les limites du programme du Nouveau Front Populaire

les limites du programme du Nouveau Front Populaire
les limites du programme du Nouveau Front Populaire

« Un vrai programme de gauche, mais… » Après quatre jours de négociations, et deux ans après les Nupes fracturées sur le conflit israélo-palestinien, les quatre principaux partis de gauche, La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Les Ecologistes et le Parti communiste ( PCF), a présenté ce vendredi 14 juin 2024 les grandes lignes de leur « contrat législatif » qui doit accompagner les candidatures uniques aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.

Le programme comprend au total 150 mesures : indexation des salaires et des retraites sur l’inflation, abrogation de la réforme des retraites, abrogation de la réforme de l’assurance chômage récemment annoncée, gel des prix des biens de première nécessité, augmentation du salaire minimum à 1 600 € net, école gratuite, moratoire sur les mégabassins, interdiction du glyphosate, adoption d’une loi énergie-climat dès l’été…

“C’est un vrai programme de gauche, avec des signifiants traditionnels de gauche” , analyse le politologue Benjamin Morel. Des propositions y sont répertoriées, mais aussi « de nombreuses abrogations de mesures prises antérieurement ». Le but : « marque une nette différence avec le camp Macron. Et miser sur la mobilisation populaire qui s’est manifestée contre la réforme des retraites”, poursuit le spécialiste. C’est aussi une manière de revendiquer la gauche comme l’unique défenseur de l’électorat populaire, face au RN.

Mais relativisons le spécialiste, ce programme n’est pas indispensable. « D’abord parce que l’électorat de gauche se mobilisera moins pour un programme que contre le Rassemblement national ». De plus, ce qui compte le plus, ce sont les candidatures uniques et la répartition des circonscriptions afin d’éviter une bérézina électorale”.

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« Des problèmes au second tour »

S’il doit vous aider à passer le premier tour, ce programme peut, en plus, « poser des problèmes au second tour », nuance Benjamin Morel. Il est difficile d’attirer les électeurs de centre-droit avec des mesures fortes de gauche. Toutefois, ces électeurs seront “les arbitres, au second tour, des duels entre le RN et la gauche”.

« Ce droit patrimonial, qui est le cœur nucléaire de l’électorat présidentiel, peut aujourd’hui pencher vers le RN », précise le politologue. Le RN en est conscient et cherche déjà à séduire cette tranche d’électeurs. De son côté, le programme du Nouveau Front Populaire » risque d’être perçu comme un danger pour cet électorat central. C’est sa limite ».

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“Impossible”

Autre limite : comment financer ce programme ? Les partis de gauche défendent des mesures de « justice fiscale »,«C’est le mot qui nous lie tous» –, a déclaré le patron du Parti socialiste, Olivier Faure. Concrètement : rétablissement de l’impôt sur la fortune, de l’impôt sur les super bénéfices, suppression de l’impôt forfaitaire et rétablissement de l’impôt d’exil…

Insuffisant pour financer toutes les dépenses annoncées, estime Sylvain Bersinger, chef économiste chez Astérès. « Les dépenses se comptent en dizaines de milliards d’euros alors que les recettes ne sont que de quelques milliards : trois à quatre milliards avec l’ISF, un ou deux milliards avec l’impôt sur les super profits, un milliard avec la suppression de l’impôt forfaitaire… », récite-t-il en jugeant le programme « irréalisable ».

“De plus, il nous manque des précisions sur les retraites, l’école, pour quantifier précisément toutes les mesures”regrette l’économiste, qui craint un impact important sur le déficit public qui atteint déjà 5% du PIB.

Sur les questions internationales, les parties ont convenu de fournir « un soutien indéfectible à la résistance ukrainienne »mais aussi condamner « massacres terroristes » commis par le Hamas le 7 octobre, pomme de discorde majeure entre LFI et Place publique lors de la campagne pour les élections européennes.

Ces tensions ne risquent-elles pas de ressurgir ? Ce n’est pas exclu. « La gauche était obligée de repartir unie pour ne pas être harakirise souvient Benjamin Morel. Un programme était nécessaire pour soutenir ce processus et constituer un électorat. Pour cela, nous avons trouvé des formules qui permettent de ne contrarier personne, mais qui pourraient poser problème si la gauche arrivait au pouvoir.».

 
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