Que peut faire Toronto pour conserver ses pistes cyclables ?

Injonction? Des négociations ? Nous avons demandé à plusieurs observateurs comment Toronto pourrait tenter de bloquer le projet du gouvernement Doug Ford de démolir trois pistes cyclables dans la ville Reine. La province estime qu’ils sont sous-utilisés et provoquent des embouteillages en raison de l’élimination des voies réservées aux voitures.

Le conseil municipal de Toronto devrait débattre du projet de loi provincial 212 lors de sa réunion de mercredi à vendredi.

La mairesse Olivia Chow a demandé aux responsables municipaux de suggérer des « options » aux conseillers municipaux pour protéger les pistes cyclables dans les rues Yonge, University et Bloor.

Pour elle, le gouvernement Ford cherche à « annuler les décisions et le travail des élus qui forment le conseil municipal », accusant la province d’avoir pris une décision « arbitraire », avant même de disposer des données de la Ville sur la fréquentation des pistes cyclables. .

Les pistes cyclables protègent les cyclistes et les automobilisteselle a répété cette semaine.

Six cyclistes sont morts à Toronto depuis le début de l’année, souligne la mairesse Olivia Chow, qui défend l’importance d’avoir des pistes cyclables. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Le maire Chow affirme que la province devrait débloquer les projets de train léger sur rail Eglinton et Finch si elle veut lutter contre la congestion.

Mme Chow n’a pas encore fourni de détails sur les recours envisagés par la Ville. Mais voici quatre options possibles :

Demander une injonction

>>>>

Ouvrir en mode plein écran

L’avocat Rocco Achampong a du mal à voir comment Toronto pourrait remporter une contestation constitutionnelle contre la province. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Une fois le projet de loi adopté, Toronto pourrait demander une injonction pour tenter de retarder le plan provincial, en invoquant les principes du droit « administratif », affirme l’avocat et ancien candidat à la mairie, Rocco Achampong.

[Toronto pourrait argumenter que] la province a le devoir de consulter les parties prenantes touchées par une loi, ce qui n’a pas été fait pour la Ville.

Une citation de Rocco Achampong, avocat

L’objectif d’une telle action en justice serait de retarder le démantèlement des pistes cyclables, a-t-il précisé, espérant entre-temps un changement de gouvernement.

Toronto ne peut pas faire grand-chose sur le plan constitutionnel [pour bloquer complètement la province]ajoute Me Achampong, qui a déposé une contestation judiciaire contre le gouvernement Ford en 2018, lorsque l’Ontario a divisé la taille du conseil en deux.

Contrairement à cette situation, il ne voit pas comment la Ville pourrait évoquer cette fois-ci la Charte canadienne et le droit de vote ou des arguments constitutionnels. C’est une question d’infrastructure et c’est la province qui a la prérogative, et non les municipalités, en la matière.dit-il.

Nous étudions toutes les options possibles [y compris un recours judiciaire]dit, de son côté, Alison Stewart du groupe cycliste Faites du vélo à Toronto.

Nous avons l’intention de porter plainte si une piste cyclable est démantelée et qu’un cycliste est par la suite blesséajoute l’avocat David Shellnutt, membre de Faites du vélo à Toronto.

Négocier

Le projet de loi provincial sur les pistes cyclables constitue « une ingérence majeure dans le domaine municipal », affirme l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO) dans un communiqué.

L’Association entend faire valoir son point de vue lors de l’examen du projet de loi en commission législative.

Pour l’instant, le gouvernement Ford n’a pas évoqué le démantèlement des pistes cyclables à l’extérieur de Toronto, mais leAMO s’oppose à l’idée que ses membres doivent soumettre à l’approbation provinciale tout nouveau projet de piste cyclable nécessitant l’élimination d’une voie automobile.

Toronto ne fait pas partie duAMO, mais pourrait aussi tenter de se défendre devant la commission législative.

>>>>

Ouvrir en mode plein écran

Il est peu probable que Toronto arrête la province, selon le politologue Peter Graefe de l’Université McMaster.

Photo : Radio-Canada

Le maire Chow peut parler des « mérites » des pistes cyclables, communiquer des données sur leur fréquentation et mettre en avant le coût de leur démolition, souligne le politologue Peter Graefe.

Toutefois, le Premier ministre Doug Ford et son ministre des Transports Prabmeet Sarkaria ne semblent pas intéressés par un débat, ajoute-t-il.

Ce n’est pas dans l’intérêt du [mairesse] Chow d’avoir une confrontation trop chaude […] surtout en période budgétaire.

