Seuls 29% des Ukrainiens en Suisse ont un emploi, un chiffre encore loin de l’objectif de 40% fixé pour la fin de l’année par le Conseil fédéral. La RTS a cherché à comprendre pourquoi à travers le récit d’un exilé ukrainien.
Cet automne, les autorités ont décidé plusieurs mesures pour accélérer leur insertion professionnelle. Mais le marché du travail n’est pas facilement accessible à ces exilés. Le récit de Ioulia Shaparieva, interrogée par la RTS, démontre cette difficulté.
Cette Ukrainienne est arrivée en Suisse il y a deux ans avec son fils. Elle n’avait qu’un seul objectif : travailler et devenir indépendante. Elle a donc suivi des cours de français et de coaching. Mais malgré deux stages d’aide-cuisinier, ce diplômé en comptabilité n’a décroché aucun emploi.
« J’étais vraiment déçu, car je me voyais déjà comme cuisinier. Mais j’ai compris que je ne pouvais pas rester sur cette voie», regrette-t-elle. Yuliia Shaparieva doit composer avec un budget serré. Depuis cet été, elle suit une formation accélérée d’assistante comptable en vue d’obtenir un diplôme reconnu en Suisse.
Surqualification
Pour le député Guy Gaudard (PLR/VD), fondateur de la compagnie d’électricité Gaudard Energie, habitué à former et embaucher des réfugiés, l’hypothèse est peut-être que « les Ukrainiens sont plutôt dans le domaine académique et que les métiers qui leur sont proposés ne leur conviennent tout simplement pas ». eux. Depuis deux ans, il n’a reçu aucune candidature d’Ukrainiens.
C’est aussi le constat de Xavier de Montmollin, responsable de la structure de réinsertion professionnelle Connexion-Ressources. Les Ukrainiens que l’entreprise coache sont bien formés et ont un profil plutôt académique. Se projeter dans un métier moins qualifié n’est donc pas chose aisée.
« Le travail de nos coachs, c’est de pouvoir parfois déconstruire pour reconstruire. C’est aussi pouvoir expliquer comment se fait le travail en Suisse, les attentes des employeurs, les exigences du marché suisse et la reconnaissance des diplômes», explique Xavier de Montmollin.
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Nouvelles exigences cantonales
Tandis qu’elle a suivi cette voie de professionnalisation, Yuliia Shaparieva pourrait être rattrapée par les nouvelles exigences du canton de Vaud: tous les Ukrainiens possédant un niveau élémentaire de français ou parlant anglais ont désormais l’obligation de s’inscrire au chômage et d’accepter tout emploi convenable, sous peine d’éventuelles sanctions.
«La Suisse a déjà investi beaucoup d’argent dans les Ukrainiens. Il est logique de devoir travailler ou chercher du travail », estime-t-elle. Yuliia Shaparieva devra postuler, mais elle espère toujours terminer sa formation, travailler dans le monde qu’elle aime, celui des chiffres.
Sujet télé : Céline Fontannaz
Web adaptation: Raphaël Dubois