Au cours des mois de campagne, le candidat Trump s’est engagé à imposer des droits de douane de 60 % sur tous les produits en provenance de Chine et jusqu’à 20 % sur les produits importés de tous les autres pays. Cela est même allé plus loin pour certains secteurs : les taxes sur les voitures importées, par exemple, seront multipliées par trois !
Le but de ces augmentations est de protéger les entreprises et les consommateurs américains. Une promesse directement liée à son slogan, « America first ». Donald Trump a répété à plusieurs reprises à ces électeurs que ces taxes « ne sera pas un coût pour vous, mais un coût pour un autre pays « . Une affirmation rejetée par la quasi-totalité des économistes interrogés.
« Les prix de TOUT sont sur le point d’augmenter »
Depuis l’élection de Donald Trump, mercredi 5 novembre, les recherches sur Google de « tarifs » (droits de douane) ont considérablement augmenté. Les internautes américains recherchent également des informations sur les futures taxes sur les voitures Nissan, les conséquences de cette mesure sur l’inflation ou encore « les droits de douane de Trump expliqués ». Peut-être un peu tard pour s’intéresser…
Le sujet fait également beaucoup débat sur le réseau social Mon voisin MAGA (pro-Trump) m’a dit : « Je viens de lire que les droits de douane vont augmenter les prix des produits. Je ne comprends pas. Je pensais que la Chine allait les payer. J’ai expliqué comment fonctionnent les tarifs douaniers. J’aimerais que tu puisses voir l’expression du gars quand il l’a compris », déclare Jon Cooper, un élu démocrate.
« Les droits de douane sont des taxes. L’entreprise ou l’importateur étranger paie les taxes, oui. Ils répercutent ensuite le coût sur le consommateur, en augmentant les prix. Les tarifs sont donc payés par VOUS – et les prix de TOUT sont sur le point d’augmenter. », écrit également Tristan Snell, un avocat qui propose de nommer les futures augmentations « la trumpflation ».
Donald Trump avait déjà relancé la guerre commerciale lors de son premier mandat, mais pas à ce point. Selon une étude de Mary Lovely et Kimberly Clausing, chercheuses du PIIE, et relayée par le journal Le Monde, ces droits de douane atteindraient l’équivalent d’environ 11% du produit intérieur brut (PIB) américain contre 1,8% lors de la première guerre commerciale. ” Le pouvoir d’achat des 20 % d’Américains les plus pauvres diminuerait de 4,2 %, tandis que celui des ménages à revenu médian diminuerait de 2,7 %. », écrivent nos confrères.
Les prix vont augmenter pour les Américains
« Cela perturbera clairement les exportateurs européensconcède Sarah Guillou, directrice du département Innovation et Concurrence de l’OFCE, pour La Tribune. Ces derniers devront soit répercuter les droits sur leurs prix de vente, soit réduire leurs marges. Cela devrait donc conduire à une hausse des prix des biens européens pour les consommateurs américains. »
Mais le risque est limité : « L’Europe ne vend pas beaucoup de biens pour lesquels seul le prix joue un rôle. Elle produit de nombreux produits de haute qualité qui trouveront toujours des acheteurs, même avec une augmentation de leur prix.. » Sarah Guillou évoque le cas du luxe, de l’avion, de la haute technologie ou encore des produits pharmaceutiques. “ Certains produits n’ont même pas de concurrents américains ! C’est le cas du cognac par exemple. Pour ces produits, ce seront les consommateurs américains qui devront payer davantage.. »
Face à ce constat, les partisans de Trump pensent qu’il s’agit sûrement d’une posture de renégociation des accords commerciaux internationaux. ” Donald Trump est l’homme des tarifs douaniers, mais il est aussi un négociateura déclaré à CNN un ancien responsable de son administration. S’il peut utiliser les droits de douane comme moyen pour parvenir à ses fins, il le fera. »