“Je ne vois pas comment le président peut s’en sortir”, explique Christophe Rivenq.
Objectif Gard : Comment avez-vous réagi en découvrant le score du RN aux européennes hier soir ?
Christophe Rivenq : C’est ce qui était attendu selon tous les instituts de sondage. Je crois que c’est le reflet de la frustration quotidienne que l’on perçoit chez les gens. Pour ma part, ce n’est pas une surprise. Je dirais même que nous vivons personnellement la fin d’un cycle politique.
A Alès, le Rassemblement national s’en sort mieux qu’au niveau national ?
Nous faisons partie d’une tendance nationale. Jordan Bardella fait un peu mieux. Dans ce cas, il n’y a pas non plus de surprise.
La vraie surprise, c’est le chef de l’Etat qui annonce, en pleine nuit électorale, la dissolution de l’Assemblée nationale ?
Je ne comprends pas. C’est irresponsable quoi qu’il arrive. Est-ce lié aux probables annonces d’Edouard Philippe qui étaient prévues ce lundi soir, c’est ce qu’il dit… Cela va rebattre toutes les cartes. En trois semaines de campagne, mécaniquement, c’est comme un second tour des européennes. Déjà l’actualité législative de septembre prochain aurait été catastrophique pour la majorité présidentielle, je vous laisse imaginer la situation au début de l’été. Je ne veux pas en dire plus, j’attends d’analyser tout ça la tête tranquille. Mais ce n’est clairement pas une bonne nouvelle pour la France. En plein été, un second tour le 7 juillet, alors que les Français sont en vacances…
Peut-être qu’Emmanuel Macron était au pied du mur, non ?
S’il pense que tout le monde va se mettre derrière lui pour contrer le RN, à mon avis, il a tort. Hier soir déjà, les Républicains ont annoncé vouloir présenter des candidats uniques. Comment la gauche va-t-elle s’unir ? Avec ou sans LFI ? Dans trois semaines, une fois de plus, le pari « RN ou moi » risque d’être perdu d’avance. Ce coup d’État politique pourrait se retourner contre son auteur. Je ne vois pas comment le président peut s’en sortir. J’ajoute que la France est à quelques jours des Jeux Olympiques de Paris, elle est regardée par le monde. Et allons-nous rester à la dérive face aux risques d’attentats dans notre pays ?
Pensez-vous que sa décision n’a pas été mûrement réfléchie ?
La victoire du RN, c’est Jordan Bardella à Matignon. Le président Macron est-il conscient que toutes les cérémonies autour des JO et dans les mois à venir, il devra les faire avec l’extrême droite ? A-t-il pensé à tout cela ? Tout le monde, même autour de lui, semble surpris par cette dissolution. En réalité, il répond à Bardella qui lui a demandé la dissolution. Il a écouté le président du RN. Maintenant, j’aimerais savoir pourquoi les électeurs n’ont pas confirmé leur vote d’hier soir depuis trois semaines ? A-t-il un plan secret ? Je pense que c’est avant tout un jeu dangereux. Je ne suis pas dans sa tête, mais en 40 ans de vie politique, je n’ai jamais vu ça…
