Seul député du Vaucluse affilié à la majorité présidentielle, Jean-François Lovisolo n’est pas candidat à sa réélection

Seul député du Vaucluse affilié à la majorité présidentielle, Jean-François Lovisolo n’est pas candidat à sa réélection
Seul député du Vaucluse affilié à la majorité présidentielle, Jean-François Lovisolo n’est pas candidat à sa réélection

Il y a deux ans, il représentait le seul rempart contre l’extrême droite dans le département. Ancien maire PS de La Tour-d’Aigues, Jean-François Lovisolo a remporté la 5e circonscription du Vaucluse (Carpentras nord, Sault, Gordes, Apt, Pertuis) au nom de la majorité présidentielle. Une victoire au forceps, par 500 voix contre la candidate RN Marie Thomas de Maleville qui avait empêché le parti de Marine Le Pen de remporter un plein succès dans le département. Mais 24 mois après son accession au Palais Bourbon, celui qui est aussi conseiller départemental, et qui a exprimé quelques désaccords avec son groupe à l’Assemblée, notamment récemment sur la loi d’orientation agricole, a déjà décidé de quitter la scène nationale. Il nous en explique les raisons.

Expliquez-nous votre choix de ne pas vous représenter et de quitter l’Assemblée nationale ?

Jean-François Lovisolo : Dans mon planning initial, je l’avais annoncé, je veux être candidat aux élections municipales de mon village donc je devais me manifester en 2025. C’était clairement affiché, annoncé à la population où j’habite. N’ayant pas pu faire voter la loi sur le cumul des mandats, je me suis retrouvé dans une situation compliquée. Se présenter aux élections en 2024 pour abandonner en 2025, c’est la moyenne. Alors clairement, le contexte s’impose à moi. La dissolution intervient avec quelques mois d’avance sur mon planning mais de toute façon, je n’envisageais pas de rester au Parlement et d’y retourner et dans le contexte dans lequel je me trouve, je choisis les locaux.

Est-ce aussi une manière de marquer définitivement une rupture avec la majorité présidentielle ?

C’est clair que j’étais parfois en décalage avec certaines positions de la majorité présidentielle, sur certains votes aussi. Mais c’est surtout le calendrier qui me démarque. En 2025, j’avais prévu de cesser clairement d’être parlementaire pour pouvoir me présenter librement aux élections locales, notamment municipales. C’est la discussion qui était en cours avec le national, je n’ai rien à cacher. Mais je ne voulais pas de démission car j’en connaissais les conséquences pour le département du Vaucluse. Nous essayions de trouver la bonne solution. Aujourd’hui, le Président de la République a néanmoins fait le choix courageux de revenir vers les électeurs. Je ne me vois donc pas être candidat dans quatre semaines alors qu’en 2025, je ne devrais plus être parlementaire.

Comment avez-vous vécu le fait d’être souvent en désaccord avec votre groupe à l’Assemblée ?

Il y a des sujets où je me suis retrouvé en conflit même avec certains ministres, certaines propositions. Notamment sur la loi d’orientation agricole où il y avait de vrais sujets sur lesquels je n’étais pas d’accord avec le ministre et les rapporteurs. J’ai souhaité qu’on aille plus loin car je connais les difficultés de ce monde agricole et rural qui est en véritable crise dans le département depuis de nombreuses années, avec certaines productions qui sont véritablement oubliées. J’ai personnellement accompagné le mouvement de contestation dans le monde agricole, j’étais aux manifestations avec les agriculteurs parce que je comprenais leur désarroi et j’avais vraiment beaucoup d’espoir avec cette loi. Mais je ne m’y suis pas retrouvé. Je ne me suis pas non plus retrouvé dans le virage très à droite de certaines orientations publiques. Mais alors je ne regrette rien.

Que dites-vous à ceux qui pourraient y voir un renoncement et un tremplin pour le RN qui vise le 5/5 dans le Vaucluse ?

C’est la démocratie et je ne suis pas irremplaçable, loin de là. J’ai toujours cette lucidité. Les électeurs feront un choix et choisiront un candidat issu d’une famille politique qu’ils souhaitent voir arriver au pouvoir. Ce n’est pas un argument. Il y a beaucoup de très bonnes personnes qui peuvent se présenter à ces élections. J’ai dit dès le début que je n’effectuerais qu’un seul mandat, pas deux. Il y a une décision que je ne peux pas contrôler et qui n’était pas planifiée, ce serait catastrophique de faire campagne, d’être élu et de quitter mon mandat au bout de quelques mois. Je pense que les électeurs me le reprocheraient. J’ai toujours été transparent dans mes différentes fonctions politiques, je ne me suis pas caché. Quand je dis des choses, j’essaie de les faire, quand je n’y arrive pas, j’explique pourquoi. Mais en tout cas j’essaie d’être clair et transparent. Je pèse les conséquences de cette décision mais ce n’est pas moi qui décide de la dissolution et ce n’est pas une démission.

Ce mandat de député est-il une déception pour vous ?

