Devant Stanislav Lobotka dans la hiérarchie du secteur intermédiaire slovaque, Patrick Hrosovsky ne devrait que très peu jouer à l’Euro, et il n’affrontera donc pas la Belgique, son pays de cœur. Cela n’empêche pas le joueur de Genk de partager avec passion, fierté et une pointe de nostalgie son amour du pays, ses espoirs et ses pronostics pour ce Championnat d’Europe. Entretien.
Patrick, tu vas jouer ton troisième Euro. Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?
Beaucoup de choses. C’est un slogan, mais représenter son pays, peu importe le nombre de sélections que l’on possède, cela donne toujours un sentiment unique. Encore plus dans un grand tournoi. Quand j’entre sur le terrain avec le maillot national, je repense toujours à mon enfance. Quand la Slovaquie jouait, avant ou après le match, avec mon frère, dans le jardin familial, on se croyait un de ces joueurs. Nous rêvions. Aujourd’hui, je fais partie de ces gars qui jouent pour le pays et essaient de rendre les gens heureux.
Existe-t-il une véritable culture du football en Slovaquie ?
Cela a un peu changé au fil des années, comme dans de nombreux pays, je pense. Je reviens avec ça mais, quand j’étais petit, tous les enfants jouaient au foot dans la rue. Aujourd’hui, en Slovaquie, le hockey sur glace est l’autre sport national majeur. Je n’y ai jamais joué, mais l’hiver, j’essayais le hockey en salle sur gazon synthétique. Un sport dans lequel la Belgique excelle aussi, je crois (sourire). Sinon, j’ai essayé le tennis et le basket mais pour m’amuser, entre amis ou entre voisins.
Quelles sont les attentes du pays pour cet Euro ?
Le premier objectif était de se qualifier. Les dernières années n’ont pas été faciles, nous avons descendu au classement FIFA (NDLR : 48ème) et la nomination du nouvel entraîneur a eu lieu lors des qualifications. Cet été, nous espérons quitter le groupe.
Un groupe abordable ?
Ce sera forcément très compliqué de lutter avec la Belgique pour la première place. Je connais trop bien les qualités de cette équipe. Il y a eu un changement de génération et d’entraîneur mais les Diables Rouges sont toujours invaincus et dans une bonne spirale malgré quelques incertitudes physiques. Mais derrière, avec l’Ukraine et la Roumanie, c’est ouvert. Il y a des chances qu’on finisse deuxième et qu’on quitte le groupe (NDLR : comme en 2016). Doigts croisés.
Euro 2024 : la Slovaquie, adversaire de la Belgique, bat le Pays de Galles 4-0
En mars, vous avez partagé contre la Norvège (1-1) et perdu contre l’Autriche (0-2), avant de recommencer début juin (victoire 4-0 contre Saint-Marin et 4-0 contre le Pays de Galles). Êtes-vous plus inquiet ou confiant ?
Assez confiant. Les résultats du mois de mars n’étaient pas inquiétants car il y avait de nombreux absents, dont notre capitaine. Je peux comprendre qu’il y ait du scepticisme même si, dans le football, il y a autant d’entraîneurs que de pensionnaires et que chacun veut avoir son avis. Mais l’approche est différente entre un match de préparation et un match officiel. Et puis on a vu que l’Autriche était une bonne équipe, ça on en sait quelque chose en Belgique…
Quels sont les trois acteurs clés de la Slovaquie ?
Bien évidemment notre capitaine Milan Skriniar (NDLR : défenseur qui joue au PSG). Au milieu, il y a Stanislas Lobotka, titulaire à Naples. Et j’ai aussi mentionné David Hancko, l’arrière gauche qui joue à Feyenoord. Il est en pleine forme en ce moment. Je peux également ajouter notre gardien Martin Dubravka (Newcastle).
Et ton point faible ?
Peut-être notre capacité à créer des occasions et notre efficacité offensive par moments.
mouetteJe pense que nous avions besoin de l’aspect tactique d’un entraîneur comme Calzona.
Votre rôle en équipe nationale est-il le même que celui que vous jouez à Genk ?
Pas assez. En sélection, à mon poste, il y a Lobotka. Il joue à Naples et est le titulaire numéro 1 au centre. Il est peu probable qu’on s’aligne ensemble car avec ce coach (NDLR : Francesco Calzona), on joue avec un milieu défensif et deux relais. Disons que je suis une alternative.
Justement, que vous a apporté l’entraîneur Francesco Calzona ?
Comme la plupart des entraîneurs italiens, il met beaucoup l’accent sur l’aspect tactique. Rigueur. Le positionnement. Les détails. Je pense que notre équipe en avait besoin. Pour mieux comprendre la manière dont nous devons jouer. J’espère que nous pourrons le démontrer à l’Euro.
Ces derniers mois, Calzona a cumulé son rôle d’entraîneur avec celui d’entraîneur de Naples. L’ancien joueur Marek Hamsik jouait également le rôle d’intermédiaire, mais c’est une situation assez inhabituelle…
Oui, c’est un peu étrange. Je peux comprendre que c’est intéressant, vu de l’extérieur. Francesco Calzona a longtemps été adjoint à Naples (NDLR : Maurizio Sarri entre 2015 et 2018 ; puis Luciano Spalletti entre 2021 et 2022). L’opportunité de devenir entraîneur s’est présentée et c’était son premier emploi en tant qu’entraîneur-chef. La Fédération slovaque a accepté qu’il compile les deux emplois. Ils sont parvenus à un accord pendant quelques mois. Il a terminé la saison avec Naples (NDLR : où Antonio Conte lui succédera) puis s’est rapidement plongé à 100 % dans notre préparation à l’Euro.
mouetteJe pense que l’Autriche surprendra beaucoup de monde.
Quel est ton préféré?
France. L’équipe est dans une bonne spirale depuis des années. Je ne sais pas trop comment expliquer mais j’ai le sentiment qu’ils vont réussir cette année. L’Angleterre a aussi une grande équipe mais j’ai l’impression qu’il lui manque encore quelque chose.
Une surprise ?
J’espère que la Slovaquie (sourire). Mais je pense que l’Autriche va surprendre beaucoup de monde.
Est-ce qu’affronter la Belgique vous procure un sentiment particulier ?
Bien sûr. J’ai forgé un lien fort avec votre pays. Je suis ici depuis cinq ans. Mon fils Alexandre est né ici. Ma femme Klara et moi sommes très heureux à Hasselt.