Laurent Mulero, vigneron à Montaud bénéficiera du dispositif d’arrachage définitif des vignes. Ce qui l’a poussé à franchir le pas.
La décision a été difficile à prendre. Il l’admet. “Ce n’est pas facile d’arrêter une passion comme celle que j’ai pour la vigne et le vin. J’ai toujours voulu faire ça mais aujourd’hui j’en ai marre. j’arrête tout», confie Laurent Mulero, vigneron de 39 ans à Montaud, sans amertume ni désespoir.
Il est en revanche résigné, mais aussi soulagé après avoir décidé, une fois le dispositif définitif d’aide au déracinement ouvert le 15 octobre, de franchir le pas sans possibilité de faire marche arrière. De toute façon, il n’y pense même pas, pouvant trouver en cas de besoin le soutien de sa famille qui le soutient dans sa décision, sans lui faire peser le poids de l’héritage familial.
“C’était devenu trop difficile entre les pertes de production à chaque récolte depuis cinq ou six ans en raison de la répétition des aléas climatiques. Et moins de production signifie moins d’argent rentré. Puis, avec la baisse de la consommation de vin en France, sa commercialisation devient de plus en plus difficile. Ce n’est pas un produit essentiel. Impossible dans ces conditions de gagner un salaire, à peine 500 euros par mois. C’est intenable, et encore plus avec deux jeunes enfants, même si mon conjoint travaille. Tout cela me pesait trop. J’ai dû perdre ce poids. Je viens de le faire avec cette décision. je vais pouvoir passer à autre chose», ajoute le vigneron. Un regard en arrière.
Quand le climat chamboule tout
Après des études au lycée agricole et en BTS viticulture-oenologie, puis dix ans de saison viticole dans la région, il décide de rentrer chez lui en 2014 et de reprendre une partie des vignes de son grand-père, à Montaud, à l’endroit même où il cultivait. et j’ai joué près d’eux. Plutôt que d’amener sa production à la cave coopérative comme le faisait son grand-père, il décide de la conserver pour élaborer son vin. Il convertit également toutes ses parcelles en agriculture biologique et y plante des haies en leur sein et en bordure.
Conduit ses vignes en biodynamie, il fait tout à la main, même en s’épuisant. Qu’importe, la passion est là, toujours bien ancrée dans son corps. “Je courais constamment entre le vignoble, la cave, la paperasse, la commercialisation. Mais c’est trop compliqué à gérer quand on est tout seul. C’est trop de stress. J’ai fini par m’épuiser. Et lorsque le changement climatique a entraîné un aléa chaque année à partir de 2018, il est devenu impossible de maintenir», relate Laurent Mulero.
Arrêtez tout. Il commence à y penser en 2021, trois ans après la canicule sur les vignes en juin 2018 qui a fait périr un grand nombre d’entre elles. Cependant, il hésite encore. “Je me suis dit, allez, encore un an, on ne sait jamais. Mais la situation n’a fait que se détériorer. J’ai tout abandonné cette année. Je n’ai rien cueilli dans les vignes», dit-il. Ainsi, lorsque le dispositif permanent d’aide au retrait est activé, puis ouvert, le processus se poursuit.
Une prime pour régler les comptes
Sur les 7 ha de vignes reçus en donation familiale, il avait déjà fait arracher un peu plus de 3 ha sans aide financière. Cette fois, 2 ha seront arrachés. Le dispositif d’aide prévoit 4 000 € par hectare de vignes arrachées. “Cela me permettra de financer le déracinement et de payer mes cotisations à la MSA, ou de clôturer mon activité sans dette. C’est à cela que servira le bonus», explique le vigneron. Et d’ici la fin de l’année, il changera de statut professionnel, passant de chef d’exploitation à contributeur agricole.
Même si l’activité d’opérateur n’existera plus, Laurent Mulero n’a pas renoncé à poursuivre sa passion. Pour ce faire, il a conservé 1,5 ha d’un vieux Carignan, qui date des années 1960. »C’est la vigne la plus ancienne de l’exploitation. Il a été planté devant la maison. Elle m’a vu grandir. Je l’ai gardé pour continuer les vendanges dans un esprit festif entre amis, et du vin, juste pour le plaisir», commente-t-il. Les parcelles arrachées resteront pour le moment en friche. Quant à lui, il passera désormais des saisons avec d’autres dans la vigne.
3 211 hectares seront arrachés dans l’Hérault
Combien d’hectares seront arrachés dans l’Hérault, maintenant que le dispositif définitif d’aide à l’arrachage est fermé ?
Ce sont 3 211 hectares qui devraient être arrachés dans ce département, qui représente un peu plus de 10 % du vignoble de l’Hérault. Parmi les cinq départements les plus demandés, il y a l’Aude en première position, avec 4 955 ha, la Gironde avec 4 219 ha, le Gard avec 4 015 ha, l’Hérault quatrième, puis les Pyrénées-Orientales avec 2 613 ha.
Dans la mesure où le total des demandes couvre au niveau national 27.453 ha, l’enveloppe prévue ne sera pas entièrement consommée. Aucun stabilisateur ne sera donc appliqué, ce qui signifie que les viticulteurs recevront 4 000 € par hectare arraché.
Qui sont ces vignerons héraultais en difficulté ?
Il est encore trop tôt pour le dire, car toutes les données n’ont pas été analysées. D’après ce que je sais, il y a parmi eux un certain nombre qui souhaitaient quitter la profession, puis pas mal de vignerons proches de la retraite qui ont saisi cette opportunité, faute de repreneurs derrière eux.
Qu’est-ce qui est le plus urgent maintenant ?
Le système doit être fermé pour pouvoir informer les vignerons des superficies qu’ils vont arracher et des aides. Cela devrait être fait d’ici le 31 décembre.