la lutte du collectif d’hébergement 93 continue malgré le mépris de la mairie

la lutte du collectif d’hébergement 93 continue malgré le mépris de la mairie
la lutte du collectif d’hébergement 93 continue malgré le mépris de la mairie

En pleine trêve hivernale, les femmes et mères isolées à la rue du collectif d’hébergement 93, qui luttent depuis des mois pour leur droit au logement et à l’accompagnement social, poursuivent leur mobilisation. Ils font face au plus grand mépris de la ville de Saint-Denis qui persiste et refuse de réquisitionner les logements vides et d’apporter le moindre soutien administratif à leurs démarches.

Cette situation scandaleuse d’une grande violence s’inscrit dans le cadre de la gentrification et des politiques antisociales mises en œuvre depuis des années par le maire socialiste de la commune, Matthieu Hanontin, mais aussi de répression générale de la part de l’État dans un contexte de saturation des hébergements d’urgence et de sursaut répressif contre les droits des immigrés.

Des dizaines de femmes et de mères isolées à la rue depuis plusieurs mois à Saint-Denis

Vendredi dernier, une quinzaine de femmes et mères isolées du collectif du 93 hébergements sont de nouveau descendues dans la rue aux côtés de collectifs de sans-papiers, de mineurs isolés de Belleville ou encore de travailleurs de Chronopost récemment expulsés de leur piquet de grève. grève après trois ans de lutte historique, pour dénoncer les nouvelles attaques du gouvernement Barnier contre les immigrés et exiger la régularisation de tous les sans-papiers. Parmi eux, Bintou, une mère isolée à la rue avec ses trois enfants mineurs depuis des années et qui ne reçoit rien de ses appels au 115, le numéro d’urgence pour obtenir un logement : « Nous sommes ici parce que notre situation n’a pas changé depuis des mois. Toujours aucune nouvelle du 115 et de la mairie qui refuse de nous écouter et réquisitionne les logements vides. J’ai le statut de réfugié depuis 2021, une carte décennale, et j’ai fait toutes les démarches possibles pour obtenir un logement pour moi et mes trois enfants. En attendant, nous continuons à dormir dehors, sur le parking de l’hôpital Delafontaine tous les soirs, dans le froid avec mon fils handicapé. ».

Bintou fait partie d’une trentaine de familles et de femmes enceintes et/ou isolées, à la rue et toujours en attente d’un hébergement d’urgence au 115 depuis des mois, et qui, réunies au sein du collectif, se battent pour un logement 93 depuis août dernier, ont décidé de faire leurs voix ont été entendues et dénoncent avec force les conditions extrêmement précaires que leur impose l’État. La plupart sont sans papiers, leur demande d’asile rejetée ou en attente de régularisation en préfecture. Ces mères, femmes enceintes ou femmes célibataires cumulent vulnérabilités médicales et situations d’exploitation et de violences sexistes et sexuelles, et survivent encore à proximité du parking de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis où plusieurs d’entre elles sont suivies.

Pour passer l’hiver, elles s’étaient réfugiées dans le hall d’entrée, mais avaient subi la pression de la direction de l’hôpital qui a effectivement remis à la rue plusieurs femmes venant de sortir de la maternité. Expulsés de leur refuge en avril dernier, ils ont décidé en plein JO de s’organiser pour lutter collectivement pour leur dignité et leur droit au logement. Avec le soutien de plusieurs sages-femmes de l’hôpital, solidaires et indignées par leur situation et les soins réservés par la direction de l’hôpital, elles multiplient depuis trois mois les manifestations et les mobilisations. Leur objectif : extraire des solutions de logement dignes et stables, notamment à travers la réquisition des logements vides ainsi que la domiciliation et le suivi social pour eux et leurs enfants.

« La mairie m’a refusé, m’envoyant chez Emmaüs à Montreuil »

« Comme nous sommes dans la rue, nous n’avons ni adresse ni endroit sûr pour recevoir notre courrier. Cependant, sans adresse, nous ne pouvons pas mener à bien nos démarches de logement, de scolarisation des enfants ou même d’aide médicale d’État. », précise Hawa, une des femmes du collectif. ” C’est pourquoi nous nous sommes rendus en délégation au CCAS de Saint-Denis pour obtenir une adresse comme la loi nous le permet puisque nous habitons la commune. Sur place, la mairie a catégoriquement refusé d’étudier notre demande, indiquant que comme nous sommes à la rue et sans logement, nous ne pouvons prouver notre lien avec le territoire. »

Cette pratique de la mairie est tout simplement illégale : la domiciliation administrative relève des compétences obligatoires du CCAS et permet à toute personne sans domicile stable de bénéficier d’une adresse, pour autant qu’elle ait un lien avec la commune. Cela illustre la politique scandaleuse menée par la mairie de St Denis qui consiste à refuser d’accueillir dans la rue les pauvres et les sans-papiers. Il s’agit d’une tentative consciente de pousser toujours plus de précarité et les personnes les plus exploitées aux portes de la ville où près de 36 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Ce refus de domiciliation va retarder de plusieurs semaines les démarches que les femmes du collectif avaient entreprises pour tenter d’obtenir un hébergement d’urgence en déposant des recours DAHO au titre du droit opposable au logement. ” Cela fait des mois que nous dormons devant Delafontaine, nous sommes suivis à l’hôpital par des médecins, nos enfants vont à l’école en ville. Comment la mairie peut-elle dire que nous n’avons aucun lien avec la ville ? Nous sommes méprisées par la ville parce que nous sommes des femmes étrangères sans papiers et à la rue, » raconte Kady, une des porte-parole du collectif, qui finira par obtenir un domicile dans une association municipale comme la plupart des femmes.

