Ce mois d’octobre, du 24 au 27 à Paris, se tenait le 30e édition du Salon organisé par les Ateliers d’art de France qui rassemble les professionnels du secteur. L’année dernière, 331 exposants ont rencontré 19 000 visiteurs. Qui sont-ils ?
À tous, passionnés du patrimoine ! L’événement rassemble les acteurs institutionnels du patrimoine, ceux, de nombreuses associations, fortement investis dans sa protection ainsi que les professionnels, dans leur grande diversité. Sont présents au salon des tailleurs de pierre, des menuisiers, des vitraux, des menuisiers, des plâtriers qui créent des éléments décoratifs comme des corniches en plâtre… Mais aussi des tapissiers, des facteurs d’orgues et des luthiers. Et les professionnels du bâtiment, avec de grands groupes comme Vinci qui s’impliquent dans des projets de restauration du patrimoine, sont également présents. En fait, les contours de ce secteur ne sont pas faciles à délimiter : la loi reconnaît 281 métiers artistiques. Ils sont répartis entre deux grandes familles. Celle de la création, qui représente le patrimoine de demain et celle de la rénovation. Sur le plan économique, selon le ministère de l’Economie, cela représente environ 60 000 entreprises, 150 000 professionnels et 19 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Selon Bercy, près de la moitié (8 milliards d’euros) de l’activité des métiers d’art est orientée vers l’export. Comment cela se concrétise-t-il sur le salon ?
Le salon est international à double titre : par ses visiteurs, mais aussi par ses exposants. Parmi ces derniers, cette année, 11 pays sont représentés avec leurs savoir-faire spécifiques. Par exemple, la Suisse avec l’horlogerie, la Chine avec le travail de la broderie ou l’Allemagne, d’où vient un très ancien atelier de battage de l’or qui fabrique des feuilles d’or pour les restaurateurs et les doreurs. Quant aux visiteurs, environ 12 % d’entre eux viennent de l’étranger. La proportion n’est pas énorme, mais ce sont des visiteurs à fort pouvoir d’achat et qui ont des projets. Certains d’entre eux sont professionnels, comme la décoration d’une chaîne d’hôtel ou de casino. D’autres concernent la rénovation ou la décoration de châteaux, hôtels particuliers, habitations de clients privés. Ces visiteurs viennent de divers endroits, notamment des pays arabes et des États-Unis. Les Américains sont des clients fidèles. Dans un pays jeune comme le leur, la France représente quelque chose d’exceptionnel en termes de patrimoine et de création.
Le 8 décembre, la cathédrale Notre-Dame de Paris rouvrira ses portes, fermées depuis le terrible incendie du 15 avril 2019. Cinq années de restauration colossale ont été nécessaires. Au-delà du chantier lui-même, que représente cet événement pour les métiers d’art ?
Quand tout va bien, il est compliqué de réaliser les travaux fondamentaux indispensables pour sauver un petit moulin, entretenir une fontaine… A cet égard, la catastrophe de l’incendie de Notre-Dame a servi de déclencheur : elle a fait prendre conscience de l’importance de patrimoine. Nous pensons que cela a généré une dynamique nationale. Sur le territoire, les collectivités – mairies, villes, régions, etc. – ont financé plus facilement des projets. Des associations militant pour le patrimoine ont obtenu des fonds. Cela encourage également les initiatives concernant l’utilisation de matériaux, comme le granit breton, dont l’exploitation n’est peut-être plus rentable car il n’y a plus de demande. Ils font partie de notre patrimoine, ils correspondent aux matériaux d’origine des bâtiments des régions… Le chantier de Notre-Dame a également permis la découverte ou la redécouverte des métiers du patrimoine, contribué à la revalorisation du travail manuel. Cela a initié une nouvelle motivation pour orienter les jeunes ou les personnes souhaitant se réorienter vers nos métiers.