Une citation de Peter Graefe, politologue, Université McMaster

Le gouvernement Ford a déjà signalé que les débats Parc de la Reine sur le projet de loi serait raccourci, afin qu’il puisse être adopté avant les vacances.

Manifeste

Le maire Chow pourrait lancer une campagne de « désobéissance civile », ajoute le professeur Graefe de l’Université McMaster à Hamilton.

Cela risquerait toutefois de s’aliéner de nombreux électeurs torontois qui sont des automobilistes et qui pensent que les pistes cyclables sont une Source de congestion, a-t-il déclaré.

Autrement dit, s’il y a des manifestations, elles devraient plutôt être organisées par les cyclistes eux-mêmes.

>>Alison Stewart dans une interview dans la rue.>>

Ouvrir en mode plein écran

Le projet de loi provincial sur les pistes cyclables ne tient pas la route, déclare Alison Stewart, directrice de la sensibilisation de l’organisation Cycle Toronto. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Sarah Tomlinson

Il reste à voir si les manifestations pourraient influencer le gouvernement Ford, qui dépend des électeurs des banlieues et des zones rurales pour sa réélection, et non des Torontois, note le professeur Graefe.

La province a promis d’absorber le coût de la démolition des trois pistes cyclables de Toronto, mais il est peu probable que la facture soit suffisamment élevée, a déclaré Graefe, pour provoquer la colère des Ontariens.

Avaler la pilule

La maire Chow pourrait donc être contrainte d’avaler la pilule, pense le professeur Graefe, afin de préserver ses « bonnes relations » avec le gouvernement Ford.

D’autant que la Ville tente de négocier une prolongation du pacte fiscal conclu en 2023 avec la province.

>>Photo officielle par Christine Maydossian.>>

Ouvrir en mode plein écran

Une action en justice contre la province serait une mauvaise idée, selon Christine Maydossian, consultante pour le cabinet Leliken et ancienne conseillère de l’ancien maire Rob Ford.

Photo : Fourni par Christine Maydossian

La « collaboration » est une meilleure solution, pense aussi Christine Maydossian, consultante en communication et ancienne conseillère de l’ex-maire Rob Ford.

Pour elle, une poursuite judiciaire contre la province serait une mauvaise idée.

[La mairesse Chow] entretient de bonnes relations avec le Premier ministre. [Les pistes cyclables touchent à] une petite partie de leur collaboration, il serait donc peut-être préférable de trouver un moyen de collaborer avec le gouvernement.

Une citation de Christine Maydossian, directrice, relations gouvernementales, cabinet Leliken

« Bien sûr », l’ancien maire Rob Ford aurait réagi, dit-elle, si le gouvernement provincial de l’époque s’était immiscé dans une affaire municipale.

Elle ajoute cependant que Toronto a « un gros problème de circulation » et que pour elle, la province tente de trouver des « solutions » en démolissant trois pistes cyclables, ce qui a entraîné la suppression de voies automobiles dans le centre-ville.

Toronto devient de plus en plus grande. Notre métro n’est pas le métro parisien. Oui, nous avons un très bon système de transport, mais de nombreuses personnes dépendent de leur voitureexplique-t-elle, ajoutant que la congestion a également un impact sur l’économie.

Elle est d’accord avec le gouvernement Ford : des pistes cyclables devraient être aménagées le long des artères secondaires.

>>Brad Bradford devant un micro.>>

Ouvrir en mode plein écran

Toutes les pistes cyclables ne sont pas bien conçues à Toronto, affirme le conseiller municipal et cycliste Brad Bradford. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

C’est la faute d’Olivia Chow, dit un élu

Le maire a eu la chance de corriger cela en juin dernier» déclare Brad Bradford, conseiller municipal de Toronto et ancien candidat à la mairie. Il fait référence au vote du conseil municipal sur le projet de pistes cyclables de la ville.

Selon ce passionné de cyclisme, le projet de loi provincial constitue une « ingérence », mais c’est aussi un « signal d’alarme » pour Toronto, après que le maire a ignoré les plaintes des résidents et des propriétaires d’entreprises, dit-il.

Toutes les pistes cyclables ne sont pas bien conçues ou au bon endroitil maintient. Pour lui, celles des artères Bloor, University et Yonge provoquent des embouteillages automobiles, et les cyclistes sont trop à l’étroit sur Yonge pour être en sécurité.

Il vante en revanche les pistes cyclables des artères Sherbourne, Richmond, Adelaide et Danforth.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV les habitants d’une commune de Meurthe-et-Moselle choisissent par vote de s’appeler les « Culs-brûlés »
NEXT Dans le Gers, les deux plus grandes foires du département se tiennent en même temps