jeune autiste jugé pour l’assassinat de son frère

jeune autiste jugé pour l’assassinat de son frère
jeune autiste jugé pour l’assassinat de son frère

Un jeune autiste devant le tribunal pour le meurtre de son frère

Publié aujourd’hui à 14h50

Abonnez-vous maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.

BotTalk

Un jeune homme autiste a comparu mercredi au tribunal d’Yverdon pour le meurtre de son frère. Au cœur du drame se trouvent une perte totale de repères pendant le confinement et une surconsommation de jeux vidéo et de séries TV.

Alors complètement confus, dépassé par ses émotions, le jeune Vaudois s’en est pris à son jeune frère, également atteint d’autisme, un après-midi d’avril 2020. Il l’a emmené dans une forêt près d’Yverdon, où il l’a frappé avec une hache avant d’y mettre le feu.

Le procureur de la République a requis six ans de prison, peine qui n’a pas été contestée par les avocats des parents et du prévenu. Tout le monde était d’accord sur « les circonstances très particulières » de cette affaire et la nécessité de prendre en charge cet homme d’une vingtaine d’années dans une institution fermée.

Perte de repères

Mercredi devant le tribunal correctionnel, les parents ont évoqué un « double drame », d’avoir perdu « deux enfants d’un coup ». Ils ont dit espérer que la « justice humaine » offre des « perspectives » à leur aîné, en détention provisoire depuis 4 ans.

Ils sont également revenus sur “la détresse” dans laquelle s’est retrouvé leur fils pendant le semi-confinement, sur la perte soudaine des “béquilles” qui lui permettaient, avant l’arrivée du Covid-19, de vivre avec son handicap.

La procureure Laurence Brenlla a également souligné ce « besoin de repères », d’« activités ritualisées » chez les personnes autistes. Dans cette affaire, le prévenu a été « brusquement coupé » de tout ce qui composait son quotidien : son travail, ses visites chez ses grands-parents, ses sorties en karting ou chez McDonald’s.

La « tension intérieure » s’est accumulée, sans qu’il parvienne à l’évacuer ni à la verbaliser, jusqu’à ce qu’elle explose l’après-midi où il a tué son frère. “Il s’est littéralement emporté”, a expliqué son avocate Aude Vouillamoz.

Au confinement lié à l’autisme s’est ajouté celui du semi-confinement, a ajouté l’avocat des parents, Gilles Monnier. Il est également revenu sur le « cataclysme » vécu par le prévenu lorsqu’il a perdu « tous ses repères ».

“Le Diable” dans la tête

Les deux avocats ont insisté sur la personnalité non violente du jeune homme – « une bonne pâte » – mais aussi sur les répercussions d’une « surconsommation » de jeux vidéo et de séries télévisées durant cette période de semi-confinement.

Evoquant des titres comme “Agents of Shield” et “GTA 5”, ils ont notamment relaté une interview au cours de laquelle le prévenu, à qui la police avait offert une console et des manettes, avait “reproduit” son crime en même temps qu’il jouait.

« Il ne voyait plus la différence entre fiction et réalité. Il y a eu du mimétisme, c’est évident», a déclaré M. Vouillamoz.

Dans ses propos, l’accusé a également décrit son état psychologique à cette époque. «Je n’ai jamais voulu tuer mon frère. J’ai subi un lavage de cerveau, j’avais le Diable dans la tête”, a-t-il déclaré à la fin de l’audience.

Soins thérapeutiques

Pour la procureure Laurence Brenlla, la faute du prévenu est « extrêmement grave », mais elle doit être examinée « à la lumière » d’une réduction « significative » de la responsabilité, comme l’ont démontré deux expertises psychiatriques.

La qualification d’assassinat et la peine requise de six ans sont “relativement sans importance” par rapport à ce qui devra être mis en place pour l’avenir, a-t-elle ajouté. Elle a demandé, à titre de mesure, une prise en charge institutionnelle en milieu fermé, afin que la jeune femme de vingt ans soit « entourée dans un environnement sécurisé ».

S’exprimant à l’unisson, le procureur et les avocats ont évoqué un dossier « très émotif », traité « avec humanité », qui nécessite désormais une conclusion pénale qui permettrait à la famille et aux accusés « d’avancer et de se reconstruire ». Le jugement sera communiqué aux parties dans les prochains jours.

ATS

Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Elections législatives 2024. Les premiers résultats au Mans – .
NEXT des collégiens sensibilisés au vélo