Des amis rivaux dans la conquête du Vendée Globe, l’histoire de la course en compte quelques-uns, Titouan Lamazou et Philippe Poupon, Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain. Charlie Dalin (« Macif Santé Prévoyance) et Yoann Richomme (« Paprec-Arkéa ») proposent un nouvel épisode. Avant de se retrouver au coude à coude dans la course, ils ont évoqué leurs parcours quasi parallèles.
Souvenez-vous de Southampton
« Nous avons étudié l’architecture navale dans la même ville, Southampton, et en même temps, mais pas dans la même école. Yoann est allé à l’institut qui s’appelle aujourd’hui Solent University, et moi je suis allé à l’université », se souvient Charlie Dalin. « Il s’est trompé d’université ! » Il est allé étudier dans la mauvaise école. Il avait choisi la bonne ville, c’était déjà ça, dites-moi ! », plaisante Yoann Richomme. Les deux hommes sont d’accord sur un point : « on s’est tout de suite sympathisés ».
« Charlie, en plus de choisir l’université, a emprunté un chemin légèrement différent. Il fréquente rapidement les Anglo-Saxons et les équipes de la Volvo Ocean Race (NDLR : tour du monde en équipage avec escale). « Yoann faisait le Tour de France et j’ai navigué avec lui en 2004 ou 2005 », ajoute Dalin.
Duo et Solitaire
« Sur l’eau, nos chemins se sont recroisés à la Solitaire du Figaro, nous étions amis entre eux », rembobine Richomme. Charlie pilotait le semi-rigide de l’équipe lorsque j’ai débuté, en 2010. Nous nous connaissons bien, nous sommes partis en vacances ensemble, nous avons une longue histoire. »
En 2015 et 2016, les deux hommes étaient skippers de l’équipe Macif sur le circuit Figaro, l’école du large. Rivaux mais coéquipiers, chacun avec son bateau, ils gardent de très bons souvenirs. « Avec Yoann, nous avions la même vision des choses, de la gestion de l’hébergement à la préparation des bateaux (NDLR : ils partageaient un appartement et une cuisinière à Bordeaux au moment de quitter la Solitaire). Nous avons démâté ensemble sur l’AG2R (NDLR : transat double) et accompli cette mission un peu commando d’amener mon bateau de Madère à Port-la-Forêt. Le démâtage a été la première pierre d’une incroyable saison 2016. Nous avons remporté la 1concernant et 2e lieu toute la saison, tour à tour, ont survolé le circuit. C’était assez génial ! »
Amis à distance
« Je l’aime beaucoup et je le respecte », confie Dalin à propos de Richomme, même si « la préparation du Vendée fait qu’on ne se croise pas beaucoup. Avant la mise à l’eau de son bateau, j’allais prendre un café en famille chez lui, pas depuis. Lui est à Lorient, je suis à Concarneau, nous sommes tous les deux très « compétents ». Il passe beaucoup de temps à travailler sa course. »
« Ce n’est pas qu’on évite de se rencontrer parce que nous sommes adversaires, nous sommes en fait dans le même centre d’entraînement. C’est normal de se voir moins. Je partage le même hangar avec Damien Seguin et nous ne nous croisons presque jamais car nous avons la tête en contrôle. Pourtant, chaque fois que Charlie et moi nous rencontrons, c’est un plaisir. »
En 2016. Nous avons pris la 1ère et la 2ème place toute la saison, à tour de rôle. C’était assez génial ! »
Petites différences
Eh bien, l’un des deux skippers serait plus secret que l’autre. Cela ne remonte pas à l’époque du Figaro. « Chacun avait ses petites choses, j’étais très pointilleux mais nous partagions beaucoup », explique Dalin. Et puis on avait le même préparateur, donc… » « Avec les bateaux côte à côte, la capacité de cacher des choses était limitée », ajoute Richomme.
C’est dans la construction de leurs bateaux respectifs que ces derniers voient une différence. “Charlie, il aime cacher des choses !” Dans son équipe, ils ont un côté très secret. Ils ne voulaient pas montrer leur bateau avant la mise à l’eau, ni avoir de photos de l’intérieur. Pour nous, c’est tout le contraire, nous avons montré des photos, nous avons montré l’intérieur avant même la fin du projet. Même si nous sommes amis, nous avons des façons de faire très différentes. »
« Charlie a évolué à cet égard. Avant, il avait du mal à donner des informations aux autres. Pour progresser, il faut partager avec les autres, tu me donnes un peu, je te donne un peu. Récemment, cela s’est un peu ouvert. Je pense que cela lui sera utile. »
Pas le même logement !
Un peu d’humour pour finir, il n’est jamais loin avec Richomme. Très satisfait du confort à bord et de son cockpit très ouvert, il ironise sur le choix de Dalin, un cockpit placé devant une cellule d’habitation, appelée studio, tout à l’arrière, qui regroupe une couchette, un siège, un ordinateur et une cuisine. à portée de main demain. « Charlie, il va brûler avec son studio, alors que moi j’ai un T3 avec vue mer. Nous ne sommes pas dans la même catégorie, rien à voir. Il n’a pas compris ! » Avant d’ajouter, pour éviter que la plaisanterie ne soit mal comprise : « Je plaisante, il a un bateau super performant qui, selon le scénario standard vendéen, a peut-être plus de chances que nous de gagner ».