Paris n’a pas toujours été la capitale, ces dix villes étaient autrefois le centre politique français – édition du soir Ouest-France – .

Correspondance, Gautier DEMOUVEAUX.

Paris centralise aujourd’hui tous les pouvoirs politiques et économiques du pays. Pourtant, de la Gaule romaine aux heures sombres du XXe sièclee siècle, le pouvoir s’éloigne souvent des bords de Seine. Voici dix autres villes qui, un jour, occupèrent la place de capitale du pays.

De l’Élysée à celui de Matignon, en passant par les différents ministères, l’Assemblée nationale, le Sénat et toutes les institutions… Paris centralise tous les pouvoirs politiques et économiques du pays. Pourtant, de la Gaule romaine aux heures sombres du XXe sièclee siècle, le pouvoir s’éloigne souvent des bords de Seine. Retour sur ces autres villes qui, tout au long de l’histoire, ont occupé la place de capitale de notre pays…

1. Lyon, capitale des Gaules

Lors de la conquête de la Gaule par les troupes romaines de Jules César, ce n’est pas Lutèce (Paris) – ville qui comptait alors environ 5 000 habitants, concentrés autour de l’île de la Cité – qui fut choisie comme capitale, mais Lugdunum, situé au confluent de la Saône et du Rhône. C’est dans cette ville celtique – la future Lyon – qu’une colonie romaine s’établit en 43 avant JC. Elle va rapidement se développer et compter près de 50 000 habitants, au point de devenir la ville la plus importante de Gaule. Carrefour commercial entre le nord et la Méditerranée, la ville se distingue administrativement, économiquement et religieusement. C’est là que l’on trouve par exemple le seul hôtel de la monnaie de l’Empire en dehors de Rome autorisé à frapper des pièces d’or et d’argent. C’est également là que se trouve le sanctuaire des Trois Gaules, qui rassemble chaque année les 60 chefs des tribus gauloises…

Lugdunum devint après la conquête romaine l’une des villes les plus importantes de la Gaule, un centre politique, religieux et économique, mais aussi culturel, comme en témoigne son amphithéâtre, l’un des plus grands de la Gaule romaine. (Photo : Jean-Christophe Benoist / Wikicommons)

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2. Tournai, première capitale des Francs

Lyon perd son statut à la fin de la IVe siècle, et le centre du pouvoir remonte à Tournai en Belgique, avec les nouveaux maîtres du territoire français : les Francs. En fait, depuis le IIIe siècle, cette confédération de peuples germaniques participa aux « invasions barbares » qui ravageèrent l’Empire romain. Ces tribus se sont installées dans une région correspondant aujourd’hui au nord de la France, à la Belgique et à l’ouest de l’Allemagne. Parmi eux, on retrouve les Francs Saliens, basés en Toxandrie, province située entre Anvers, Thérouanne et Cambrai. Childéric Iereuh, leur roi, fit de la ville de Tournai sa capitale en 458. Considéré comme un descendant du monarque semi-mythique Mérovée, c’est lui qui donna naissance à la dynastie mérovingienne, première famille à régner sur ce royaume qui deviendra la France. A sa mort en 481, son fils Clovis part à la conquête des provinces gauloises, encore sous influence romaine.

La ville gallo-romaine de Tournai devient la capitale des Francs saliens au Ve siècle. (Photo : JP Cuvelier / Wikicommons)

3. Soissons, nouvelle capitale

Clovis, qui fédéra les tribus franques, attaqua notamment le territoire de Syagrius, général romain, gouverneur de la dernière province de l’empire en Gaule après la chute de Rome en 476. Le roi de tous les Francs s’imposa après la bataille de Soissons et fit de cette ville gallo-romaine, idéalement située dans le nouveau royaume franc (Regnum Francorum), sa capitale. Son fils Clotaire fit construire l’abbaye Saint-Médard, première nécropole des rois de France. Le lieu – qui fait également office de palais royal – servira également de décor au couronnement de Pépin le Bref, suite à son « élection » par les grands du royaume en 751.

L’abbaye Saint-Médard, construite à Soissons à la demande du roi Clotaire, fils de Clovis, fut la première nécropole des rois mérovingiens. (Illustration : BNF/Wikicommons)

4. Quierzy, berceau des Carolingiens

Entre-temps, Clovis décide à la fin de son règne d’opter pour une ville plus centrale dans son royaume et choisit Paris, qui joue pour la première fois le rôle de capitale au début du VIe siècle.e siècle. Mais la ville ne conserva ce statut que peu de temps, puisque les successeurs de Clovis se déplaçaient à leur guise sur leur territoire. Les rois et leur cour profitèrent des anciennes villas résidentielles gallo-romaines, principalement situées entre Seine et Meuse. Ils séjourneront notamment à Quierzy, dans l’Aisne. Le lieu fut également adopté par Charles Martel, un chef militaire franc. Celui qui est maire du palais (intendant du roi), mourut dans cette ville en 741. C’est là que son fils Pépin le Bref – élu roi des Francs dix ans plus tard à la place du dernier descendant de la lignée mérovingienne – marié. Et la légende raconte que Charlemagne, son petit-fils, y serait même né ! La cité picarde devient alors la capitale effective de la nouvelle dynastie, celle des Carolingiens.

