Dans la soirée du jeudi 14 novembre, plusieurs radars de l’Oise ont été recouverts de bâches par des agriculteurs en colère. Dans leur ligne de mire : l’accord du Mercosur, qu’ils jugent dévastateur pour leur profession, et les promesses gouvernementales qu’ils jugent non tenues. Lassés de la pression administrative, de la lenteur des réformes et des finances sèches, ils réclament des mesures concrètes et immédiates pour soulager un secteur à bout de souffle.
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Sous le couvert de la nuit, les agriculteurs ont frappé durement dans l’Oise. Plusieurs radars routiers, le long des axes routiers, ont été recouverts de bâches. Une action coup de poing destinée à attirer l’attention sur leur colère grandissante. “Couvrir les radars, c’est embêter le gouvernement, tout comme cela nous ennuie» réagit Alexandre Gibault, l’un des agriculteurs mobilisés, du haut du panier.
Sur place, leur désarroi trouve écho auprès des spectateurs. Un chauffeur de camion, témoin de la scène, a exprimé son soutien : «il faut que les choses bougent, ils ont raison. Ils nous font manger. Ils sont quotidiennement dans leurs champs. Je les vois sur la route. Ils travaillent« .
Depuis des mois, les agriculteurs tirent la sonnette d’alarme. Le point de rupture ? L’accord de libre-échange du Mercosur entre l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique du Sud, qui pourrait bientôt entrer en vigueur. Pour eux, cet accord met en péril leur travail. “Nous protestons contre le Mercosur, qui importera de la viande et d’autres produits ne répondant pas à nos normes, souligne Alexandre Gibault, et aussi pour défendre les revenus. Nous sommes sortis pour ça et ce n’est que le début“.
“On en a marre de travailler pour rien, ajoute Bertrand Chauffier, également agriculteur FDSEA de l’Oise, laisser à nos enfants et petits-enfants l’espoir de ne manger que des choses importées du reste du monde et de nous, nous empêcher de fabriquer des produits de qualité standardisés à un prix raisonnable alors que la majorité de l’Europe sera nourrie, si cela continue, avec des vaches brésiliennes qui n’ont aucune surveillance sanitaire et aucun respect des normes animales et végétales“.
Les agriculteurs espèrent toujours un coup de pouce des pouvoirs publics, mais leur message s’adresse aussi au grand public : «Nous voulons que les gens sachent que l’Union européenne est en pourparlers pour signer un accord qui permettra l’importation de produits alimentaires qui ne répondent pas à nos normes. Ces produits, rejetés par la société, finiront néanmoins dans leurs assiettes, à leur insu, notamment dans les cantines et la restauration collective.“ alert Linda Monnier, FDSEA director of Oise.
Face à cette situation, le syndicat dénonce une concurrence déloyale, insoutenable, qui met en danger l’agriculture française.
L’accord qui sera signé par l’Europe détruira l’agriculture et notamment les éleveurs.
Linda Monnier, FDSEA director of Oise
Il reproche également au gouvernement de n’avoir tenu aucune de ses promesses de simplification législative, pourtant annoncées en début d’année. Cette colère refait surface après un premier mouvement national en janvier dernier. Elle avait été apaisée à l’époque par plusieurs annonces gouvernementales. Mais près d’un an plus tard, le compte n’y est plus.
“Nous avions levé les barrières, persuadés que les choses allaient changer, mais rien n’avançait. Avec la dissolution de l’Assemblée, certaines mesures furent même remises en cause. Maintenant nous voulons quelque chose de concret“ insiste le réalisateur.
“C’est la France qui nous donne de belles paroles et signe des accords inacceptables dans notre dos“ unaccuse Bertrand Chauffier. L’accord du Mercosur cristallise l’exaspération des agriculteurs mobilisés. “La trésorerie est sèche, le moral est au plus bas et la charge mentale devient insupportable avec les contrôles et les lenteurs administratives. Les agriculteurs n’en peuvent plus“ adds Linda Monnier.
Les syndicats réclament des actions concrètes et immédiates, pointant du doigt des mois d’inaction. “Nous voulons du changement dans notre quotidien, plus de flexibilité, moins de pression. Si cela doit prendre du temps, donnez-nous une date précise. Mais nous ne pouvons plus attendre des mois.» Pour eux, l’urgence est claire : mettre fin à ce qu’ils appellent « le carcan français » en suspendant certaines mesures et en accélérant les réformes promises. “Les agriculteurs ne retourneront dans leurs fermes que s’ils ressentent de réels progrès. Sinon, d’autres actions suivront“ warns Linda Monnier
Sur l’ensemble du département, trente et un radars ont été surveillés ce jeudi soir, sous l’œil bienveillant des gendarmes. D’autres actions sont prévues ce soir dans l’Oise, accompagnées de «feux de colère« éclairé le long de certaines routes pour symboliser »qu’il y a du feu dans la campagne. Avec ces opérations, les agriculteurs souhaitent envoyer un message clair aux décideurs.
Ces actions localisées en appellent d’autres au niveau national. “Nous n’abandonnerons pas. assurent-ils. Un nouveau mouvement d’ampleur à travers le pays est prévu lundi. La FDSEA de l’Oise appelle à un rassemblement à Beauvais à 15 heures, suivi d’un rassemblement symbolique devant la préfecture à 19 heures, où seront placées des dizaines de pancartes municipales collectées ces derniers jours. Un bivouac est alors organisé sur place pour maintenir la pression sur les autorités.
Avec Anthony Halpern / FTV