« Proposons à nos (…) – .

Le député Bruno FUCHS, délégué général de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, lors de son discours à la XIIIee Conférence des ambassadeurs africains de Paris, le 30 mai 2024, dans la salle Colbert de l’Assemblée nationale. A sa droite : SE Mmoi Emanuela del Re, Représentante spéciale de l’Union européenne pour le Sahel ; à sa gauche, M. Ioan Plesca, PDG de PrætorianTrajan. ©Photo Steve Lorcy

Intervenant à la clôture de notre XIIIe Conférence des ambassadeurs africains de Paris, qui s’est tenue à la salle Colbert de l’Assemblée nationale, jeudi 30 mai, Bruno FUCHS, député et délégué général de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, a clairement esquissé des perspectives d’action pour reconstruire une Afrique-France forte. relation.

.

par Alfred MIGNOT pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

.

Le 29 mai au soir, Bruno Fuchs se trouvait toujours à Yaoundé, capitale du Cameroun, où il a participé à une assemblée régionale francophone. Le député du Haut-Rhin a donc voyagé dans un avion de nuit pour rejoindre les éminents panélistes et participants (voir la légende de la « photo de famille », ci-dessous) de la XIII jeudi 30 au matin.e Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CMAAP 13), organisée par Africapresse.paris et qui a pu également se tenir, grâce à lui, dans la prestigieuse Salle Colbert de l’Assemblée Nationale – ce dont nous le remercions chaleureusement.

.

La France sera dirigée
“repositionner”

.

Plaçant d’emblée ses propos au cœur du sujet – le thème de la conférence étant « Comment dé-risquer les investissements et les entreprises dans les pays frontaliers du Sahel en crise ? » – Bruno Fuchs a choisi de parler de ce « pays pivot de la région qu’est le Sénégal », où malgré quelques embûches le processus démocratique s’est finalement joué jusqu’au bout, « ce qui apporte beaucoup de poids et de crédibilité à la parole du pays.

Le positionnement géopolitique du Sénégal constitue également un élément intéressant, estime le député, car il met en perspective « une sorte de troisième voie vers un panafricanisme plutôt ouvert et orienté vers la mondialisation, contrairement à certains panafricains plutôt renfermés dans eux-mêmes et avec des personnages plus conservateurs ou fondamentalistes. En tout cas, ce positionnement du Sénégal est pour moi un élément essentiel, tout comme celui du Maroc qui, à une certaine époque, a joué un rôle central dans les relations Nord/Sud-Sud. »

Face à cette nouvelle gouvernance du Sénégal du jeune président Bassirou Diomaye Faye, la France sera amenée « à se repositionner et à repenser la relation avec nos partenaires francophones, et donc la zone Sahel en particulier.

.

Plus de coopération
quelle concurrence

.

D’ailleurs, précise Bruno Fuchs, la France ne pouvait échapper à cet aggiornamento, tant les relations entre les deux pays sont denses : plus de 160 000 Sénégalais se trouvent en France, en plus de 30 000 étudiants. La France est le premier investisseur et le premier partenaire commercial du Sénégal – elle a retrouvé cette année sa première place, devant la Chine.

Aussi, dans la perspective de cette reconstruction d’une relation volontariste avec l’Afrique, et des besoins de son développement, force est de reconnaître qu’aucun pays au monde n’a les moyens, pas même la Chine, d’être à la hauteur des besoins de développement du continent, insiste-t-il. le Délégué Général de l’APF. « Alors, quoi qu’il arrive, il va falloir apprendre à travailler avec d’autres opérateurs, plutôt en partenariat qu’en concurrence. Ce sera à l’avantage de tous. »

Panélistes et personnalités réunis pour la « photo de famille » du CMAAP 13. De gauche à droite, deuxième rangée : M. Emmanuel DUPUY, Président de l’IPSE (Institut de prospective et de sécurité en Europe) ; Mmoi Lucia PÉTRY, Présidente de BPL Global-France ; SEM Emile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO ; SEM Ahmat MAKAILA, Ambassadeur du TCHAD ; M. Alfred MIGNOT, modérateur, Président fondateur d’AfricaPresse.Paris (APP), Editeur des Conférences mensuelles des ambassadeurs africains à Paris (CMAAP) ; SEM Fahad AL RUWAILY, Ambassadeur de l’ARABIE SAOUDITE ; M. Ioan PLESCA, PDG de PRÆTORIAN TRAJAN ; SE Mmoi Emanuela DEL RE, Représentante spéciale de l’Union européenne pour le Sahel, ancienne vice-ministre italienne des Affaires étrangères ; M. Député Bruno FUCHS, Délégué général de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF).

Première rangée, de gauche à droite : M. le Général à la retraite Dominique TRINQUAND, Président de DHT Conseil ; SEM Liviu ROGOJINARU, Ministre Conseiller, Ambassade de Roumanie ; M. Stephen DECAM, Secrétaire Général du CIAN (Conseil Français des Investisseurs en Afrique) ; Mmoi Gouza NAHOUNOU, Responsable ID2P ; M. Patrick SEVAISTRE, Conseiller du Président du CIAN et d’EBXCAM ; M. Ismaël SACKO, Président du PSDA du Mali ; SEM Stéphane GOMPERTZ, ancien ambassadeur et directeur Afrique au MEAE, Vice-Président de l’Institut AFRIQUE MONDE ; SE Iskander IOUSSOUPO, Ministre-Représentant du TATARSTAN ; M. Olivier SEGBO, PDG de KRYPTSYS. ©Photo Steve Lorcy.

.

