80e anniversaire du Débarquement. Un hommage poignant aux victimes civiles à Saint-Lô

Dans la sobriété, l’élégance et l’émotion, des millions de personnes ont été mises à l’honneur durant l’après-midi de cette mercredi 5 juin 2024 au Haras national de Saint-Lô (Manche), à ​​l’occasion d’une cérémonie unique sous le V^e République : une hommage aux victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale en présence du président de la République Emmanuel Macron devant plus d’un millier d’invités, pour la plupart des Saint-Lô.

Saint-Lô, « capitale des ruines »

Tout d’abord, il y a parmi ceux-ci victimesles évidences de Saint-Lô lors de cette terrible « nuit du feu » du 6 au 7 juin 1944. Malgré les vaines tentatives des Américains pour avertir la population de l’imminence de leurs bombes, des centaines de Saint-Lois périssent, ainsi que leur ville rasée.

La ville n’était plus mais, face au chaos, il y avait une solidarité et des comportements courageux, des valeurs de redressement et une capacité d’entraide qui font la Saint-Lois.

Il y a alors, dans une suite douloureuse, les quelques 13 000 civils tués lors de la bataille de Normandie. Au total, près de 20 000 auront donné leur vie en Normandie.

Enfin, il y a toutes les victimes civiles de cette guerre. « 45 millions de morts », a gravement rappelé Emmanuelle Lejeune depuis la tribune. Il s’agit du premier conflit de l’histoire qui fait plus de victimes civiles que militaires. »

Longtemps, la mémoire des victimes civiles est restée discrète. Il aura fallu attendre huit décennies pour leur accorder une cérémonie d’hommage et leur dédier un lieu hautement symbolique : Saint-Lô.

Là « capitale des ruines »selon les mots de l’écrivain irlandais Samuel Beckett, steward et traducteur à l’hôpital irlandais de Saint-Lô en 1945. C’est aussi à travers la lecture d’un de ses textes sur « l’univers devenu provisoire » et « l’humanité des ruines » de ce « centre administratif et agricole d’antan » dont la cérémonie a débuté à 15h45

« Le destin singulier »

« Les attentes des témoins et des descendants de victimes qui ont grandi ici sont légitimes », a poursuivi Emmanuelle Lejeune. J’ai aussi une pensée pour tous les maires qui ont vécu ces moments de reconstruction. Le temps de toutes ces vies qui s’éteignent et qui savent que la liberté peut se perdre et ne vient pas naturellement touche à sa fin, tandis que de nouveaux périls se cachent et s’intensifient dans le monde. »

À sa suite, Emmanuel Macron a de nouveau raconté, pendant 13 minutes et avec précision, le « destin singulier » de Saint-Lô, depuis « son cœur médiéval en flammes au sommet du rocher » semblable à « un bûcher » jusqu’à la « douleur qui jamais mêlé de haine.

Pendant quatre ans, les Saint-Lois ont vécu dans les décombres. Mais l’humanisme et la résilience n’ont jamais été aussi bien démontrés qu’ici. « Saint-Lô, c’est tout cela, et nous ne l’avons pas oublié », a conclu le chef de l’Etat.

Ludivine LANIEPCE

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