Cette science s’appelle la toponymie. Elle étudie les origines des noms de lieux. Jean-Claude Malsy est un spécialiste. Il publiera un dictionnaire en trois volumes sur « L’Oise, toponymes des origines à nos jours ». Mais pour cela, il lui faut de l’argent.
Alors il lance un abonnement, à envoyer avant fin novembre. « Il y a 6 000 villes, villages, hameaux, localités dans l’Oise », calcule l’habitant d’Estrées-Saint-Denis. Ce travail à venir est le résultat de cinquante années de recherche.
Jean-Claude Malsy a trouvé l’imprimeur près de Bordeaux, raconte-t-il en montrant le prototype. «C’est très clair, c’est exactement ce que je recherche», note-t-il à propos de l’ouvrage préfacé par Jean-Charles Bedague, conservateur en chef du patrimoine, archiviste paléographique.
« Le nom d’un lieu est un patrimoine commun »
« On hérite à la naissance d’un nom, une sorte de « marque », qui nous relie à un passé lointain bien qu’il nous échappe, mais que l’on garde pourtant toute une vie et que l’on transmet, explique Jean-Claude Malsy. Il y a, dans chaque vie, un autre héritage. Elle constitue le deuxième pôle de notre identité, également lié à l’Histoire. C’est le nom de la ville ou du village, de la commune dans laquelle nous résidons.
Depuis l’Antiquité, des recherches ont été entreprises pour découvrir la signification des noms de lieux, mais ce n’est que depuis la fin du XIXe siècle que cette discipline, la toponymie, est reconnue comme une science à part entière.
« Le toponyme révèle deux mille ans d’histoire »
Les historiens du monde entier recherchent des documents de toutes sortes afin d’isoler les formes de noms les plus anciennes. « Parce que ce sont eux qui ouvrent la voie à la traduction, à l’explication. A défaut, lorsque la première mention est postérieure à l’an Mil, il convient de procéder à des analyses philologiques comparées. Aujourd’hui, les noms de lieux sont « cristallisés ». Ils ont subi, depuis leur création, des altérations, des évolutions, des contractions.
Sans chercheurs, sans ces « enquêteurs de l’histoire », « notre environnement territorial et les origines de nos villes et villages resteraient à jamais dans l’ombre ». «En étudiant la signification du nom de chaque chef-lieu cantonal du département, la toponymie révèle deux mille ans de notre histoire», estime Jean-Claude Malsy.
Il a déjà rédigé les dictionnaires toponymiques de l’Aisne et du Pas-de-Calais.
«Quand on s’intéresse à un nom de lieu, on part de zéro», explique-t-il. Vous puisez dans les actes du roi, les archives nationales de l’Oise, les documents publiés, les annales… »
Jean-Claude Malsy est diplômé de l’Ecole Pratique des Hautes Études, historien, spécialiste de l’étude des noms de lieux. Il est membre du conseil d’administration de la Société Française d’Onomastique et du comité scientifique des congrès internationaux.
Il a reçu le prix Albert Dauzat pour l’ensemble de ses travaux de recherche. Comprenant le Dictionnaire topographique des noms de lieux de l’Aisne en 3 volumes. Il « sévissait » dans le Pas-de-Calais, avec un travail équivalent. Le toponymiste est également lauréat du Prix du Livre Picardie, club des lecteurs, pour son ouvrage « La Forêt de Compiègne, sur les chemins de l’histoire ».
Créateur de l’association nationale Les Flammes de la Mémoire en hommage aux Poilus de la Première Guerre mondiale, il fonde avec François Callais la Sauvegarde du Vieux Compiègne.
Bientôt une conférence sur la toponymie à Compiègne
Agé de 78 ans, né dans le Pas-de-Calais, Jean-Claude Malsy est arrivé dans l’Oise en 1948. « J’ai commencé dans l’enseignement puis j’ai dirigé une des filiales d’Archéologie », se souvient-il. J’ai ensuite été directeur administratif du mensuel Automobile. Puis directeur de la communication du Real (groupe Darty). Et directeur de la communication du deuxième groupe champagne au monde, regroupant « Besserat de Bellefont, Lanson, Rothschild ».
Il prépare un colloque international à Compiègne sur les toponymes de la région et du monde. Ce sera aux salles Saint-Nicolas.
Un don de 99 euros permet de recevoir les trois volumes, 1700 pages, 2600 notes sur l’histoire départementale, l’inventaire des lieux documenté avant l’an 1000, les routes anciennes révélées par les textes et les 7500 plans cadastraux napoléoniens…
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