« Renouveler le dialogue. » C’est exactement ce qu’espère Marie-France lorsqu’elle s’énerve en lisant les commentaires de chacun sur les réseaux sociaux. « « C’est un idiot » ; « « Il ne comprend rien »… Les formules sont trop souvent laconiques et sans substance », elle regrette. Elle s’est donc inscrite au projet « We need to talk » avec l’envie de prendre un bol d’air frais. « Les relations entre internautes sont bien trop violentes, déplore le septuagénaire, lecteur assidu de nombreux titres de presse en ligne, mais aussi de télérama, Courrier international et des revues scientifiques… Pourtant, dans notre société complexe, le débat est nécessaire. »
Son parcours a été ponctué, par nécessité, de débats, de dialogues et de compromis. Professeur des universités spécialisée en informatique, Marie-France travaille depuis longtemps sur les liens entre sciences cognitives et informatique. Ancienne directrice générale puis présidente de l’Université de Toulouse de 2008 à 2016, elle a été amenée à animer de longues réunions à l’issue desquelles il fallait trouver des solutions concrètes. « Je devais faire en sorte que les conseils d’administration et les bureaux soient des lieux où l’on puisse débattre, même en cas de désaccord, ce qui arrivait régulièrement. J’ai souvent réussi, mais pas à chaque fois. elle admet.
Une limite à son empathie, le racisme
Pour le débat du 23 novembre, Marie-France connaît ses forces, comme ses limites. « J’écoute. Je ne suis pas du genre à me montrer et à affirmer ma vérité, j’essaie de comprendre la personne, j’essaie de capter les émotions qui lui font penser ça. » Poussée par les questions touchant aux femmes, à la politique ou à l’égalité, Marie-France, qui est également conseillère municipale d’opposition dans son village, a imaginé le débat idéal. « J’aimerais pouvoir parler de sujets sur lesquels nos avis diffèrent et voir si une troisième voie est possible au-delà de nos désaccords. »
Marie-France en est convaincue : «Quand on prend un peu de recul, on trouve un point de sortie. » Lorsqu’elle était plus jeune, elle se souvient avoir été plus radicale. “Mais cela clôt le débat” réalisa-t-elle en accumulant les déceptions. Puis l’expérience lui a montré que laisser les gens s’exprimer, chercher les mots qui les rassemblent, permettait d’avancer plus sereinement.
« Dans mon métier, j’ai eu affaire à tous les courants politiques, de l’extrême gauche à l’extrême droite. J’en arrive toujours à la conclusion qu’il vaut mieux débattre que discuter ! » A l’approche du 23 novembre, Marie-France se pose encore des questions. « Est-ce que j’aurai suffisamment d’affinités avec cette personne pour débattre ? » Elle l’espère tout en connaissant les limites de son empathie, qu’elle ne franchira pas. “J’ai un problème avec le racisme, elle a prévenu. Si je rencontre quelqu’un qui déteste l’autre, un dialogue d’une heure ou deux ne sera pas possible. »