« Après une telle gifle aux élections, Magnette ne peut pas rester à la tête du PS »

« Après une telle gifle aux élections, Magnette ne peut pas rester à la tête du PS »
« Après une telle gifle aux élections, Magnette ne peut pas rester à la tête du PS »

De nombreux partis se sont déclarés vainqueurs de ces élections, mais qui est le grand gagnant ?

Il s’agit sans aucun doute de Bart de Wever côté flamand. La N-VA est considérée comme le deuxième parti depuis des années. On disait que le Vlaams Belang le dépasserait largement. Cela ne s’est pas produit. Deuxième surprise, Georges-Louis Bouchez a réussi son pari. Le MR est devenu le parti leader en Wallonie et à Bruxelles, et largement devant. On peut dire que, des deux côtés du pays, il y avait le même mouvement conservateur.

Compte tenu des résultats, vers quel gouvernement fédéral se dirige-t-on ?

Il est trop tôt pour le dire. Tout dépend des contacts qu’aura De Wever, car c’est lui qui aura l’initiative, c’est la loi. Avant les élections, il a déclaré vouloir former un gouvernement et en être le Premier ministre. Si le message est sérieusement envoyé du côté francophone et qu’on décide de parler avec lui, je pense que ça peut même aller vite. Côté flamand, la majorité devrait associer la N-VA, le Vooruit et le CD&V. Le CD&V, quoi qu’on en dise, a plus ou moins tenu bon, ce n’est pas le désastre annoncé. Quant à Vooruit, il a fait un peu de progrès. Du côté francophone, il faudra compter sur les Engagés et le MR. Les déclarations de Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot démontrent qu’ils sont prêts à remettre de l’ordre dans le budget. Cela faciliterait la conversation entre De Wever et les francophones. Le président de la N-VA a assumé une lourde mission, il va falloir prendre des décisions

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Une majorité regroupant N-VA, MR, Open VLD, Engagés et CD&V obtiendrait 76 sièges sur 150. Est-ce suffisant ?

De toute façon, cela ne suffit pas pour réformer l’État. Je suis toujours curieux de savoir comment le PS va réagir à ces résultats. Tout le monde avait annoncé qu’il allait perdre à Bruxelles et rester en Wallonie. C’est un peu le contraire qui s’est produit. On peut dire que ce résultat est un peu un échec pour les sondeurs. Comment allons-nous réagir au sein de ce parti ? Magnette restera-t-il président ? Après une telle gifle, il ne peut plus. Le PS va devoir changer d’avis. Comme le PTB n’a pas réalisé la percée que prédisaient les sondages, la pression du PTB sur le PS diminue. Les socialistes peuvent en profiter pour changer de cap, comme l’a fait le Vooruit en Flandre. Ils ne sont peut-être plus le vieux parti socialiste qu’ils sont aujourd’hui, incorrigibles, ne voulant rien changer. Nous avons compris que maintenant cela n’est plus possible et qu’il faut donc changer les choses.

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Pensez-vous que le Vooruit pourrait rejoindre une majorité sans le PS ?

C’est possible, ils l’ont dit. Rappelons d’ailleurs qu’il y a quelques années il y avait un gouvernement fédéral avec le PS, mais sans le spa. Compte tenu de la bonne relation entre le Vooruit et De Wever à Anvers, je pense qu’ils peuvent effectivement y parvenir.

Le PS finira-t-il dans l’opposition en Wallonie ?

Je ne sais pas comment ils réagiront à ce résultat. Force est de constater que déjà avant les élections, il régnait un certain malaise au sein du PS, notamment à Bruxelles. Maintenant, comment vont-ils réagir ? Qui deviendra le nouvel homme fort au sein du PS ? Ce n’est certainement pas Magnette, pas après une gifle pareille.

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Comment expliquer la débâcle du PS ?

Magnette, du moins dans son discours, n’a rien voulu changer. Il souhaitait maintenir ce qu’on appelle en Flandre « l’assistanat ». Nous ne pouvons pas continuer à le financer. Bouchez avait raison dès le début et, en Flandre, on l’a ressenti aussi. On n’imagine pas le drame budgétaire auquel sont confrontées la Wallonie et Bruxelles. Ils s’accrochaient trop à leur ancienne position, ne voulant rien changer. Ils l’ont payé maintenant. Par ailleurs, il faut dire que des affrontements comme ceux qui se sont produits dans les intercommunales de Liège, Qatargate, n’ont pas fait du bien à la réputation du parti.

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Comment est vécue cette défaite du PS en Flandre ?

C’est perçu comme une opportunité. Nous pouvons désormais avancer ensemble, avec les francophones. Ce sont eux qui freinaient continuellement. Je ne crois cependant pas que nous irons jusqu’à réformer l’État, pas avec de tels chiffres. Il faudra que les choses changent, qu’il y ait des lois spéciales pour remédier à certains problèmes, comme le financement de la Wallonie.

Le MR a dit qu’il allait prendre les choses en main, n’est-il pas allé un peu trop loin en disant cela ?

Je ne pense pas. Bouchez est là où il a toujours voulu être. Il faut donc vraiment prendre les choses en main. Lui aussi a assumé une lourde responsabilité, mais il a gagné sur tous les fronts donc il peut se le permettre. De plus, il a à ses côtés un parti, les Engagés, qui n’est pas libéral mais qui n’est pas non plus un parti de gauche. Il s’agit véritablement d’un parti du centre qui pourrait s’attaquer aux problèmes auxquels la Wallonie est actuellement aux prises.

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De Wever et Bouchez devront parler, mais on sait qu’ils ne s’aiment pas. Cela pourrait-il déclencher des blocages ?

Dimanche soir, on a vu un De Wever qui utilisait un tout autre ton. Dans le passé, il aurait utilisé le sarcasme et le cynisme, surtout avec une victoire comme celle-ci. Il ne l’a pas fait. Il n’a pas utilisé le mot confédéralisme, il a plutôt parlé d’autonomie. Il sait qu’il devra parler avec le sud du pays et que, avec une certaine langue, on aimerait l’éviter. On sent aussi que, par rapport à l’Open VLD qui a perdu, le ton a changé. Il est devenu quelqu’un avec qui on peut traiter. D’ailleurs, il s’était dit, avant les élections, agréablement surpris par les propos tenus par Bouchez. Cependant, c’est quelqu’un qui ne fait pas trop confiance aux autres. Je ne sais pas si cet aspect a changé. Il l’a dit aussi, il veut être Premier ministre parce qu’il est la seule personne en qui il a confiance. Nous ne savons pas comment cela pourrait évoluer, mais je crois qu’un dialogue est certainement possible.

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Alors, a priori, la formation fédérale pourrait aller assez vite ?

Entre nous, ils n’ont pas de temps à perdre. Dans quelques semaines, l’Europe frappera aux portes du 16 rue de la Loi pour demander comment elle compte remédier à ce désastre budgétaire. Nous ne pouvons pas nous permettre de longues formations, nous devons nous mettre immédiatement au travail.

Le Vlaams Belang est-il désormais complètement hors course ?

Il est hors course. D’autant plus que tout le monde croyait que ce serait la première fête en Flandre et dans le pays. C’était aussi un peu gênant pour les Flamands de voir cela dans les sondages. Ils ont remporté une victoire, ils ont augmenté leur nombre de sièges, mais ce n’est pas une vraie victoire car ils n’ont pas terminé premiers. Ils n’ont pas réussi à se montrer indispensables côté flamand. Ils ne pourraient pas faire partie d’une future coalition, ce n’est pas imaginable, même du côté flamand.

 
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