Pourquoi la Vendée est-elle de droite ? – .

Pourquoi la Vendée est-elle de droite ? – .
Pourquoi la Vendée est-elle de droite ? – .

Par

Nicolas Pipelier

Publié le

7 juin 2024 à 8h50
; mis à jour le 7 juin 2024 à 9h01

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Pour quoi Vendée Est-elle de droite ? La question peut paraître absurde, tant les notions de conservatisme, de patrimoine, d’ordre – fondement des valeurs de droite – imprègnent la société vendéenne.

Dans ce territoire marginal, où « le château et le presbytère » ont longtemps servi de repère, « les droits du peuple ne sont évoqués qu’après ses devoirs et la discipline passe avant la liberté », écrit André Siegfried dans son Image politique de l’Ouest de la France.

Si la République a fait son œuvre depuis la révolution, certains réflexes de l’Ancien Régime subsistent. Notamment lorsqu’on glisse un bulletin de vote dans l’urne. Depuis la création du conseil général, puis départemental, pas un candidat ouvertement déclaré à gauche n’a réussi à occuper le fauteuil présidentiel.

Les féodaux républicains ont toujours eu soin de maintenir la barre à droite. En 2021, les derniers élus socialistes ont même été expulsés de l’hémicycle. Seul un élu de l’Île d’Yeu, se réclamant de « centre gauche », flotte dans un océan de bleu.

Parenthèses à gauche

Dans les communes, aux Herbiers, Montaigu, Pouzauges, Luçon… aucune trace de maire à gauche. Les exceptions sont rares. La Roche-sur-Yon, après 27 ans de socialisme, revient à droite avec Luc Bouard en 2014. Même scénario à Fontenay le Comte suite à la défaite deHugues Fourage en 2008, après treize ans.

Quant à aux Sables d’Olonneil faut remonter à l’après-guerre pour voir un communiste élu, Odette Rouxà la tête de la mairie de 1945 à 1947. Idem à Challans, où le socialiste radical Victor Charbonnel portait l’écharpe tricolore de 1945 à 1959.

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D’où vient cette inclination ? Est-elle liée à l’histoire, à l’économie ou à une spécificité géologique comme le pensait le pionnier de la sociologie électorale, André Siegfried, pour qui « la le granit a produit le prêtre et le calcaire le professeur » ?

Façonné « par les guerres de Vendée »

Plus qu’une question d’étiquette, Alain Leboeuf, président du Département, préfère parler de valeurs. « En Vendée, nous aimons entreprendre de nouveaux projets et les réaliser ensemble, collectivement. En même temps, nous avons une responsabilité individuelle ancrée dans le corps, tout comme le don de soi. » Une prédisposition qui, selon l’élu, serait « le fruit de notre histoire unique » façonnée « par les guerres de Vendée ».

« Les Vendéens ont choisi de prendre leur destin en main, sans jamais attendre des autres ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes. Ce refus de toute posture de victime et cette volonté d’aller de l’avant ont rendu notre département dynamique. »

Un point de vue partagé par Christophe Cougnaud, directeur du groupe Cougnaud, leader de la construction modulaire industrialisée : « Je ne sais pas si la Vendée est de droite. En revanche, je sais qu’elle est du côté de ceux qui bougent, qui innovent, qui entreprennent, qui trouvent des solutions pour s’en sortir socialement, économiquement, sportivement, académiquement… Et qui compter davantage sur eux-mêmes, leurs familles, leurs voisins, leurs amis, leurs collègues que sur une solidarité nationale qui se désagrège. »

« La Vendée reprend confiance en elle »

Pour l’historien du droit et le politologue Guillaume Bernard, professeur aux Ices, la Vendée n’en aurait pas fini avec son héritage contre-révolutionnaire. « La Vendée s’est consacrée à la démocratie chrétienne parce qu’elle lui a donné l’illusion de pouvoir concilier l’inconciliable : rester fidèle à son histoire et s’intégrer à la République. Depuis les années 1980, elle prend progressivement conscience de la nature politico-juridique des événements révolutionnaires. »

Selon théoricien du mouvement dextrogyre, la Vendée connaîtra « une restauration psychologique doublée d’un développement économique et d’une reconquête culturelle. La Vendée reprend confiance en elle et devient un modèle, une « province de l’esprit » comme on dit Philippe de Villiers. Plus la Vendée comprendra ce qu’elle a vécu et pourquoi, plus elle redeviendra à droite, c’est-à-dire réactionnaire.»

« La Vendée de P. de Villiers n’est plus »

Cette approche historico-identitaire est un fantasme pour Jean Burneleau, ancien premier secrétaire du Parti socialiste vendéen. « La droite et l’extrême droite vendéenne ont fait de l’histoire souvent dramatique de notre département leur affaire. Notre département aurait été historiquement et continuellement pendant deux siècles hostile à la République. Niant les Vendéens attachés à la République, les Vendéens des autres religions, les Vendéens athées, les Vendéens promoteurs de la laïcité. »

Ce que pense aussi conseillère régionale des Verts, Lucie Etonno : « L’identité d’un territoire n’est pas figée. » L’élu en est convaincu : « Rien n’est immuable, surtout en politique ». En témoigne « la Vendée de P. de Villiers qui n’est plus ».

La Vendée veut croire au changement : « L’heure n’est plus à la gloire du passé et des réussites personnelles, mais à construire avec force de nouvelles formes de solidarité pour relever collectivement le défi climatique. »

” Et demain ? »

Mais ce message est-il porteur dans « une Vendée qui se caractérise par une ruralité qui tend à favoriser les politiques conservatrices », comme le souligne Freddy Roy, maître de conférences à l’Université Paris-Nord Sorbonne ? Rien n’est moins sûr. « Les guerres de Vendée ont laissé une empreinte de conservatisme et de fidélité aux valeurs de l’Église catholique. Ce passé a façonné une culture politique où les valeurs traditionnelles occupent une place prépondérante. »

Difficile de démêler ce maillage. « La domination de la droite en Vendée résulte d’un ensemble complexe de facteurs, où l’histoire, la sociologie, l’économie et la démographie s’entremêlent pour façonner son paysage politique. »

Pourtant, rien n’est décidé. Comme le montrent les derniers sondages. « Cette domination a été impactée par Emmanuel Macron qui a récolté les voix des électeurs, des élus de gauche comme de droite. LE Rassemblement national capter les voix de la droite. Au premier tour de la dernière élection présidentielle, 71 communes vendéennes ont placé Marine Le Pen en tête des suffrages ! Et demain ? »

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