le gouvernement multiplie les gestes envers son camp, avant un probable départ du texte du Sénat

Séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale à Paris le 12 novembre 2024 (Ian LANGSDON / AFP)

Après la bataille des idées, le vote : les députés sont appelés mardi à se prononcer sur les « recettes » du projet de budget pour 2025 devenues « compatibles NFP » selon LFI, mais qui pourraient être rejetées, avant de passer au Parlement. Sénat, le gouvernement multiplie quant à lui les compromissions envers ses partisans.

En cas de vote contre en fin d’après-midi, l’ensemble du texte sera considéré comme rejeté, mettant un terme à son examen, et surtout permettant au gouvernement de soumettre au Sénat sa copie originale, plutôt que celle très largement modifiée. un. par les oppositions, mais aussi parfois par ses propres partisans.

Un scénario de front inversé devrait voir la coalition gouvernementale voter contre cette version révisée, avec le concours ou l’abstention du RN, face à une gauche qui voudrait au contraire la faire adopter pour valider ses victoires dans l’hémicycle.

Le Premier ministre Michel Barnier lors de la séance des questions du gouvernement à l’Assemblée nationale à Paris le 12 novembre 2024 (Ian LANGSDON / AFP)

Durant le long week-end, le gouvernement a anticipé l’examen de ce texte, mais aussi du projet de budget de la Sécurité sociale, au Sénat, cherchant à rassurer sa fragile coalition parlementaire.

Compromis sur les retraites et l’électricité ?

Les retraites, qui devaient être gelées, seront augmentées au 1er janvier mais seulement de la moitié de l’inflation, a annoncé lundi le patron des députés DR Laurent Wauquiez, révélant un compromis trouvé avec Michel Barnier.

Le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a annoncé mardi sur 2 un compromis qui pourrait être trouvé dans les “prochains jours” pour limiter la baisse des allègements de cotisations pour les entreprises, un marqueur macroniste.

Le ministre du Budget Laurent Saint-Martin le 12 novembre 2024 à l’Assemblée nationale à Paris (Ian LANGSDON / AFP)

Quelques heures plus tard, c’est à l’Assemblée qu’il tendait la main au député MoDem Jean-Paul Mattei. Le ministre a annoncé lors des questions au gouvernement que sa proposition de pérenniser l’impôt sur les hauts revenus pourrait être maintenue jusqu’à ce que le déficit soit ramené à « par exemple » 4 %.

Quant à Michel Barnier, il s’est engagé auprès du patron des députés Horizons, Laurent Marcangeli, à travailler sur leur proposition d’une « allocation sociale unique ». En réponse à une question de Laurent Wauquiez, il a également annoncé que le gouvernement était prêt à introduire une clause de révision pour vérifier et éventuellement corriger les effets d’une taxe sur l’électricité, un point irritant dans sa coalition.

« Non votable »

Lors de l’examen à l’Assemblée, l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) a notamment attaché le projet de loi de finances (PLF) à de nouveaux impôts sur les superprofits, les superdividendes, les rachats d’actions. , les actifs des milliardaires, ou encore sur les « grandes entreprises du numérique ».

Signe de la difficile lisibilité des débats, qui se sont achevés dans la nuit de vendredi à samedi, personne ne semblait avoir tout à fait la même calculatrice pour estimer les nouvelles recettes créées.

Eric Coquerel, président de la commission des Finances de LFI, serre la main du ministre du Budget Laurent Saint-Martin le 12 novembre 2024 à l'Assemblée nationale à Paris
Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances, serre la main du ministre du Budget Laurent Saint-Martin le 12 novembre 2024 à l’Assemblée nationale à Paris ( Ian LANGSDON / AFP )

M. Saint-Martin a dénoncé une « surdose fiscale » de « 35 milliards d’euros qui n’épargnera personne ».

Eric Coquerel, président de la commission des Finances de LFI, a calculé un solde net des recettes créées « de 58 milliards d’euros ». “Nous avons montré que nous pouvions faire un budget compatible avec le NFP”, a-t-il souligné mardi devant la presse.

Dans un rebondissement initié par le groupe Rassemblement national, l’article prévoyant des prélèvements pour la contribution de la France à l’Union européenne a également été supprimé.

“Evidemment ce budget n’est pas votable en l’état”, a assuré samedi le député macroniste David Amiel (Ensemble pour la République, EPR).

La coalition gouvernementale à l’Assemblée (EPR, MoDem, Horizons, Droite républicaine) n’a elle-même pas été tendre avec la copie du gouvernement, participant activement à la suppression de plusieurs mesures clés. Il lui faudrait cependant rejeter le texte pour que la première copie puisse être envoyée au Sénat.

A l’inverse, les quatre groupes de gauche à l’Assemblée (LFI, PS, Écologiste et Social, communistes) ont annoncé qu’ils voteraient pour le texte. Mais sauf accident de participation, la gauche aura cependant du mal à le faire adopter, face à la coalition gouvernementale et au RN qui ne le soutiendront pas.

Lundi, une Source du groupe estimait que le RN se dirigeait « très probablement » vers un vote contre.

Dans le cas où le volet « recettes » serait adopté, les députés poursuivraient immédiatement l’examen du volet « dépenses » du projet de loi de finances, avec à l’horizon l’échéance du 21 novembre pour examiner les quelque 1.500 amendements déposés, avant le texte. a été envoyé au Sénat.

 
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