« C’est la revanche des élections présidentielles qui est en jeu »

« C’est la revanche des élections présidentielles qui est en jeu »
« C’est la revanche des élections présidentielles qui est en jeu »
Sénégal : Bassirou Diomaye Faye prend le fauteuil présidentiel et nomme Ousmane Sonko Premier ministre

Une sortie qui n’a pas manqué de provoquer des réactions, même au sein de son propre parti. “Ma revanche sera le jour des élections législatives, aux urnes», a tempéré Guy Marius Sagna, député Pastef et soutien historique de Sonko. Depuis, l’heure est à la désescalade, avec des appels répétés au calme de la part du Premier ministre et de son camp. Malgré tout, cette série d’affrontements aura profondément marqué la dernière ligne droite d’une campagne déjà riche en événements dramatiques.

Le « match retour » de la présidentielle

Parmi les rebondissements de cette campagne législative, le retour du président sortant Macky Sall sur la scène politique. “C’est la revanche des élections présidentielles qui se joue», résume Alioune Tine, fondateur du think tank dakarois Afrikajom Center. Un match retour dans un contexte bien différent, poursuit l’analyste : «Pastef est un véritable rouleau compresseur, aucune autre coalition n’a ses moyens ; et il y a l’aura de Sonko. Macky est de retour, mais il n’est pas en première ligne.

Malgré sa réapparition, l’ancien président est resté loin du sol sénégalais. Installé au Maroc depuis la défaite de son protégé aux dernières élections présidentielles, l’ennemi juré d’Ousmane Sonko semble réticent à revenir au pays. Une « télécampagne » qui a été mal accueillie par de nombreux Sénégalais. Beaucoup ont encore en tête le report forcé des élections de février dernier, et la violente répression qui a fait plusieurs morts. “Que croit-il ? Qu’il peut revenir comme si de rien n’était ?» s’exclame Brahim, chauffeur de taxi de Dakar, avant d’ajouter : «S’il remet les pieds au Sénégal, j’espère qu’il sera arrêté et condamné.

Une opposition dispersée

Un retour de l’ancien président qui masque mal le manque d’unité au sein de l’opposition. Sur les 41 listes en lice pour ces élections législatives, des voix rassembleuses ont du mal à se faire jour, même dans les jeux d’alliances. Amadou Ba, ancien Premier ministre battu dès le premier tour de l’élection présidentielle, peine à s’imposer comme une figure crédible. “La véritable bataille électorale se joue dans les villes de Dakar et Saint-Louis, et ce sera entre Sonko et Barthélémy Dias (current mayor of Dakar, Editor’s note),” explains Alioune Tine.

Depuis plusieurs semaines, les différentes listes font également face aux désertions de certains de leurs membres, partis rejoindre Ousmane Sonko. Un phénomène de « transhumance » politique bien connu au Sénégal, qui profite aujourd’hui à la formation du Premier ministre.

Les défis futurs pour le gouvernement

Les pronostics sont donc en faveur d’une victoire de Pastef, qui pourrait obtenir la majorité au Parlement ce dimanche. Le gouvernement, jusqu’ici bloqué par une Assemblée hostile, aurait ainsi les mains libres pour concrétiser ses promesses électorales. Mais alors une véritable course contre la montre va s’engager pour le président Diomaye Faye et son Premier ministre pour obtenir des résultats.

Quelles sont les portes de sortie à la crise que traverse le Sénégal ?

Portés au pouvoir dès le premier tour par l’enthousiasme national en mars dernier, le binôme peine aujourd’hui à incarner l’idée de « rupture » qui avait séduit les Sénégalais. Et les chantiers sont nombreux : coût de la vie, manque d’emploi, immigration vers l’Europe, renégociations des contrats de pêche et d’exploitation d’hydrocarbures… Le tout dans un contexte économique particulièrement complexe.

Le 26 septembre, un audit commandé par le nouveau gouvernement a également révélé un déficit de l’État deux fois supérieur à celui annoncé jusqu’à présent. Une surprise héritée de l’administration précédente qui a conduit à la suspension du prêt de 1,9 milliard de dollars du FMI. Autant d’obstacles à surmonter pour mettre en œuvre le plan « Sénégal 2050 » récemment dévoilé par le gouvernement.

Reste enfin la question des relations entre les deux chefs d’Etat, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. “Il semblerait que Sonko pense déjà à 2029, et il a eu tendance à se désolidariser de l’Etat pendant la campagne, ce qui est paradoxal.“, analyse Alioune Tine. “D’une certaine manière, il a du mal à sortir de son rôle d’adversaire« .

Pour le fondateur d’Afrikajom comme pour de nombreux observateurs de la vie politique sénégalaise, la relation entre les deux hommes sera l’un des points clés du prochain mandat. Reste à savoir si le duo, qui fait preuve d’une parfaite entente en public, résistera à l’épreuve du pouvoir et du temps.

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