Même son de cloche en réponse aux demandes de suivi social, que la municipalité refuse purement et simplement. Nancy, mère célibataire dont la demande d’asile a été rejetée et dans la rue devant Delafontaine avec ses deux enfants scolarisés dans la commune et sa plus jeune fille d’à peine trois ans, asthmatique et multi-visite aux urgences de Delafontaine témoigne : « Cela fait des mois que je suis seule avec mes trois enfants dans la rue, dormant sur des cartons sur le parking près de l’hôpital. Je suis malade, mes enfants sont malades. Je me suis rendue plusieurs fois à la mairie pour tenter d’obtenir une aide sociale pour moi et mes enfants. La mairie m’a refusé, m’envoyant avec un papier chez Emmaüs à Montreuil ».

Lors d’une nouvelle réunion entre le collectif et le cabinet d’Hanotin ce mardi, l’équipe municipale du maire socialiste a une nouvelle fois refusé catégoriquement de répondre aux demandes des porte-parole du collectif présents avec plusieurs travailleurs de Delafontaine. Du simple fait de leur mobilisation pour obtenir un suivi social et la réquisition des logements vides, le collectif a même été accusé par la mairie de « mettre en œuvre une véritable politique de harcèlement envers les agents de la ville « . Une posture de victime particulièrement indigne face au mépris dont la mairie fait preuve depuis des mois à l’égard des revendications du collectif.

Hébergement d’urgence en Seine-Saint-Denis : entre saturation et indignité

Face à l’absence de réquisition des logements vides par la mairie, dont la ville regorge, pas non plus de chance de compter sur des systèmes d’hébergement d’urgence. Celles-ci sont totalement saturées au niveau départemental, comme l’indique la plateforme Interlogement 93 : « La moyenne quotidienne des appels reçus et traités au 1er trimestre 2024 reste extrêmement alarmante. 96% des ménages en situation de rue ayant fait une demande au 115-93 au cours du trimestre n’ont reçu aucune offre d’hébergement ».

Un chiffre effrayant, qui reflète l’augmentation du nombre de personnes maintenues dans la rue ces dernières années, allant de pair avec l’augmentation de la répression administrative et de la précarité sociale imposées aux immigrés et aux sans-papiers par les gouvernements successifs. . Lorsque des places sont disponibles, elles le sont souvent dans des hôtels sociaux instables, caractérisés parfois par une grande indignité et des conditions d’insalubrité, comme en témoignent les femmes du collectif d’hébergement 93.

En octobre dernier, Aminata dénonçait dans une vidéo : « J’ai passé quatre mois dans la rue. Le 115 m’a hébergé pendant deux semaines. Les deux semaines sont terminées. Ils avaient un autre logement pour moi mais ce n’était pas stable pour moi et mon fils, car il y avait des cafards et des punaises de lit dans la chambre. Quand j’ai dit au 115 que je ne pouvais pas y aller parce que mon fils était malade, on m’a répondu qu’ils ne pouvaient rien me proposer d’autre que de retourner à la chambre d’hôtel où les conditions sont difficiles. Je suis obligé de retourner dans la rue avec mon fils faute de solution stable. » Des conditions inacceptables imposées aux familles de la rue, qui touchent particulièrement les familles immigrées et sans papiers et qui rappellent qu’à Saint-Denis, alors que des millions ont été dépensés pour les JO et les mesures policières exceptionnelles, environ 20 % des logements sont jugés « potentiellement potentiellement dangereux ». insalubre » par la commune->https://ville-saint-denis.fr/lutte-contre-habitat-insalubre].

Face au mépris affiché de la ville et aux politiques antisociales d’Hanotin, les femmes du collectif d’hébergement 93 sont déterminées à maintenir un rapport de force avec la mairie pour remporter par la lutte la réquisition des logements vides, des solutions d’habitat digne. sur la ville ainsi que le suivi social et leurs régularisations. A ce titre, leur combat et leurs revendications doivent faire l’objet d’un large front de soutien politique, syndical et associatif comme celui apporté par les militants du Poing levé et le Collectif des étudiants étrangers qui installent depuis quelques semaines des cours de français à Paris 8. . De leur côté, les avocats du Collectif d’Action Judiciaire proposent un accompagnement juridique pour accéder à un hébergement d’urgence. En soutien aux femmes du collectif Hébergement 93, exigeons la réquisition des logements vides, la fin de toutes les attaques xénophobes et racistes du gouvernement contre les immigrés et la régularisation de tous les sans-papiers !

 
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