Ce qui se cache derrière l’itinérance à Rouyn-Noranda

Marc-André Guénette fréquente depuis deux mois le refuge Maison du Soleil levant, ouvert en janvier sur la rue Perreault Est à Rouyn-Noranda. Être au centre-ville – plutôt que dans la caravane de sa mère à l’extérieur de la ville – l’aide à organiser ses journées et à préparer son retour au travail.

Je suis plus près pour prendre mes rendez-vous et mes séances de dernière minute, mentionne-t-il. Je faisais un petit pouce quand j’étais coincé dans ma caravane.

Marc-André Guénette effectue divers petits boulots au refuge pour donner un coup de main et occuper son temps libre.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Marc-André n’est pas le seul à s’être retrouvé à la rue ces derniers mois.

Les huissiers de justice de la région confirment, données à l’appui, que les expulsions pour loyers impayés se multiplient depuis le début de la pandémie de Covid-19. C’est vrai à Rouyn-Noranda, mais aussi partout en Abitibi-Témiscamingue.

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Si ces expulsions n’alimentent pas forcément le sans-abrisme, plusieurs travailleurs sociaux lancent un avertissement. Ils affirment que le phénomène s’aggrave, en plus de devenir de plus en plus visible.

Le sans-abrisme et son amplification est avant tout une crise du logement, affirme Guillaume Daraignez. Le coordinateur clinique de la Maison du Soleil levant, en poste depuis deux ans, s’apprête à rentrer en France en juin, ce qui ne l’empêche pas de dénoncer hyperprivatisation du secteur immobilier, où plusieurs portes sont désormais réservées aux touristes et aux saisonniers.

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La Maison du Soleil levant propose également un hébergement temporaire dans ses locaux de la rue Reilly aux personnes en situation d’itinérance.

Photo : Radio-Canada / Jessica Gélinas

La Ville de Rouyn-Noranda a commencé à encadrer les hébergements Airbnb, sauf que les inquiétudes de la communauté demeurent entières. Les logements privés qui se construisent, quant à eux, n’apaisent pas les craintes, car inabordables pour les personnes vulnérables.

La crise du logement est un problème structurel, mais ce n’est pas un problème structurel décidé par un Dieu tout-puissant. C’est la société humaine qui décide que nous pouvons spéculer sur l’immobilier et c’est la société humaine qui décide que nous pouvons tout mettre en œuvre sur AirBnb et laisser quelques entreprises contrôler le marché.

Une citation de Guillaume Daraignez, coordinateur clinique à la Maison du Soleil levant

Le loyer moyen est de 793 $ par mois à Rouyn-Noranda, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, tandis que les 4 ½ de la société immobilière Trilogis oscillent en ligne entre 1 400 $ et 2 000 $ par mois.

À Rouyn-Noranda, le taux d’inoccupation locative était de 0,8 % en octobre dernier, bien loin du taux d’équilibre de 3 %. Cela signifie que la crise du logement sévit dans la région depuis près de vingt ans.

Cohabiter

Le sans-abrisme dans le centre-ville oblige des citoyens de différentes classes sociales à vivre ensemble.

C’est l’un des points que nous invite à garder à l’esprit la coordinatrice Aline Dunoyer, nouvellement arrivée à la Maison du Soleil Levant en remplacement de Guillaume Daraignez. D’autant que les tensions montent en centre-ville, au point que le comité stratégique a concocté un premier plan d’action pour réguler le phénomène des sans-abris durant l’été 2024.

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« Ce sont des personnes à part entière et pas un problème à résoudre », prévient Aline Dunoyer.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Comment accueillons-nous les personnes en situation d’itinérance ? Comment garantir qu’ils puissent rester en sécurité et bénéficier de conditions de vie dignes, malgré les difficultés qu’ils rencontrent ? Ce sont des questions que je me pose en tant que travailleur social, mais aussi en tant que membre de la communauté.explique Mme Dunoyer, pour qui chaque personne dans la rue a une histoire unique.

Le refuge du centre-ville répond mieux à la demande, mais il n’en reste pas moins que les efforts des acteurs pour soulager les souffrances humaines continuent de se faire en aval, selon le travailleur de rue Hubert Collard.

  • Des dizaines de couvertures sur des étagères.

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    Le refuge de nuit est presque toujours plein selon les intervenants de la Maison du Soleil levant.

    Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

  • Le lettrage sur un bâtiment indique que le refuge propose un hébergement d'urgence.

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    Le centre de jour et l’hébergement de nuit de la Maison du Soleil levant sont situés sur la rue Perreault Est à Rouyn-Noranda.

    Photo : Radio-Canada / Jessica Gélinas

  • Un panneau en bois indique : « Bienvenue à la cabane ».

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    Le centre de jour du centre-ville s’appelle la Cabane.

    Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

  • Sacs sur un lit dans un refuge.

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    Un utilisateur garde ce qu’il lui reste sur son lit.

    Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Le centre de jour et l’hébergement de nuit de la Maison du Soleil levant sont situés sur la rue Perreault Est à Rouyn-Noranda.

