Une partie du secteur aérien est en grève ce jeudi. A l’initiative des syndicats, quelques centaines de pilotes et salariés en grève du secteur aérien ont manifesté jeudi à Paris, sans conséquences majeures sur le trafic, pour exprimer leur opposition à la hausse de la fiscalité sur leur secteur, réalisée par le gouvernement.
Dans le calme, casquette sur la tête et tenue bleu marine sur l’esplanade des Invalides, des dizaines de pilotes ont arboré un autocollant rouge « pilote en grève », douze ans après la dernière grève nationale de la profession, selon la puissante Union nationale des compagnies aériennes. pilotes (SNPL), à l’origine de l’appel.
Les seules perturbations résultant du mouvement social ont concerné jeudi matin quatre vols de Transavia, les autres transporteurs faisant état d’une situation normale.
Les syndicats mobilisés aux côtés du SNPL – UNSA transport, UNSA PNC, CFE-CGC FNEMA, UNAC, SNPNC-FO et FEETS-FO – ont mis en cause une mesure du projet de loi de finances 2025, censée augmenter d’un milliard d’euros la fiscalité du transport aérien, examinée au Sénat à la fin du mois.
“Nous sommes là pour lutter contre ce milliard d’euros de taxes qui va asphyxier le transport aérien et menacer à son tour les emplois du secteur”, a prévenu Karine Gély, présidente du SNPL.
Pas d’« étude d’impact solide »
Les syndicats affirment qu’aucune « solide étude d’impact » n’a été réalisée par le ministère des Transports avant de « tripler » la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), aussi appelée taxe Chirac. La majoration pourrait aller de 2,60 euros par passager à 40 euros, selon la classe et la destination, selon le rapporteur général du budget Charles de Courson. Stéphane Salmon, président du SNPNC-FO, craint que cette taxe serve de « prétexte » aux compagnies aériennes pour ne pas augmenter les salaires ou améliorer les conditions de travail du personnel de cabine.
« Nous sommes dans un environnement extrêmement compétitif, avec une concurrence sociale déloyale venant des pays du Golfe et des compagnies à bas coûts d’Europe de l’Est. Il ne reste plus beaucoup de leviers aux entreprises, donc des efforts seront faits sur les effectifs», anticipe-t-il. Outre l’emploi, les syndicats craignent les effets de la taxe sur l’effort de décarbonation du secteur.
« Le gouvernement essaie de donner un côté environnemental à cette taxe. Mais c’est complètement faux. Nous empêcherons les compagnies aériennes d’investir dans de nouvelles flottes d’avions moins polluantes et d’adopter des carburants durables (SAF), cinq à six fois plus chers que le kérosène”, juge le SNPL. « Le calcul est très mauvais », résume son porte-parole, Thierry Oriol.