« Sans surveillance, sans traitement, ces enfants ne peuvent pas encore être en vie »

« Sans surveillance, sans traitement, ces enfants ne peuvent pas encore être en vie »
« Sans surveillance, sans traitement, ces enfants ne peuvent pas encore être en vie »

A la reprise du procès de Naïma Bel Allam ce mardi 18 juin, la cour d’assises du Lot-et-Garonne retenait son souffle. À la question cruciale de savoir où se trouvent Inès et Nawal, disparues depuis décembre 2016, a succédé celle de savoir où se trouve leur mère, accusée de les avoir intentionnellement tués.

Une demi-heure plus tard, après avoir imaginé tous les scénarios, la Néracaise, 56 ans, a été repérée dans son appartement et ramenée manu militari dans la salle d’audience, sous la surveillance de deux policiers. ” Je suis vraiment désolé. Je suis généralement une personne très ponctuelle, mais je ne me suis pas réveillé, ce n’était pas calculé. Hier, je n’arrivais pas à dormir, c’est à cause de toute cette pression, j’ai pris une pilule. Cela ne se reproduira plus. » Échappant de peu au placement en détention provisoire, Naïma Bel Allam a regagné sa place et l’audience a pu se poursuivre.

Mère aimante

On a beaucoup parlé de fatigue durant la matinée. Le personnel accompagnant les deux filles âgées de 12 et 13 ans atteintes de paralysie cérébrale d’origine génétique – leurs parents sont cousins ​​germains – sont venus témoigner à la barre. « Je connaissais bien les jeunes filles. Ils étaient propres, soignés et élégants. J’ai bien connu également Mme Bel Allam, qui avait deux enfants polyhandicapés, avec des troubles du comportement et de l’alimentation associés, les seuls dans cette situation dans l’établissement », a déclaré le directeur adjoint de l’Institut spécialisé d’éducation pour personnes polyhandicapées. (Isep) de Tonneins, où Inès et Nawal étaient accueillies en journée, du lundi au vendredi. « Cette mère était exigeante sur le soutien de ses enfants. Et en même temps, on a pu constater des irrégularités de présence. Si j’ai tardé à faire le constat après leur longue absence, c’est parce que j’avais leur mère au téléphone. Je la connaissais, j’étais tolérant. J’ai vu qu’elle était aimante, elle avait des gestes affectueux envers ses enfants. En plus, j’ai été surpris qu’elle ne soit pas en colère après mon rapport. »

L’alerte a été donnée au Conseil départemental, qui saisira à son tour le procureur de la République d’Agen. Une enquête est lancée. Chargés de vérifier les conditions de vie des deux jeunes filles handicapées, les gendarmes se sont rendus au domicile néracais de Naïma Bel Allam en juin 2017. L’un d’eux, généreux en superlatifs, a confié le souvenir de son impression : « J’ai vu une femme qui était psychologiquement fatigué, très intelligent, très marqué physiquement. »

« Presque inhumain »

L’étude des dossiers médicaux des deux jeunes filles par un expert fait apparaître la gravité des troubles. S’appuyant sur une prescription médicale, le président tente de savoir si une réduction ou la privation du traitement médicamenteux entraînerait inévitablement la mort des enfants. Le médecin répond par l’affirmative. « D’après mon expérience, tous les parents d’enfants présentant des handicaps similaires qui ont obstinément refusé une aide extérieure ont tous explosé à un moment ou à un autre. C’est un travail titanesque, presque inhumain. Si Inès et Nawal n’ont pas eu de suivi ni de traitement depuis 2017, je tiens à vous dire que je ne pense pas qu’elles puissent être encore en vie. On peut toujours espérer que les crises d’épilepsie s’arrêteront, mais pour eux, la prise de médicaments était permanente. »

Naïma Bel Allam n’était pas invitée à s’exprimer ce mardi. Hormis les excuses présentées pour son retard, l’accusée est restée assidue dans les débats. Elle a ainsi pu entendre qu’une personne peu familière avec les troubles de ses filles aurait de grandes difficultés à s’en occuper, et son avocat lui a rétorqué qu’un tel soin quotidien, pour une mère, peut conduire à des attitudes incompréhensibles envers l’extérieur, voire à une déconnexion. avec la réalité.

Si l’analyse de la tache brunâtre retrouvée sur le sol de la chambre des filles a révélé des cellules épithéliales et l’ADN de l’une d’elles, ainsi que d’un ancien locataire, les expertises ne permettent pas d’affirmer quelle quantité de sang il peut y avoir. être, ni dater sa présence.

Verdict jeudi

Avant de quitter la salle d’audience, les jurés ont été invités à pénétrer dans le domicile familial de Naïma Bel Allam, à travers le prisme de photos prises par les gendarmes. Une maison où les affaires d’Inès et Nawal sont dans chaque pièce, leur présence nulle part, sauf sur les photos tirées de leurs carnets ou du téléphone de leur mère, projetées dans la salle d’audience.

A l’issue du témoignage, ce mercredi, de la sœur, des frères et de la mère de Naïma Bel Allam, l’interrogatoire de l’accusé précédera le défilé des experts psychiatres. Le verdict est attendu ce jeudi 20 juin.

 
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