insiste : « L’idée n’est pas de bloquer la population mais de faire entendre ce que nous avons à dire. »

Colère des agriculteurs : drapeau européen démonté, cercueil accroché, grilles recouvertes et paille déposée, ça s’échauffe à Cahors et Figeac devant les bâtiments de l’État pic.twitter.com/ELBUS4zGjb

— La Dépêche du Lot (@LaDepeche46) https://twitter.com/LaDepeche46/status/1858488146419220811?ref_src=twsrc%5Etfw

Ensuite, le convoi d’une dizaine d’engins a pris la route en direction de la préfecture, place Chapou. Les agriculteurs ont tout mis en œuvre. Un cercueil était accroché à l’un des lampadaires de l’institution, ainsi qu’une banderole disant « N’importons pas la nourriture dont nous ne voulons pas ». Des bottes de foin étaient positionnées de manière à bloquer toute entrée et sortie du bâtiment. Mais surtout : exit le lisier, place à la vigne. Ceux-ci ont été jetés partout. « Il y a une crise dramatique concernant la viticulture. Ils doivent arracher leurs vignes. C’est un crève-cœur pour certains qui en avaient hérité des générations précédentes. C’est très difficile à gérer, ils ont besoin de plus de soutien et de « soutien », confie Karen Serres. 16 % du vignoble lotois sera arraché. Dans la foule, nombreux sont ceux qui arborent la casquette verte de la FDSEA. Parmi la cinquantaine de manifestants, un visage connu : le député Aurélien Pradié. La préfète Claire Raulin est descendue sur la place à la rencontre des agriculteurs.

A Cahors, un cercueil, une banderole et des bottes de paille décoraient l’entrée de la préfecture.
DDM Aouragan Texier

« Arrêtez l’agriculture »

A Gourdon, les agriculteurs se sont rassemblés sur le parking de la Communauté de Communes Quercy Bouriane avant de former un impressionnant convoi de tracteurs qui a traversé la commune à pas de tortue en direction de la sous-préfecture de Gourdon. Ils ont garé leurs énormes machines en ligne devant le bâtiment. Le but n’est pas d’embêter les consommateurs, explique Christophe Bonnet, syndicaliste de la FDSEA, accompagné des Jeunes Agriculteurs du Lot.

Le rassemblement Gourdon.
Le rassemblement Gourdon.
DDM Patrick Leleu

Interrogé sur les raisons de cette première journée, Christophe a répondu : « Nous ne voulons pas du Mercosur, nous sommes soumis depuis 20 ans à des règles d’hygiène draconiennes dont nous payons les frais, c’est inacceptable d’accepter des animaux traités aux hormones interdits en Europe. Cela rend les aliments impropres à la consommation et va augmenter la facture sanitaire. À l’heure du réchauffement climatique, la pollution des transports transatlantiques va s’accumuler. La France, c’est notre métier de nourrir la population. Nos prix sont bas, mais les prix abusifs pour les consommateurs profitent principalement aux intermédiaires, et on nous accuse de ne pas être compétitifs. La deuxième exigence est la réduction des contraintes et des coûts administratifs. “Les contrôles répétés sont bien trop nombreux et la loi d’orientation est toujours en attente à l’Assemblée.”

Henry Constant, agriculteur à la retraite, a participé à toutes les manifestations paysannes, confirme-t-il : « Cela fait 50 ans que nous demandons moins de paperasse et cela n’a toujours pas changé, bien au contraire. On nous a fait de belles promesses en janvier dernier qui n’ont pas été tenues, cela nous met en colère.» Le syndicaliste conclut : « Stop à l’agricide ! Aujourd’hui nous interpellons le gouvernement, dans les prochains jours les opérations vont monter en puissance, cela reste à définir.» Pour l’instant, de nouvelles actions ne sont pas à l’ordre du jour, mais cette dernière n’est pas gravée dans le marbre.

 
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