De belles perspectives d’avenir pour les produits Made in France à l’international ? Selon une nouvelle enquête de l’institut Opinion Way pour la CCI France, plus de 4 000 consommateurs chinois, américains, allemands et italiens interrogés dans le cadre de l’étude souhaitent consommer davantage de produits français. Si au plus bas, 74% des consommateurs italiens et allemands exprimaient ce souhait, 96% des Chinois interrogés le considéraient, au plus haut, et 78% pour les Américains.
« En 2023, nous avons sondé la perception des Français sur le Made In France, mais nous ne représentons que 3 % du PIB mondial. Nous avons donc voulu sonder la réputation des produits français auprès de nos meilleurs clients, les Chinois, les Américains, les Italiens et les Allemands », explique Alain Di Crescenzo, président de la CCI France.
Une étude réalisée via des sondages internet, entre le 10 et le 16 octobre, quelques jours avant le MIF Expo. Cet événement est devenu au fil des années LE rendez-vous incontournable des acteurs du Made in France dont la nouvelle édition aura lieu du 8 au 11 novembre, à Paris. Un millier d’entités sont attendues pour afficher leur savoir-faire à travers des centaines de produits. Ces derniers bénéficieront également d’un effet JO 2024, selon les retours de cette enquête Opinion Way pour la CCI France. 88% des consommateurs chinois interrogés déclarent que cet événement a renforcé leur envie de consommer des produits Made in France. A l’inverse, 30 % des Allemands estiment que cela n’aura aucun impact, tout comme 29 % des Américains.
Le soft power français
Cette sensibilité au Made in France auprès de ces quatre publics a plusieurs raisons. Tout d’abord, pour 69 % des Allemands, les produits français sont perçus comme des produits de qualité. Un aspect également validé par les trois autres publics pour au moins 61% d’entre eux. C’est d’abord ce qui a motivé leurs achats français. À la question « Pourquoi avez-vous consommé des produits Made in France ? », l’item « Parce qu’ils sont de meilleure qualité » arrive en tête pour les Allemands (46 %), les Chinois (53 %) et les Américains (48 %).
« Trois personnes interrogées sur quatre ont une bonne image des produits français et souhaitent en consommer davantage. C’est une bonne nouvelle pour nous », déclare le gérant.
Seuls les Italiens placent un article avant la qualité, d’un point, en réponse à la même question, à savoir « Pour leur réputation, leur prestige », à 39 %. C’est la deuxième raison pour les trois autres pays. Ainsi, les Chinois donnent cette raison pour leurs achats Made in France pour 51% des sondés, 41% pour les Américains et 36% pour les Allemands. Sans surprise donc, le podium des raisons d’achat des Français est complété par « Parce que quelqu’un vous les a recommandés ». Dans cette même logique, les produits Made in France sont perçus en moyenne par deux consommateurs sur trois comme des produits de luxe.
Demande d’une offre plus large dans les rayons
Pourtant, si les acteurs du Made in France mettent en avant une empreinte environnementale minimale pour se démarquer de la concurrence mondiale, notamment sur la question du textile, ce n’est pas ce que retiennent les consommateurs… Seul un sondé sur cinq, Allemands, Américains et Italiens perçoit les produits français comme « Produits éco-responsables » et un sur trois pour les Chinois. “C’est un point d’amélioration qu’il faut garder à l’esprit”souligne Alain Di Crescenzo. Dans cette continuité, seuls 6 % des Allemands ont acheté des produits Made in France « parce qu’ils ont un impact environnemental moindre », comme 7 % des Italiens ou encore 14 % des Américains. Seuls les Chinois, avec 24% des sondés, semblent s’en inquiéter légèrement.
Par ailleurs, ces quatre populations interrogées réclament toutes, sans exception, « une plus grande diversité d’offre ».
« Nous avons identifié qu’avec les arts de la table et l’électroménager, ce sont 15 milliards d’euros supplémentaires de Made in France par an qui pourraient être vendus à l’étranger. Et on pourrait avoir cinq milliards supplémentaires avec la parapharmacie”indique le président de la CCI France, qui dispose de 130 équivalents temps plein dédiés à l’accompagnement de l’export des entreprises.
Actuellement, les produits Made in France qui ont la cote à l’international sont principalement l’alimentation avec les spiritueux et les vins, suivis de la maroquinerie et du textile, ainsi que des cosmétiques.
Autre demande, « Une plus grande présence de ces produits à proximité d'(eux) ». A noter que les Chinois, friands d’articles textiles et de spiritueux, appellent, pour 48% d’entre eux, à « des droits de douane réduits ».
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Laulhère, l’excellence française qui s’exporte bien
Depuis 180 ans, cette PME basée à Oloron-Sainte-Marie produit des bérets entièrement confectionnés depuis son atelier des Pyrénées-Atlantiques. Laulhère est même la dernière usine historique de bérets du pays, avec des volumes importants : 200 000 à 400 000 pièces, selon les années. Sur un chiffre d’affaires de 4,8 millions d’euros, 38% de son activité est exportée. « Les consommateurs étrangers ont une approche beaucoup plus moderne que nous de ce produit, ils n’ont aucune barrière et sont très attachés à ses détails. Cet aspect nous a permis de développer fortement nos ventes au Japon, puis naturellement en Corée. Les Etats-Unis sont aussi pour nous un marché très fort, mais davantage grâce au cinéma et à notre présence dans les productions cinématographiques »témoigne Rosabelle Fozy, la présidente de Laulhère.
Lorsqu’elle reprend l’entreprise en 2014, cette dernière fait un choix stratégique avec un repositionnement de leurs produits : « À l’époque, nous étions aux prises avec Concurrents asiatiques. Aujourd’hui, nous sommes sur un produit plus cher mais plus durable, qui peut se répercuter. Nous sommes très vigilants sur nos critères environnementaux ». Si ses premiers prix tournent autour de 59 euros, des pièces d’exception bien plus chères, grâce à des collaborations avec des acteurs du luxe, symbolisent cette politique.
Cependant, cet acteur du Made in France entend se diversifier dans la production de pulls, manteaux et chapeaux qui nécessitent les mêmes compétences que les bérets, afin d’être durable. La PME attend aussi avec impatience la réponse à l’appel d’offres de l’armée française pour approvisionner l’institution (50 000 pièces par an), un marché entre ses mains depuis 70 ans et qui lui a permis de préserver ses COMPÉTENCES. A court terme, Laulhère compte exporter ses bérets fabriqués en France vers ses voisins européens.