Une semaine après avoir été remplaçant contre le Japon, pour l’ouverture de cette tournée automnale, Gaël Fickou a retrouvé sa place de titulaire contre la Nouvelle-Zélande et s’est comporté en patron. Et le trois-quarts centre veut avant tout conserver le caractère des Bleus…
C’est votre troisième victoire consécutive contre les All Blacks. L’émotion est-elle la même que dans les deux premiers ?
Battre les All Blacks n’est jamais anodin et ça fait toujours plaisir. Donc, je la mets au même niveau que les autres. C’était un match très dur, on sait que les Néo-Zélandais sont en grande forme, qu’ils jouent de très gros matches. Nous l’avons vu contre l’Irlande et l’Angleterre, qui sont de grandes nations du Nord. Nous savions que ce serait difficile et nous n’avons pas abandonné. L’équipe a fait preuve de résilience, même si on s’est un peu fait peur en début de match. On est bien revenu en seconde période et on a eu une belle force de caractère. Cela a payé.
Comment avez-vous changé la donne après une demi-heure de jeu, alors que vous étiez mené 14-3 ?
Nous avons eu deux ou trois occasions où nous avons été interceptés. Nous avions un peu raté le but mais nous n’en étions pas loin. Je me souviens d’un attaquant à dix mètres de la ligne. Ces deux ou trois petites erreurs auraient pu nous permettre de les laisser chez nous. Grâce à cela, ils sont revenus au sol, ont repris territoire et possession. Il faudra le corriger car on a vu récemment que l’Argentine est aussi une très grande équipe. Nous allons vite changer.
Vos coéquipiers soulignent la solidarité observée dans les dernières minutes…
Oui, et c’est ce qui nous caractérise depuis quelques années. Nous sommes dans la continuité. Parfois, cela joue en notre faveur. Parfois, un peu moins. On voit bien que les matchs de haut niveau se jouent souvent à deux, trois, cinq ou six points. Aujourd’hui, la pièce est tombée du côté droit.
Avez-vous eu peur de rompre en première période ?
Cela n’a pas d’importance, honnêtement. Nous n’avions pas l’impression que nous pourrions rompre. Parfois, cela arrive. Mais ce n’était pas le cas.
Vous avez terminé avec une charnière Le Garrec-Dupont, avec Mauvaka en troisième ligne, avec Guillard changeant également de poste. Qu’est-ce que cela dit sur votre groupe ?
Que nous avons des joueurs de grand talent, qui sont polyvalents ! On sait qu’Antoine (Dupont) peut jouer à tous les postes, que Peato (Mauvaka) est un joueur extraordinaire et que Micka (Guillard) fait un super travail depuis pas mal de temps. Ce n’est pas anodin non plus…
Vous étiez remplaçant contre le Japon. Votre esprit de compétition était-il particulièrement vif pour cette rencontre ?
Non franchement, j’avais discuté avec les coachs et il y a des gros joueurs qui poussent, comme Emilien (Gailleton) et Yoram (Moefana) qui sont très efficaces. Il y a une progression logique, on ne peut pas jouer tous les matches et j’arrive à un âge où j’ai peut-être fait beaucoup depuis un moment. C’est bien de donner du temps de jeu et de voir d’autres joueurs. Il n’y a pas d’ego là-dedans, je les ai soutenus et je serai toujours à 100%, que je sois sur le terrain ou pas, remplaçant ou pas.
Mais vous avez réitéré que certaines choses ne sont pas anodines. Vos trois gros plaquages dans la dernière séquence ne sont pas…
Oui, bien sûr. Mais je me suis toujours « envoyé » comme un chien. Parfois, cela réussit. Parfois, nous sommes moins bons. Mais c’est vrai que, comme je l’ai dit, je me sens bien en ce moment. Je suis motivé, j’ai beaucoup d’énergie. Alors, j’essaie de me mettre au service de l’équipe.