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5. Laon, troisième capitale picarde

Le destin politique de Laon comme future capitale de la France se joue précisément avec la mort de Charles Martel en 741. Le nouvel homme fort du royaume, rendu célèbre pour avoir battu les Sarrasins à Poitiers, laisse trois fils, dont un particulièrement ambitieux. , dit Pépin. C’est lui qui, épaulé par le comte de Laon, père de son épouse Berthe aux Grands Pieds, s’empare de la ville et y établit sa résidence, bâtie sur une colline calcaire dominant la plaine picarde. Emplacement stratégique, la ville devient rapidement un centre culturel et religieux de premier ordre dans le royaume, même si son fils, Charlemagne, préfère asseoir son pouvoir plus à l’est.

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Ville où est née Berthe les Grands Pieds, épouse du roi Pépin le Bref, Laon devient la capitale politique et religieuse du royaume jusqu’au début du règne de leur fils, Charlemagne. (Photo : Gautier Démouveaux)

6. Aix-la-Chapelle, capitale de l’Empire

Après ses nombreuses conquêtes territoriales, c’est en effet depuis Aix-la-Chapelle que Charlemagne décide de gouverner son vaste royaume. Cette ville, célèbre depuis l’Antiquité pour ses sources d’eau thermale, se situe aujourd’hui en Allemagne. Son père Pépin y avait ses habitudes ; elle se situe donc avant tout au carrefour des routes commerciales européennes. Elle sera capitale de l’Empire carolingien pendant une cinquantaine d’années, jusqu’au partage de ce vaste territoire entre les trois petits-fils du grand Charles, en 843.

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C’est dans la ville thermale d’Aix-la-Chapelle (aujourd’hui en Allemagne) que Charlemagne établit la capitale de son empire. (Photo : Gautier Démouveaux)

7. Les circuits, capital de repli

Vers 900, la cour revient à Paris qui devient définitivement la capitale administrative, économique et intellectuelle du royaume. Mais la guerre de Cent Ans qui opposa l’Angleterre à la France entre 1337 et 1453 poussa la cour à fuir la ville tombée aux mains des Anglais en 1420. Après des visites à Bourges et Troyes, c’est à Tours que Charles VII s’installe. vers le bas en permanence. Si François Iereuh proclamé à nouveau Paris capitale en 1528, son petit-fils Henri III, chassé par la Ligue catholique, revient dans le Val-de-Loire et fait de Tours sa capitale quelques mois avant sa mort en 1589… jusqu’à ce que son successeur Henri IV ne reconquière pas Paris en 1594.

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Tours deviendra la capitale des rois de France pendant la guerre de Cent Ans et lors des guerres de religion. (Illustration : Archives d’Indre-et-Loire)

8. Versailles

Si le pouvoir semble définitivement bien implanté à Paris, il se déplace à nouveau quelques kilomètres au sud-ouest de là, à Versailles, au gré des bons vœux d’un certain Louis XIV. Le roi et sa cour s’installèrent dans le nouveau château à partir du 6 mai 1682. Si Paris conserva officiellement le titre de capitale du royaume, Versailles devint le véritable centre du pouvoir politique du pays et le resta jusqu’à la Révolution de 1789. Capitale effective de monarchie absolue pendant plus d’un siècle, Versailles sera aussi, pendant près de neuf ans, la capitale du III.e République émergente, entre mars 1871 et juillet 1879. Par la suite et pendant quatre-vingts ans, les présidents de la République seront élus systématiquement et sans exception à l’intérieur du château, par les deux chambres du Parlement réunies au sein de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui encore, la salle des congrès du château de Versailles réunit députés et sénateurs pour l’adoption des révisions constitutionnelles.

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Louis XIV fit de Versailles la capitale officieuse du royaume à partir de 1682. Elle le resta jusqu’à la Révolution française de 1789. (Illustration : Jean-Léon Gérôme / Wikicommons)

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9. Bordeaux, capitale de guerre

Avant de s’installer à Versailles en mars 1871, le tout nouveau IIIe La République, nouveau régime institutionnel mis en place après la défaite de Sedan et la chute du Second Empire, doit fuir à Bordeaux pour échapper à l’ennemi prussien. La ville girondine fera donc office de capitale jusqu’à l’armistice de janvier 1871. La même situation se répétera au début de la Première Guerre mondiale, pendant quatre mois, puis en juin 1940, pendant environ deux semaines.

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Bordeaux servit de capitale de repli à plusieurs reprises dans l’histoire de France, en 1870, 1914 et quelques jours en 1940. (Photo : Gautier Demouveaux)

10. Vichy et Brazzaville, deux capitales opposées

En 1940, alors que Bordeaux se retrouve en zone occupée par l’armée allemande, le gouvernement du maréchal Pétain s’installe à Vichy. Face à la capitale de cette France collaboratrice, le général de Gaulle, qui appelle à poursuivre la lutte contre l’Allemagne nazie depuis les colonies, cherche un terrain pour créer son Conseil de défense de l’Empire. C’est Brazzaville, alors située au cœur de la colonie de l’Afrique équatoriale française, qu’il choisit comme capitale de la France libre. La future capitale de la République du Congo y demeure jusqu’en 1943, avant d’être transférée à Alger, puis de revenir à Paris à sa libération le 25 août 1944.

 
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