Par
Valentin Exantus
Publié le
7 novembre 2024 à 16h07
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Originaire du Vaucluse, Pauline Olphe-Galliard nous plonge au cœur de son territoire, entre paysages bruts et voyage intimiste. Psychothérapeute et écrivaine, elle vient de publier Sur les traces du vent (Éditions Azoé), un roman initiatique qui suit Marcus, un homme marqué par la perte de sa fille.
Rencontre avec Pauline Olphe-Galliard, l’auteure proche de la nature vauclusienne.
Acte : Vous explorez les thèmes du deuil et de la reconstruction dans les paysages du Vaucluse. Comment ce territoire vous a-t-il inspiré ?
Pauline Olphe-Galliard : Les paysages du Vaucluse ont un pouvoir naturel et réparateur. Le contact brut avec cette terre, sa lumière et son aridité sont autant de sensations qui accompagnent Marcus dans sa quête. Marcus a grandi loin de cette ruralité, il est journaliste aéronautique, ses parents sont agriculteurs mais il n’est pas habitué à la terre. Il retrouvera le rythme des saisons.
Pourquoi votre personnage, à 48 ans, ressent-il ce besoin de fuir ?
POG : Marcus n’a pas vraiment conscience des raisons qui le poussent à partir. Il ressent juste un besoin irrépressible de dépaysement. C’est au fur et à mesure qu’il progresse qu’il comprend que son errance est liée à son deuil, à sa souffrance de père. Il porte un double fardeau : la perte de sa fille et la fin de sa relation.
De manière générale quand on parle de deuil, ici le deuil d’un enfant, la perspective féminine est plus souvent évoquée ? Aviez-vous une envie particulière de faire parler un homme ?
POG : Justement, c’était une envie d’écrire. En tant que psychothérapeute, j’ai souvent remarqué que le deuil est un sujet sur lequel les femmes osent davantage parler, tandis que les hommes restent plus discrets. Elles osent en parler quand les hommes se montrent plus discrets sur le sujet. Il y a aussi cette injonction qui veut que l’homme soit solidaire de la femme en panne, puisque son rôle est de la protéger et de la rassurer.
En tant que femme, j’avais envie de me mettre à la place d’un homme alors j’ai beaucoup discuté avec les hommes autour de moi pour répondre à la question de savoir comment un homme peut réaliser son chemin.
Comment est née cette histoire ?
POG : Le personnage de Marcus est en réalité né d’un oubli ! J’avais une toute autre histoire en tête, mais quand je me suis réveillé un matin, seul le prénom de Marcus m’est venu à l’esprit. De cet oubli est née une forme de rage créatrice qui m’a poussé à écrire son histoire sans trop savoir où elle me mènerait. Comme j’aime le dire, s’il n’y avait pas eu cet oubli, il n’y aurait pas eu ce roman.
Vous êtes l’auteur de deux autres livres, quel est le lien entre ces histoires ?
POG : Le lien avec mes histoires précédentes, c’est tout simplement l’intérêt pour l’intime et le processus humain. J’aime me concentrer sur les moments charnières où un individu change, évolue, prend conscience et progresse dans sa vie.
Est-ce un livre à recommander aux personnes en deuil ou plutôt à celles qui se cherchent ?
POG : Peut-être pour les personnes en deuil, oui, mais surtout pour celles et ceux qui sont en quête de sens. Notre époque met souvent la mort de côté, et nous nous retrouvons parfois impuissants face à la souffrance des autres. Je n’aime pas l’expression « deuil » car elle donne l’impression d’un processus linéaire, alors que c’est un chemin propre à chacun et très intime.
Votre expérience de psychothérapeute a-t-elle influencé l’écriture de ce roman ?
POG : Bien sûr, l’écoute des récits de vie au fil des années nourrit l’écriture. Mais je ne voulais pas que Dans les pas du vent soit un « cas clinique ». Le roman ne suit pas une approche thérapeutique formelle, mais explore plutôt comment la vie nous affecte et comment les rencontres peuvent être curatives sans nécessiter d’interventions professionnelles. Il n’est pas nécessaire de consulter un psychologue pour aller mieux et c’est le cas de Marcus.
Votre roman suggère que certaines questions ne trouveront jamais de réponse. Partagez-vous cette vision ?
POG : Oui, parfois nous agissons sans avoir toutes les réponses. C’est le cas de Marcus. Il se lance dans cette promenade sans même se poser de questions. C’est un homme qui a tout réussi, jusqu’à ce que la maladie de sa fille vienne bouleverser cette image. Au cours de son voyage, il découvre qu’il doit d’abord faire face à ses sentiments de culpabilité et qu’en rassemblant les cendres de sa fille, il fait un premier pas spirituel.
Le roman se déroule dans le Vaucluse, mais aurait-il pu se dérouler ailleurs ?
POG : Certainement. Un autre lieu, d’autres rencontres, auraient sans doute guidé Marcus vers d’autres réflexions. Le Vaucluse était un choix naturel, car je connais bien ces paysages, mais le voyage qu’il incarne aurait pu être ailleurs.
Avez-vous pensé à une suite pour Marcus ?
POG : Pas pour l’instant. J’aime les fins ouvertes. J’ai d’autres projets en cours, mais ils prendront des directions différentes. J’aime donner aux lecteurs l’espace nécessaire pour prolonger l’histoire eux-mêmes.
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