Non, honnêtement, il y a des sujets sur lesquels j’ai tenu, je me suis battu. Nous avons obtenu 52 postes de policiers nationaux auprès du ministère de l’Intérieur. Nous avons obtenu trois brigades de gendarmerie sur le territoire, une vraie réussite. J’ai obtenu un financement à 100 % des pistes DFCI pour les petites communes de moins de 1 500 habitants. Et là, dans le débat sur la loi d’orientation agricole, j’ai fait passer un amendement qui permettait de faciliter l’installation des agriculteurs dans les territoires agricoles. Honnêtement, c’était très enrichissant, très intéressant, c’est un environnement que je connaissais de loin et je m’y suis pleinement investi. Nous avons fait de bonnes choses, d’autres moins bonnes pour être honnête, mais il n’y a eu aucune déception ni frustration, je ne suis pas du tout amer, c’était une expérience intéressante. Cela m’a permis de créer un véritable réseau national que je compte continuer à utiliser. Je me souviendrais d’une expérience. J’ai essayé d’être présent sur le territoire, j’ai mené des batailles auxquelles je croyais, pas toujours avec succès, mais je les ai menées. L’horaire s’impose, je ne peux que l’accepter, je n’ai pas le choix et la vie continue.

Une réaction à la carte RN qui dépasse les 40% dans le Vaucluse ?

Il plie le match européen. C’est une véritable gifle pour tous les partis politiques. Mais dans le Vaucluse nous avions encore une longueur d’avance, ce n’est pas nouveau. Aux élections européennes, ils étaient en tête, aux régionales, ils ont été un succès, aux législatives, ils étaient 4 sur 5. Mais aujourd’hui, cela se produit au niveau national. Je disais à mes collègues que nous, dans le Vaucluse, avions quelques années d’avance. Et le regret c’est que je pense que c’est un échec. Je ne suis pas dans la contestation pure et simple du RN, si les gens votent pour eux, c’est parce qu’on ne leur propose pas une alternative politique qui les intéresse. Et là, nous avons vraiment besoin que nos dirigeants se posent des questions sur leur manière de diriger. Il y a des orientations sur lesquelles j’ai exprimé des désaccords, où j’étais parfois un peu seul, et qui trouvent écho auprès des électeurs dans le cadre de ces élections nationales. C’est un peu tard mais ce serait le moment de remettre en question certaines méthodes de gestion des affaires publiques au niveau national. Je pense que ça ramène sur le terrain, dans les territoires, pour se rendre compte de ce que vivent les gens.

Avez-vous une idée de votre successeur dans la circonscription ? Allez-vous participer aux négociations ?

On en parle, on discute. Je ne peux pas vous le dire car rien n’est fait. Il y a des personnalités intéressantes sur le 5e circonscription qui peut légitimement partir. Après, les délais sont très serrés. J’ai plusieurs noms en tête, notamment un. Nous verrons comment cela évolue. Encore faut-il que les gens soient d’accord, c’est fait en quatre semaines donc ce n’est pas facile non plus et j’espère que tout le monde sera intelligent, sinon la partie est finie.

Avec un appel à l’unité nationale ?

On parle de vouloir éviter le RN mais l’important c’est ce qu’on propose aux citoyens. En voulant éviter le RN et en ne proposant rien, on les pousse encore plus vers le haut. Je pense que cela nous aide à avoir des convergences politiques. Pourquoi ai-je quitté le Parti socialiste ? Parce qu’ils se sont associés à Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi les gens ont-ils voté avec autant d’intensité pour Glucksman ? Parce qu’ils sont rentrés parce qu’il a dit clairement que ce n’était pas l’extrême gauche. La politique n’est pas une addition de pourcentages de voix, c’est une dynamique sur un projet politique. C’est comme une municipalité, si tu n’associes pas les gens à un projet cohérent, tu es battu. Et honnêtement, si vous dirigez le programme d’extrême gauche avec des sociaux-démocrates qui ont voté pour Glucksman, les gens vont rester chez eux.

Alors l’hypothèse d’une candidature LFI unique dans la circonscription d’Avignon, vous dites non ?

Ce sera arbitré au niveau national mais je pense qu’on a vécu une expérience difficile à Avignon qui est plutôt la ville social-démocrate classique, où l’élection du RN a été une surprise. S’il y avait un cirque que le RN ne pensait pas pouvoir gagner, c’était bien celui d’Avignon. Nous devons discuter pour trouver un compromis acceptable. Après, la vague est forte… Il y a de quoi faire, mais ce n’est pas des maths.

Quels sont vos projets à plus long terme ? Vous êtes candidat à la présidence du département ?

Pour l’instant il n’y a aucune perspective. Il faut déjà digérer la dissolution, car cela ne m’était jamais arrivé et ensuite reprendre nos mandats locaux et s’occuper des affaires locales. Une chose après l’autre, une élection après l’autre. Nous allons déjà regarder et être acteur, modestement, de ces élections législatives, selon la manière dont elles seront déterminées et après nous verrons.

 
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