Comment était la vie quotidienne à Carentan pendant la Première Guerre mondiale ?

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Editorial La Presse de la Manche

Publié le

11 novembre 2024 à 16h18

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Loin du front mais directement concerné comme tous les françaisles Carentanais ont largement contribué à laeffort de guerre depuis 1914 et bien après l’armistice du 11 novembre 1918.

C’est le 1est août 1914 “à 16 heures du soir” qu’à Carentan (Manche), comme dans toutes les villes de , le tocsin sonnait et qu’ le crieur public lire à chaque coin de rue l’ordre de mobilisation et ça la police affichez cet ordre sur les murs.

La consternation est générale.

Commencez alors une période sombre pour tous, les hommes mobilisés mais aussi ceux restés sur place, famillesLE plus vieux et le plus vulnérable.

C’est à travers gare que le plus grande activité commence dans la ville. « En effet, entre le 2 et le 10 août 1914, un moyenne quotidienne de 60 trains de soldats montant au front passe la gare de Carentan », applaudi par la population entassés sur les quais.

Hôpitaux temporaires

Restés au pays, les hommes du réserve territoriale sont affichés aux entrées de la ville et pour y entrer, il fallait être muni d’un laissez-passer.

Passé l’enthousiasme du départce sont d’autres trains qui se sont arrêtés en gare mais qui amené des blessés. De la hôpitaux temporaires ont été installés dans différents bâtiments de la ville, écoles, hôpitaux, et pourront accueillir environ 250 lits.

Il reste encore 13 tombes de soldats de la Grande Guerre au cimetière de Carentan (Manche), entretenues et fleuries par la commune. ©Brigitte ACHER

Le mobilier provient du générosité des habitants et une section duUnion des Femmes Françaisesaffilié à la Croix-Rouge, forme et fournit postes d’infirmières bénévoles. Les premiers blessés sont arrivés en train mercredi 9 septembre.

Le train est annoncé pour 21h30, une foule se rassemble peu à peu autour de la gare signalée.

Malheureusement, les pauvres blessés, parmi lesquels de nombreux soldats coloniaux, dont la plupart venaient de combats autour de Meaux (Seine-et-Marne), sont « dans un état lamentable parfois sans soins pendant plusieurs jours ».

Carentan à l’honneur sa « première mort » le 27 septembre, première classe Henri Thomas de la 278e régiment d’infanterie originaire de Limoges (Haute-Vienne), méconnu des locaux « mais qui a suscité un retentissement sans précédent ».

Soldats belges

Le cérémoniea été suivi de « une foule immense et profondément émue« . Malheureusement, cet événement « n’était que le premier d’une longue série ».

Carentan a accueilli « chaleureusement et avec ferveur » également « pas moins de 500 militaires belges dans un centre d’enseignement ” de automne 1914 à décembre 1915.

Des militaires qui faisaient en quelque sorte partie de la population et qui s’intégraient aussi dans des familles « avec mariages , enfantsdans et hors du mariage. Mais leur départ a été discret. Dans juillet 1916 c’est un régiment français qui arrive à Carentan.

Une soixantaine de trains transitent par la gare de Carentan (Manche) à partir d’août 1914. ©Document fourni à La Presse de la Manche

Une sombre période de privation

Après l’enthousiasme initial, les populations ont souffert de privation et coût de la vie. « Pendant toute la durée de la guerre, l’état d’esprit de la population sera celui qu’elle a manifesté dès le début : courage, confiance, espoir invincible dans le victoire finale», mais quelques instants ont miné ce moral.

Pour les familles dont les pères, maris ou fils sont partis au front, « un fait bouleverse la population et provoque un certain découragement, c’est le spectacle de tant de personnes en embuscade. Il est choquant et scandaleux de ne pas pouvoir sortir sans croiser à chaque coin de rue, des gaillards jeunes et robustes, pour la plupart sans charges familiales, à l’air suffisant et suffisant, qui semblent défier l’opinion publique et qui mènent une vie joyeuse… ».

Une affiche nous invitant à accueillir les valeureux soldats belges. ©Document remis à La Presse de la Manche

Pénuries

Le coût de la vie de la plupart des « petits gens face aux accapareurs » provient du rareté des denrées réquisitionnées« et surtout fraude de toutes sortes ».