Reste à voir, dans les mois et années à venir, si les Français sauront changer, notamment se débarrasser de leurs « irritants », c’est-à-dire des comportements encore trop arrogants ou paternalistes à l’égard des Africains francophones. Aussi, s’ils prônent le concept de multilatéralisme, on sait que ces mêmes Français ont du mal à l’appliquer concrètement, et particulièrement en Afrique francophone, où l’on reste dans une posture « extrêmement unilatérale ». Ce premier changement de positionnement mental est donc absolument essentiel», souligne Bruno Fuchs.

Abordant la question des visas, Source de beaucoup de déception et d’amertume du côté africain, Bruno Fuchs a témoigné qu’au Cameroun, où il se trouvait encore la veille de la conférence, la situation s’améliore. Aujourd’hui, les délais sont de quinze jours pour obtenir un rendez-vous, contre trois mois auparavant.

Mais si le opérationnel commence à s’améliorer (c’est aussi le cas au Maroc, selon l’ambassadeur de France Christophe Lecourtier, ndlr) la réflexion conceptuelle reste à entreprendre : quelle relation d’attractivité et de partenariat souhaite-t-on entre les pays africains et la France ? La gestion des visas, actuellement opérée par le ministère de l’Intérieur et sa perspective de contrôle des migrations, devrait-elle être à nouveau dévolue au ministère des Affaires étrangères, dont l’approche serait naturellement plus souple… diplomatique ? constate le député du Haut-Rhin.

.

Bases militaires et FCFA : vers
l’extinction des controverses

.

Poursuivant son tour d’horizon des sujets en débat régissant les relations entre la France et l’Afrique, Bruno Fuchs a évoqué la question des bases militaires : « La France va progressivement et assez rapidement transformer ce qui reste de ses bases en académies de formation et de soutien, mais très peu en opérations opérationnelles. les forces. Cette question, elle aussi « irritante », va donc s’effacer, jusqu’à ne plus exister. »

Idem pour la question de la disparition programmée du FCFA : « C’est encore très fort dans les médias, mais c’est désormais aux institutions africaines de s’emparer de ce que la France et la CEDEAO ont commencé à initier. Déjà la France, par anticipation, ne siège plus au conseil d’administration ni ne participe à la gouvernance du FCFA. Cette question controversée devrait elle aussi disparaître, mécaniquement. »

Mais une fois ces « irritants » éliminés, quelles seront les perspectives d’avenir ? Pour Bruno Fuchs, « si nous ne voulons pas perdre une part importante de la qualité de nos relations avec le continent, c’est forcément vers l’économie qu’il faut se tourner. Une relation économique bien plus forte qu’aujourd’hui.

Mais, quelle que soit la qualité des acteurs et leur ambition, massivement en tout cas, on n’en est pas encore là. C’est que la question du rapport politique reste essentielle.

Une vue de la Salle Colbert pendant la conférence. © Photo Steve Lorcy

.

Les seuls à proposer
Un modèle de société…

.

Je vois donc plusieurs niveaux de possibilités. Il faut a minima redéfinir une offre stratégique très forte. Quelle est la proposition de la France vis-à-vis des pays avec lesquels nous souhaitons continuer à être partenaires, avec suffisamment de distance et d’équité quant aux positions politiques des pays concernés ?

Mais je pense que nous pouvons faire mieux. Nous sommes les seuls à pouvoir proposer un modèle de société axé sur le citoyen, les libertés publiques, la défense de la démocratie, l’Etat de droit, la bonne gouvernance… Parmi les grands modèles proposés aujourd’hui, notamment aux pays africains, celui que ce soit par les Russes, Chine, Turquie… Je ne vois pas de modèle aussi complet et aussi grisant. En tout cas, aux jeunes citoyens, de se projeter dans le modèle que nous proposons.

Nous pouvons également soutenir l’Afrique dans ce que nous savons bien faire, c’est-à-dire la santé, la biodiversité, l’éducation, l’entrepreneuriat, la formation professionnelle… En réalité, si nous voulons le dire autrement, nous devons proposer à nos partenaires africains de soutenir leur permettre d’accéder à leur souveraineté économique, politique et civique.

Bien entendu, il faut une volonté et des moyens politiques. Mais nous ne sommes pas seuls, nous avons un très grand nombre de citoyens binationaux, qui vivent entre deux, trois ou quatre pays différents. Et donc nous avons de très grandes qualités pour y arriver. »

Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui le chemin à parcourir est immense, comme en témoignent deux chiffres simples, partagés par le député : « Il y a 35 ans, la France comptait 10 000 travailleurs civils en Afrique, et 9 000 militaires. Aujourd’hui, on compte plus de 340 collaborateurs militaires et environ 600 collaborateurs civils. Certes, Expertise France prend partiellement le relais, mais on voit bien que notre présence sur le terrain est bien moindre, avec moins de complicité, moins de connaissance du terrain. »

Mais, conclut Bruno Fuchs, « au-delà des stratégies, nous avons besoin de présence et d’échanges sur le terrain. Il est essentiel d’exploiter les concepts, de les mettre en œuvre. C’est aussi ce qui fera la différence dans nos propositions à nos partenaires africains. »

.

◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊

.

RELAY AfricActu n° 4 > Ismaël SACKO, Président du PSDA du #Mali : « Face à la junte en faillite et de plus en plus impopulaire, nous créons la Coalition Démocratique du Sahel »

De gauche à droite : Alfred Mignot des Campani, directeur d’AfricaPresse.paris ; Ismaël Sacko, Président du PSDA du Mali ; Emmanuel Dupuy, Président de l’IPSE (Institut de prospective et de sécurité en Europe), lors de l’enregistrement d’AfricActu n°4 au studio Global Africa-Telesud, à Paris. © APP Capture-montage

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV TV et diffusion en clair, streaming et compositions probables
NEXT concerts de gospel à Paris et en Île-de-France