Il y a le magnifique chantier de restauration de Notre-Dame. Et puis il y a l’argent qui l’a financé. Un montant total de 843 millions d’euros, également exceptionnel. Moins d’un mois avant la réouverture de la cathédrale, le 7 décembre, la Fondation Notre-Dame dévoile, lundi 18 novembre, les chiffres de sa collection qui La Croix publie exclusivement. Elle est l’un des quatre organismes à avoir été autorisés à percevoir des fonds lors de la souscription nationale lancée après l’incendie d’avril 2019, avec la Fondation du Patrimoine, la Fondation de France et le Centre des monuments nationaux.
Les particuliers ont donné en moyenne 236 €
Au total, la Fondation Notre-Dame a récolté 358 millions d’euros, soit 43 % du montant récupéré par souscription, auprès de 62 000 donateurs, ce qui en fait le premier financier de cette restauration d’envergure. «Il s’agit d’une mobilisation nationale et internationale sans précédent. Si 90 % des donateurs passés par la Fondation Notre-Dame sont français, 104 pays sont représentés et les trois quarts des donateurs étrangers sont américains. », souligne Sylvie Bretones, la déléguée générale de cette structure.
A noter que, sur cette somme, 200 millions d’euros ont été apportés par Bernard Arnault, le président fondateur de LVMH, et 100 millions par François Pinault, le fondateur de Kering, un autre géant du luxe. Pour les particuliers, le montant moyen du don est de 236 €.
Un changement de dimension
Créée en 1992 à l’initiative de Mgr Lustiger, et reconnue d’utilité publique, la Fondation Notre-Dame a évidemment changé de dimension après l’incendie de la cathédrale. En 2018, elle a récolté 26 millions d’euros, contre 34 millions en 2023. Depuis, elle a modernisé et diversifié ses outils de collecte, notamment avec le numérique, par lequel transite désormais un tiers des dons.
«Le drame de l’incendie nous a donné plus de visibilité, et nous a également amené à nous développer, notamment en termes d’ingénierie financière et de recouvrement. Mais notre ambition n’a pas changé. Nous restons déterminés à faire grandir l’espoir», affirme le délégué général. Un tiers des effectifs est composé de bénévoles, “Tous prêts à continuer et tous super motivés», assures Sylvie Bretones.
La Fondation soutient en effet de nombreuses causes, notamment dans la lutte contre l’exclusion, avec de l’aide aux sans-abri et aux familles en détresse, un soutien alimentaire, mais aussi une insertion professionnelle ou encore l’organisation de colonies de vacances pour enfants défavorisés. Elle finance également la préservation du patrimoine chrétien, comme les croix, chapelles et calvaires qui dorment dans les campagnes et a lancé un programme de restauration des églises parisiennes.
Continuer à restaurer la cathédrale
À Notre-Dame, les travaux se poursuivront après la réouverture. Car tout l’argent récolté n’a pas été dépensé dans les phases de sécurisation et de restauration du bâtiment. Sur les 843 millions d’euros, il en reste 140 millions (dont 64 millions apportés par la Fondation Notre-Dame) qui serviront à réaliser des travaux sur les parties extérieures ayant subi des dégradations au fil du temps. Il s’agira notamment de consolider le chevet et les arcs-boutants. Ces sommes proviennent de grands mécènes, comme François Pinault et Bernard Arnault, qui ont donné leur accord pour cette utilisation. Le projet devrait durer entre 2025 et 2028.
Parallèlement à la souscription nationale, à partir de 2021, la Fondation a également lancé une collection spécifique d’aménagements intérieurs d’intérêt patrimonial ou culturel, dont le financement incombe au diocèse de Paris, bénéficiaire, et qui n’est donc pas prise en charge par souscription nationale. Elle a ainsi récolté 7 millions d’euros supplémentaires. Ces dons sont destinés au mobilier liturgique, au reliquaire de la couronne d’épines, mais aussi à l’installation de dispositifs de transmission sonore, lumineuse et vidéo.