Pour tous, « avec la durée de la guerre et ses intensificationil devient de plus en plus évident que la victoire reviendra à celui des deux belligérants qui sera en mesure d’assurer meilleure mobilisation tant à l’avant et à l’arrière ».

Durant toute cette période, le pénuriesmultiplier, “et ce n’est pas comme nourriture cela affecte également carburants et combustibles notamment lecharbon », venant principalement de Angleterre .

« Famine pour les malheureux »

Mais le Sous-marins allemands les bateaux coulent (pas moins de 129 bateaux coulés entre la beaucoup des Veys et celui du Mont Saint-Michel avec des milliers de tonnes de marchandises détruites ).

Carentan savait son lot de manifestations notamment le 30 décembre 1916, « lorsque deux wagons de 10 tonnes amenaient le précieux charbon à Carentan, c’était l’émeute « . Chaque Carentanais avait droit à 25 kg, le stock s’est épuisé en « un clin d’œil ».

Ces lacunes ont conduit à la création d’un magasin d’alimentationafin de contrer inflation des prixquant aux pommes de terre, si hautes « qu’elles étaient faminepour les malheureux.

Une commission de secours

UN commission de secoursa été créé par la municipalitédès le début août 1914, « afin de venir en aide aux familles des mobilisés en attendant le paiement de l’allocation« . Il sera versé 1 franc 25 par jour pour la femme, plus 0 franc 50 par enfant de moins de 16 ans.

UN cavesest également installé, à partir du 1est novembre 1914, qui accueillit pas moins de 361 enfants de moins de 16 anspour le déjeuner et le dîner.

Des garderies ont été mises en place tout au long de la guerre, « afin de permettre aux femmes mobilisées de travailler et à cet effet, les professeurs de villeontont renoncé à leurs vacances».

De nombreux graffitis sur les murs de l'église Notre-Dame ont été laissés par des soldats belges en garnison à Carentan.
De nombreux graffitis sur les murs de l’église Notre-Dame ont été laissés par des soldats belges en garnison à Carentan. ©Brigitte ACHER
Tilloloy, commune martyre de la Somme, fut déclarée ville filleule de Carentan en 1921. Une aide à la reconstruction de l'école communale avait été envoyée à Tilloloy.
Tilloloy, ville martyre de la Somme, fut déclarée ville filleule de Carentan (Manche) en 1921. Une aide à la reconstruction de l’école communale avait été envoyée à Tilloloy. ©Brigitte ACHER
Patrick Fissot, professeur d'histoire passionné par la période de la Grande Guerre.
Patrick Fissot, professeur d’histoire passionné par la période de la Grande Guerre. ©Brigitte ACHER

De nombreuses sources d’informations

« Vouloir retracer la vie quotidienne d’une ville de dos, au cours des années 1914-1918, est souvent une affaire délicate », indique Patrick Fissot, professeur d’histoire passionné par cette période. « Non pas parce que les sources manquent. Au contraire, ils abondent. Auteur d’un ouvrage sur « La Manche et les Mandchois dans la Grande Guerre », et au cours de ses recherches, il a pu constater « la richesse, la variété et la qualité des sources encore disponibles pour travailler sur cette période ». Selon Patrick Fissot, « si de nombreux documents administratifs ou politiques ont été détruits lors des bombardements de 1944, il subsiste une quantité impressionnante d’archives, tant privées que publiques ».
Une Source très importante de l’histoire locale provient des manuscrits de Pierre Delagarde qui fut juge de paix de Carentan du 17 août 1906 à fin 1919. Ces écrits sont déposés aux archives départementales de la Manche et ont été transcrits par des membres de la association des « Arcades de l’Histoire » et notamment par Jean-Jacques Bréguet. Pierre Delagarde a abordé la période au plus près et s’est beaucoup investi dans la vie locale par sa qualité mais aussi sur le plan humain. Il est à l’origine, notamment, du magasin d’alimentation pour remédier aux pénuries et à l’inflation des denrées alimentaires les plus nécessaires.
L’historien René Le Tenneur a également contribué à mettre en valeur l’histoire locale dans son ouvrage « Carentan à travers les siècles ».

De notre correspondante Brigitte ACHER

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