Comment Paris est-elle devenue la capitale mondiale de la photographie ?

Comment Paris est-elle devenue la capitale mondiale de la photographie ?
Comment Paris est-elle devenue la capitale mondiale de la photographie ?

Du 7 au 10 novembre se tenait l’un des événements préférés des amateurs d’art : Paris Photo. Pour cette 27e édition, plus de 80 000 visiteurs se sont rassemblés dans les allées du Grand Palais fraîchement rouvert pour admirer les œuvres de quelque 240 galeries, faisant de la ville l’indiscutable capitale mondiale de la photographie le temps d’un week-end.

Mais Paris occupe depuis bien plus longtemps une place à part dans le cœur des photographes. Romantique chez Robert Doisneau, touristique chez Martin Parr, fiancée chez Odieux Boby, notre ville a été capturée sous tous les angles. Et elle le fait bien en mettant en avant le travail des professionnels depuis plus de quarante ans lors de son célèbre Mois de la Photo, lancé en 1980 (et rebaptisé Mois de la Photo du Grand Paris en 2017 pour plus d’inclusivité).

Un enthousiasme sans précédent

Depuis, le mois de novembre, chambre noire de l’année avec ses journées de huit minutes, est devenu la période préférée des photophiles. Le Mois de la Photo multiplie les événements tous les deux ans dans les institutions de la capitale comme la Maison européenne de la photographie (ouverte en 1996) et les petites galeries du Marais pour mettre en avant un médium éminemment moderne. Une biennale devenue progressivement annuelle avec l’ajout d’événements comme PhotoSaintGermain en 2011, les Photo Days en 2020 et donc Paris Photo.

Lancée en 1997, la série n’a pas d’équivalent. Ni la Photo Fair de Londres (35 000 visiteurs, soit deux fois moins) ni l’Aipad Photography Show de New York (à peine 12 500 pèlerins) ne sont à la hauteur, que ce soit en termes de fréquentation ou de casting. Et puis il y a le cadre, juste imbattable. Les premières années, l’événement se déroulait dans les sous-sols du carrousel du Louvre, et depuis 2011 sous la majestueuse verrière du Grand Palais – cela attire évidemment les artistes et collectionneurs les plus renommés. Bref, il n’y a pas de match ! « Les Français sont des connaisseurs », reconnaissait il y a dix ans le galeriste britannique Tim Jefferies dans les colonnes de Figaro« A Londres, la chimie n’est pas populaire. Il y a une symbiose entre les Parisiens et la photographie. Pour quoi ? Le climat culturel.

Développer le base de fans

Un climat favorable qui a donc permis l’émergence d’autres événements comme PhotoSaintGermain, organisés par les galeries de la rive gauche, et les Journées Photo, imaginées par Emmanuelle de L’Ecotais. Docteur en histoire de l’art et responsable de la collection photographique du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, son objectif est clair : développer la fanbase et ouvrir la photographie à un nouveau public qui n’habite pas forcément les quartiers à un chiffre. .

« En 2020, nous avons démarré avec une trentaine de galeries à Paris. L’année dernière, nous sommes passés à 55 galeries à Paris et en petite couronne, avec Pantin et Romainville par exemple. Cette année, nous continuons car c’est très réussi. Le principe des Photo Days, c’est vraiment d’inciter toutes les nouvelles générations à franchir le pas et à entrer dans ces galeries », expliquait-elle dans un podcast en 2022.

Entrer est selon elle le moins évident : « Très souvent, les gens n’osent pas franchir les portes des galeries, pensant qu’il s’agit de lieux exclusifs. En réalité, ce n’est pas du tout le cas ! Pour beaucoup, la galerie a quelque chose d’intimidant et d’interdit. C’est peut-être pour cela que l’on voit la photographie arriver dans des lieux hybrides à Paris, comme le Quai de la Photo, ouvert en 2023. Installée sur les quais, à proximité de la Bibliothèque nationale de , la péniche allie bar, librairie ou encore expériences nautiques à ses expositions pour attirer même les plus timides.

« L’idée est vraiment de rendre la culture accessible. C’est un combat qu’il faut mener partout, à l’école, dans les lieux culturels…», nous raconte le fondateur Nicolas Laugero Lasserre, également à l’origine de Fluctuart, un autre centre d’art flottant sur la Seine. « Nous devons amener l’art là où il n’existe pas. Dans les lieux que nous inventons, il y a des gens qui viennent uniquement pour les expositions, d’autres uniquement pour faire la fête, mais ils se retrouvent entourés d’art et en admirent toujours les yeux.

 
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