Depuis près d’un quart de siècle, Jacques Gaultier entretient la mémoire des soldats morts pour la France. L’ancien paysagiste cultive une passion pour l’histoire depuis sa plus tendre enfance.
Engagé pour la Mémoire française tant dans sa commune de Buzançais, délégué cantonal depuis 2001, qu’au niveau départemental, délégué général depuis 2010, ce bénévole ne compte ni son temps ni son énergie pour qu’on n’oublie pas tous ceux qui, à travers les âges et les conflits, ont défendu la patrie.
Sans grande illusion, Jacques Gauthier attend l’hypothétique succession à la philosophie
« Je suis à la retraite, mais je travaille toujours mes 35 heures par semaine ! » Avec ses environ 900 camarades, Jacques Gaultier entretient les mille tombes (tombes et carrés militaires) de combattants indriens répertoriés qui n’ont plus de famille pour s’occuper du lieu où ils reposent. « On les fleurit tous 1est novembre. C’est un rendez-vous important pour notre association. »
« Une recherche continue par tous les moyens possibles »
Mais c’est un travail bénévole quasi quotidien et bien plus large auquel s’engagent les membres de Souvenir français. « On a créé un monument à la Chapelle Orthemale, on érige des stèles pour la Résistance. Il y a surtout un travail d’inventaire à faire. Il reste des secteurs du département, principalement dans le sud-est et le sud-ouest, où il n’y a pas eu de Souvenir français faute de comités locaux. Nous menons constamment des recherches en utilisant tous les moyens disponibles. Sur les registres, sur Internet ou sur place. Nous identifions ensuite les tombes couvertes de mousse où il n’y a ni fleurs ni buis et nous nous rendons à la mairie pour les recenser. »
Cet essentiel travail de mémoire relève de la seule responsabilité de French Souvenir en Indre. Frantz Roy, directeur départemental de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (Onac), comprend combien l’action de ces bénévoles est précieuse. ” L’Onac est responsable des grands monuments et nécropoles. Il s’avère qu’il n’y en a pas dans l’Indre. Nous apportons une aide à Souvenir Français qui assure l’entretien et la floraison des tombes à raison de 1,50 € annuel par sépulture. » Jacques Gaultier ajoute : « Les municipalités n’ont pas les ressources financières et humaines pour faire ce travail. Imaginez qu’à Châteauroux, la place du 14-18 compte 164 tombes ; Celui de 39-45, 105 ; Issoudun est à 150… »
« Qui nous remplacera lorsque nous disparaîtrons ? »
Mais tout d’abord, il manque des bras à l’association. Sans grande illusion, Jacques Gaultier attend l’hypothétique succession à la philosophie. « Les troupes vieillissent et les jeunes ne viennent pas nous rejoindre. Nous étions 1 400 avant le Covid et 500 de moins aujourd’hui. L’espoir d’un renouveau est mince. Qui nous remplacera lorsque nous disparaîtrons ? »
Du Premier Empire à la guerre d’Algérie
Au fil du temps, le nombre de tombes à entretenir augmente mécaniquement. « Il y a des militaires de 1870, 14-18, 39-45, d’Indochine et maintenant d’Algérie avec la disparition de leurs descendants. »
Chez lui à Buzançais, Jacques Gaultier entretient le souvenir du capitaine Rouillion, un officier qui accompagna Napoléon dans de lointaines campagnes d’Egypte ou de Russie. « Mon prédécesseur disait qu’il fallait honorer les soldats depuis Vercingétorix. Nous ne faisons aucune distinction entre ceux qui ont combattu pour la France. Enfin, on commence au Premier Empire. Nous possédons de nombreuses tombes de soldats napoléoniens venus de l’Indre, à Villedieu, Issoudun et donc Buzançais. Le général Bertrand était originaire de Châteauroux. De nombreux grognements reposent avec nous. »
Grâce à French Souvenir, ils n’ont pas été oubliés.