réunion au sommet à Koller à Zurich

Réunion au sommet chez Koller à Zurich

Publié aujourd’hui à 9h43

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L’homme a beau être représenté seul sur cette toile, elle n’en raconte pas moins l’histoire d’une belle amitié. Celle qui réunit les deux artistes suisses Cuno Amiet, auteur du portrait, et Ferdinand Hodler, son sujet. L’œuvre date de 1898. Ils s’étaient rencontrés cinq ans plus tôt. Hodler, le Bernois de 40 ans, était un artiste reconnu. Amiet n’a que 25 ans et sa carrière ne fait que commencer. Son admiration pour son aîné était en revanche déjà bien ancrée. Leurs échanges n’en seront que plus intenses.

En vente chez Koller le 21 juin à Zurich, dans le cadre de la Swiss Art session, pour une estimation comprise entre 250’000 et 400’000 francs, ce portrait a été commandé par l’Allemand Oscar Miller, l’un des collectionneurs du genre le plus influent de son époque. . Il a commencé sa collection en 1896, alors qu’il était directeur de la papeterie Biberist à Soleure, en Suisse, ville natale de Cuno Amiet.

Toile de fond sensible

L’année suivante, il visite l’atelier du jeune peintre, accompagné de Hodler et d’un autre artiste bernois, Fritz Widmann. S’ensuivirent la commande et les visites répétées d’Amiet à l’atelier de Hodler à l’arsenal de Berne. Ce dernier était en train d’élaborer les coffrets préparatoires des trois fresques destinées à la salle d’honneur du Musée national de Zurich. On les voit en arrière-plan.

Présentées en 1900, elles devaient illustrer les batailles de Morat (1476) et de Marignan (1515). Deux épisodes importants de l’histoire de la Suisse. Le directeur de l’établissement, Heinrich Angst, attendait donc des images qui susciteraient un fort sentiment de fierté nationale et attireraient l’attention tant du public que des touristes. Provocateur, Hodler choisit plutôt de bousculer le spectateur et de le faire réfléchir en lui faisant vivre de l’intérieur l’expérience des simples soldats suisses au combat. De quoi souligner leur courage, notamment au moment de leur défaite et du retrait des troupes. La violente polémique que ce geste a suscitée, c’est aussi ce que raconte ce portrait d’Amiet.

Il est présenté ici dans sa première version, peinte en atelier et non transposée dans un format officiel plus serré. La deuxième version, choisie d’abord par le sponsor avant d’être finalement échangée contre la version plus spontanée, est conservée au Kunstmuseum Soleure.

Sérénité et folie

Pas étonnant que ce tableau de Cuno Amiet figure parmi les meilleurs lots de la vente. Ce n’est cependant pas lui qui affiche la plus haute estime. Cela revient à l’huile sur toile de Ferdinand Hodler, «Le Léman avec le Jura»: 1,6 à 2,4 millions de francs. Créé vers 1911 selon les principes de sa théorie du parallélisme, il dégage d’autant plus de puissance et de sérénité qu’il dépeint un paysage tendant vers l’abstraction.

Et on notera également la présence de deux œuvres de Louis Soutter, représentant de l’Art Brut dont le parcours oscille entre folie et génie, et qui serait probablement inconnu à ce jour sans l’intervention de son célèbre cousin Le Corbusier, de l’écrivain Jean Giono ou les artistes René Auberjonois et Jean Dubuffet.

Il n’en reste pas moins que la vente d’art suisse clôture, avant celle d’art impressionniste et moderne, les enchères de ce printemps chez Koller. Celles-ci débutent le 17 juin avec l’horlogerie et la session « Hors de ce monde ». Viennent ensuite l’art asiatique, les bijoux, les estampes et les multiples, puis l’art d’après-guerre et les œuvres contemporaines.

Louis Soutter, « Combattre le Démon », 1938-1939, technique mixte sur papier. Estimation : 200 000 – 300 000 francs.

Vente Koller, Hardturmstrasse 102, Zurich. 17 juin 2024 : Horlogerie à 14h « Hors de ce monde » à 16h 18 juin : Art d’Asie à 10h et 14h 19 juin : Bijoux à 11h 20 juin : Art d’après-guerre et contemporain à 14h et estampes et multiples à 10h. 21 juin : art suisse à 14h et art impressionniste et moderne à 17h. Exposition jusqu’au 16 juin, de 10h à 18h. www.kollerauctions.com

Sylvie Lefebvre-Guerreiro est rédactrice en chef du magazine Tribune des Arts depuis 2021. Journaliste au même titre depuis janvier 2000, elle est spécialisée dans l’art, l’horlogerie et la joaillerie.Plus d’informations

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