Photo : Radio-Canada / Jessica Gélinas

Le refuge de nuit est presque toujours plein selon les intervenants de la Maison du Soleil levant.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Album photo : Refuge pour sans-abri Rouyn-Noranda

C’est aussi la rue qui change sous les yeux d’Hubert Collard, une manière de dire que la pauvreté, le sans-abrisme et la consommation de drogue augmentent selon lui. Ce dernier parcourt les quartiers de Rouyn-Noranda pour observer le terrain, tenter d’identifier les évolutions et d’établir des liens avec les personnes exclues des services traditionnels.

Et à moins que l’offre de logements ne s’améliore, il ne s’attend pas à ce que les choses changent de sitôt.

Hubert Collard près d'une affiche d'Arrimage Jeunesse.

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Hubert Collard arpente les rues de Rouyn-Noranda depuis trois ans pour le compte de l’organisme Arrimage Jeunesse. Les services qu’elle propose sont informels, sans contrôle et sans reporting.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

J’aime souvent dire que nous sommes le premier point d’entrée des services, mais aussi le dernier. J’aide les gens qui sont très bien adaptés et qui ne savent tout simplement pas vers qui se tourner. A l’inverse, j’aide également les personnes qui vivent l’itinérance, la stigmatisation et qui sont exclues de plusieurs organisations. Je peux faire de la médiation pour les aider à obtenir des servicesil dit.

Personnes en difficulté

Une chose est sûre, les intervenants tiennent à rappeler que le phénomène de l’itinérance n’est pas nouveau à Rouyn-Noranda. C’est tout simplement plus visible maintenant que les services sont offerts au centre-ville.

Guillaume Daraignez est assis près de l'entrée principale de la Maison du Soleil Levant.

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Guillaume Daraignez estime que le sans-abrisme augmente et évolue. Les souffrances vécues aujourd’hui ne sont plus les mêmes que dans les années 1970.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

1970 répond à la question. L’itinérance existe depuis longtemps.”, “texte”: “Les gens en difficulté, les désaffiliés, les relégués, ils existent depuis que la société s’est industrialisée, ajoute M. Daraignez. La simple existence de la Maison du Soleil Levant depuis la fin des années 1970 répond à la question. L’itinérance existe depuis longtemps. “}}”>Des gens en difficulté, des désaffiliés, des relégués, ils existent depuis que la société s’est industrialisée, ajoute M. Daraignez. La simple existence de la Maison du Soleil Levant depuis la fin des années 1970 répond à la question. L’itinérance existe depuis longtemps.

Quand les gens disent que l’itinérance n’existe pas, ils ont tort. Je leur en propose un autre. Avant, on ne le voyait pas.

Une citation de Guillaume Daraignez, coordinateur clinique à la Maison du Soleil levant

C’est vrai que les gens qui vivent dans la rue s’approprient différents espaces, sauf qu’ils le font pour survivreajoute Aline Dunoyer.

Vers 200 logements sociaux

D’un acteur à l’autre, on s’appuie généralement sur les pouvoirs publics pour réduire les disparités sociales, fédérer la communauté et construire des logements sociaux.

La puissance publique doit intervenir et des initiatives privées doivent émerger. Dans une ville comme Rouyn-Noranda, franchement, on peut presque surmonter le problème de l’itinérance, estime M. Daraignez. Nous ne surmonterons pas la souffrance individuelle, mais il est de notre devoir de les accueillir.

Hubert Collard se promène avec son sac à dos dans une rue de Rouyn-Noranda.

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Avec son sac à dos, Hubert Collard sillonne les rues pour offrir écoute et soutien à ceux qu’il croise ou à ceux qui l’interrogent.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, compte aussi sur les autres paliers de gouvernement puisque Québec et Ottawa financent le logement social. Au-delà de la pénurie de logements, Mme Dallaire pense que facteurs individuels alimenter l’augmentation du sans-abrisme, de la pauvreté, des conflits et des ruptures, des problèmes de santé et de la violence.

On sent vraiment que le gouvernement est bien à l’écoute, car la situation est partout dans la province.déclare-t-elle.

Elle cite en exemple les 200 nouveaux logements sociaux prévus à Rouyn-Noranda, annoncés par le gouvernement du Québec.

Diane Dallaire est assise à son bureau à l'hôtel de ville.

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Diane Dallaire salue également le travail du député de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Daniel Bernard, qu’elle qualifie d’allié.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Il faut aussi nommer le défi supplémentaire, pour Rouyn-Noranda, de déplacer 200 familles [de la future zone tampon]. Cela ajoute de la pressionassure-t-elle.

Ce déplacement forcé de 200 familles du quartier Notre-Dame inquiète les principaux concernés, mais le maire de Rouyn-Noranda se veut rassurant. Elle affirme que tout est mis en place pour éviter qu’ils se retrouvent à la rue.

En attendant la construction de logements sociaux, la Maison du Soleil levant compte conserver son refuge de nuit en centre-ville, mais déplacer son centre de jour. Les personnes sans abri devraient donc être moins visibles, sans que le nombre de personnes dans la rue ne diminue.

 
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