Par
Baptiste Ringeval
Publié le
7 novembre 2024 à 20h00
Voir mon actualité
Suivre la Marne
Mardi 16 avril, comme d’habitude, Camille s’est rendue au centre nautique de Champs-sur-Marne après sa journée de travail. Vers 20h30, après sa séance de natation, elle s’enferme dans sa cabine pour se sécher et se changer. Dos à la porte, elle entendit un léger bruit qui la poussa à se retourner. Alors qu’elle était nue, elle a eu la désagréable surprise de voir apparaître une main tenant un téléphone portable. Elle s’enveloppa rapidement dans une grande serviette et poussa violemment la porte. Voyant un jeune asiatique s’enfuir, elle le poursuivit en hurlant.
Arrêté net par un nageur, Jonathan se retrouve nez à nez avec Camille. Il n’avait d’autre choix que de lui montrer son téléphone et de supprimer les photos d’elle. Il a tenté de profiter de la confusion pour s’enfuir, mais l’arrivée de cinq autres personnes l’en a dissuadé.
La police de Torcy est intervenue. Ils ont arrêté Jonathan et l’ont placé en garde à vue sur la base des déclarations de Camille. ce qui a ensuite été confirmé par une plainte.
Pas la première fois
Lors de sa détention, Jonathan a fourni une explication sur son comportement : « une addiction au sexe et au voyeurisme née suite à une rupture amoureuse très difficile qui s’est produit 18 mois plus tôt. » Il a reconnu les faits et a avoué se sont déjà livrés à cette pratique dans les toilettes de restaurants, dans les cabines d’une autre piscine, dans les cabines d’essayage de certains magasins… Il affirmait ne conserver les photos que quelques jours puis les faire disparaître. Une affirmation immédiatement démentie par l’exploitation de son téléphone qui a révélé des photos et vidéos de femmes nues, âgées de six mois. Mais impossible d’identifier les victimes.
La perquisition à son domicile et la vérification de son ordinateur n’ont apporté aucune information complémentaire.
“Je ne pensais pas que les victimes pourraient être blessées.”
Lundi 7 octobre, Jonathan a comparu à l’audience pénale présidée par un juge unique. Après avoir écouté le résumé de l’affaire et confirmé qu’il reconnaissait les faits, Jonathan a déclaré : « à l’époque, Je ne pensais pas que les victimes pourraient être blessées. » Une phrase étonnante qui a immédiatement fait réagir le magistrat : « si la personne avait été mineure, vous seriez devant une composition différente du tribunal. »
Jonathan est revenu sur les raisons de son addiction au voyeurisme. « Après la séparation, j’ai perdu confiance en moi. J’avais l’impression d’avoir été trahi. J’avais peur de nouer une nouvelle relation alors j’ai cherché un moyen de compenser mon manque d’affection. » Pas du tout convaincu par les explications du prévenu, le juge intervient une nouvelle fois : « J’ai été laissé. J’ai été trahi. J’avais besoin d’affection. Quel rapport avec le voyeurisme ? » Pour répondre à cette remarque, Jonathan ajoute : « quand j’ai un coup de tête, je saisis une opportunité, mais je ne surveille pas. Je regarde les pieds pour voir s’il est majeur. » Selon lui, quatre séances chez le psychologue et une pratique intensive du sport auraient suffi à le guérir de toute envie soudaine.
Huit mois de prison avec sursis
Invitée à prendre la parole, Camille a donné une description de la scène avant de s’exclamer : « Avant, la piscine était un plaisir pour moi ! Maintenant, je n’y vais plus. Partout où je vais, je suis en alerte ! Ma seule attente est qu’il ne puisse plus recommencer ! »
Son avocat a ajouté : « Monsieur est un prédateur, mais grâce à elle, ses agissements sont terminés. » Avant de formuler une demande chiffrée d’indemnisation, il a regretté l’absence d’expertise psychiatrique pour les victimes alors qu’elle est obligatoire pour les prévenus.
Le procureur a indiqué qu’une analyse de la mémoire de l’ordinateur de Jonathan était toujours en cours. Invoquant la crainte d’une éventuelle récidive, elle a requis une peine de six mois de prison avec sursis assortie d’une obligation de soins psychologiques.
L’avocat de la défense n’a pas tenté de justifier les actions de Jonathan en les qualifiant d’immaturité ou d’irresponsabilité. Il a au contraire commencé par saluer le courage de la victime avant de considérer que l’arrestation de son client était “un mal pour un bien”, mettant ainsi fin à un délit “grave et désagréable”. »
Le juge a déclaré Jonathan coupable et lui a donné huit mois de prison avec sursis. Il doit respecter l’interdiction de contacter la victime et de fréquenter le centre nautique pendant trois ans. Il devra aussi payer Camille 3 500 € pour préjudice moral et 1 200 € pour honoraires d’avocat.
Le prénom de la victime a été modifié
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.