Par
Méréva Balin
Publié le
18 novembre 2024 à 11h16
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Notre rencontre avec Micheline Quettier n’aura jamais lieu. Intrigué par la cérémonie de remise de la médaille de la Ville, organisée le 14 octobre 2024 à Limay (Yvelines) pour rendre hommage à « son engagement et son dévouement au service de la collectivité », 78 actu ont cherché à contacter cette « figure emblématique » proposer de dresser son portrait et de raconter son histoire.
« Vous pouvez me rappeler pour discuter un peu avec vous. À bientôt “nous a-t-elle répondu d’une petite voix fatiguée dans un message vocal il y a quelques jours. Elle est décédée le 13 novembre 2024.
Figure de l’éducation et du PCF
Le militant du Parti communiste français (PCF), dirigeant associatif attaché à la discussion même en cas d’opinions divergentes, et professeur de générations d’étudiants à l’école de filles Jean-Macé (devenue école Jean-Zay en 1970), avait 96 ans. La famille a choisi de lui dire au revoir dans la plus stricte intimité.
Cette personnalité, très populaire dans la commune, comme en témoigne le nombre de messages laissés sous les publications sur les réseaux sociaux annonçant sa disparition, s’était installée à Limay en 1961. Elle venait d’être nommée. directrice de l’école de filles Jean-Macé. Un poste qu’elle conservera lorsque l’établissement deviendra mixte.
64 ans de mariage avec Maurice Quettier, maire de 1977 à 1995
Cette femme, « humble, modeste, avec beaucoup de gentillesse et de générosité», décrit le maire Djamel Nedjar, aura survécu dix ans à son mari et père de ses trois enfants, Maurice Quettier, maire de Limay de 1977 à 1995.
Le couple avait également célébré leur mariage de diamantle 10 juillet 2010 à l’hôtel de ville, en présence de nombreux membres du Club de la joie de vivre, une des associations dans lesquelles Micheline Quettier s’est impliquée.
“Une grande dame nous a quitté (…) La remise de la médaille de la Ville était l’occasion de lui dire au revoir tout en se souvenant son sens de l’engagement et son idéal de vieindique encore le maire Djamel Nedjar. Elle a pu exprimer sa fierté de voir l’œuvre de son mari se poursuivre plusieurs décennies plus tard à travers les maires qui lui ont succédé. »
Activiste jusqu’au bout
Déjà, du temps de ses études à l’École Normale des Instituteurs de Paris, Micheline Race, son nom de jeune fille, se battait pour ses idées. Elle a également rencontré Maurice Quettier lors d’une grève au sein de l’établissement pour exiger des sorties communes entre étudiants et étudiantes. « Je l’ai surtout rencontré dans le contexte militant », raconte Joël Jegouzo, secrétaire départemental du PCF.
« Elle avait la particularité de chercher à accrocher les gens lors de la distribution de tracts par exemple. Elle cherchait toujours à engager un dialogue, à tenter de convaincre, à nouer de nouveaux contacts. »
Ce ardent défenseur de la justice socialeune éducation accessible à tous et une fraternité basée sur l’entraide étaient présentes dans toutes les assemblées du PCF et réunions locales. « Elle a assisté à la dernière réunion en présence de Lucie Castets (18 octobre 2024), témoigne la secrétaire départementale. Elle était heureuse que la salle soit pleine et que ses valeurs soient transmises. »
« Un personnage historique, toujours prêt à partager son expérience »
Son voyage a pris la valeur deexemple pour les jeunes générations. « Son attachement au parti ne s’est jamais démenti », assure Navid Hussain-Zaïdi, conseiller municipal d’Épône et ancien secrétaire de la section Limay du PCF.
« Sa mort est un choc pour tous les communistes mantois, un coup dur pour la gauche locale qui perd un personnage historique, toujours prêt à partager son expérience. »
Funérailles réservées à la famille
Celui qui incarnait « le mémoire d’antenne locale [du PCF]» n’a jamais perdu son sourire et son humour. « J’ai toujours été très heureux de la voir, on se taquinait beaucoup sur nos soixante ans de séparation, poursuit l’édile municipal d’Épône. Avec l’âge, elle avait une très mauvaise vision, mais elle nous a reconnus à nos voix. Elle n’était ni fermée ni sectaire, elle militait pour une union de la gauche sans oublier les valeurs du PCF. »
La municipalité et les militants communistes envisagent une forme d’hommage qui conviendrait le mieux à sa personnalité. «Nous avons déjà prévu d’accrocher dans notre salle de réunion une photo du couple qui porte le nom de Maurice Quettier», annonce Joël Jegouzo.
La mairie est à lui, les associations sont à elle
Engagée politiquement, Micheline Quettier s’est également engagée auprès du monde associatif. Tandis que son mari poursuit une carrière politique locale et nationale, comme député entre 1967 et 1968, le directeur de l’école Jean-Zay s’engage dans le domaine associatif. « Elle a participé à l’organisation de la première collecte de sang à Limay et à la création de l’antenne Limay du Secours populaire français », rappelle le secrétaire départemental du PCF Joël Jegouzo.
Cette « militante d’une grande tolérance » garde un bon souvenir de sa première distribution alimentaire solidaire. « Elle m’a raconté qu’elle avait été surprise au début de donner des poulets vivants à des gens qui avaient à l’époque des difficultés à acheter de la viande », rapporte le maire Djamel Nedjar. De cette manière, chacun pouvait tuer l’animal selon ses rites et ses croyances, permettant ainsi une action sociale s’adressant à tous. »
Le militant PCF a également été trésorier du Club de la joie de vivre pendant vingt ans. «C’est l’une des plus grandes associations de la commune avec aujourd’hui 215 membres qui participent à de multiples activités toujours en adéquation avec les valeurs de fraternité et d’entraide chères à Micheline Quettier», précise Joël Jegouzo.
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