“C’est une décision que nous ne comprenons pas et dont nous faisons immédiatement appel”a réagi auprès de l’AFP l’avocat des policiers, Me Laurent-Franck Liénard. Âgés de 30 et 33 ans, les deux policiers se sont également vu interdire le port d’armes pendant cinq ans. Lors du procès début octobre, le procureur a requis un an de prison pour eux sous surveillance électronique.
Le tribunal a estimé que la police « ne pouvait paspourrait bénéficier de l’article 435-1 du code de sécurité intérieure », qui encadre l’usage des armes par les policiers car elles « n’étaient pas pas en uniformee » ni équipé de“insignes et brassards (…) visibles » lors de cette intervention nocturne. “ De plus, il n’y a pas non plus de légitime défense lorsque vous avez utilisé vos armes. », a ajouté Dominique Pittilloni, président de la 14e chambre criminelle du tribunal de Bobigny, soulignant un « disproportion entre les tirs qui ont grièvement blessé les victimes et le comportement du conducteur ».
Nordine, la conductrice du véhicule, a versé quelques larmes en écoutant les délibérations. Atteint de cinq balles au ventre, aux bras, à l’aine, à l’artère fémorale et au thorax, il s’est vu prescrire 127 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Il est depuis handicapé et a perdu 10 centimètres à un de ses bras. Des fragments de balle restent dans son corps.
Merryl, la passagère, a reçu une balle, s’est fait enlever la rate et a subi 100 jours d’ITT. “ Merryl est satisfaite que la culpabilité ait été constatée, elle trouve que l’interdiction d’exercer la profession de policier est adaptée aux faits », a déclaré à l’AFP son avocat Me Marine Allali, qualifiant cette décision de « sans précédent ».
« Vision légaliste »
« Pour l’avenir, sur la manière dont les policiers ont le droit d’utiliser leurs armes, il est important que le tribunal adopte une vision purement légaliste de l’article 435-1. », a estimé l’avocate de Nordine, Me Margot Pugliese. Pour son deuxième avocat Vincent Brengarth, « justice a enfin été rendue pour Nordine, dans une affaire qui a commencé avec son accusation et un déséquilibre complet dans la procédure ».
Dans le cadre d’une procédure accessoire née des mêmes faits, Nordine a été condamnée en appel à deux ans de prison pour refus aggravé d’obtempérer et violences volontaires. L’équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Stains, en tenue civile et dans une voiture banalisée, a procédé à ce contrôle dans la nuit du 15 au 16 août 2021, en Seine-Saint-Denis.
Une vidéo amateur largement diffusée sur les réseaux sociaux a capté une partie de l’intervention qui faisait suite à un premier échange entre les fonctionnaires et le conducteur ivre. L’un des policiers tente de pénétrer dans l’habitacle de la voiture. Le conducteur engage la marche arrière. Les deux policiers ont tiré à plusieurs reprises, visant l’automobiliste. Huit balles sont tirées en 6,25 secondes.
Les deux brigadiers ont utilisé leurs armes pour la première fois. Lors du procès, ils ont insisté sur le fait qu’ils estimaient que leur vie était en danger. “ N’aurait-il pas été préférable de laisser partir le véhicule ? »leur a demandé le président.
« D’abord, j’ai essayé d’arrêter le chauffeur (…). Quand je prends la décision d’utiliser une arme, je n’ai pas le choix », a répondu le policier qui a tiré à trois reprises. “Nous n’avons jamais voulu que les choses se passent comme ça”» expliqua son collègue. L’intervention a eu lieu 30 minutes avant leur fin de prestation.