Ce jeudi 7 novembre est la Journée nationale contre le harcèlement scolaire. Dans le département de la Somme, le parquet, le rectorat, le Conseil départemental et le Conseil régional profitent de l’occasion pour annoncer une innovation.
Sur les sept premiers mois de l’année 2024, 71 signalements de harcèlement scolaire ont été signalés au procureur de la République. Autant d’enquêtes lancées, qui prennent du temps sans que la situation ne soit résolue dans l’immédiat.
C’est pourquoi le procureur de la République (Jean-Philippe Vincentini, ndlr) a eu une idée : rassembler les acteurs des écoles pour qu’ils puissent intervenir au plus vite.
Intervenir rapidement pour mettre fin au harcèlement
Concrètement, dès qu’un cas de harcèlement arrive au parquet (via l’Education nationale ou un courrier envoyé directement par des tiers), un suppléant analyse le dossier. Si le harcèlement est avéré, il contacte le référent auprès du recteur de l’académie mais aussi du Département (si le cas est dans un collège) ou de la Région (si le cas est dans un lycée) pour une intervention collégiale. “mais en dehors de l’établissement qui reste sacré”, précise Jean-Philippe Vincentini.
Tous trois convoqueront l’auteur du harcèlement, son « civilement responsable » et la victime : « L’objectif de ces trois intervenants est que le harcèlement cesse au plus vite. Il n’y a pas de réponse unique, il faudra s’adapter à chaque cas. Cela se fait parallèlement à l’enquête judiciaire et sans entraver celle-ci. Il fallait voir ce qu’on pouvait inventer pour aller plus vite.» assure le procureur.
Pour Pierre Moya, le recteur de l’académie d’Amiens, il faut continuer à s’engager « contre ce fléau. Il y a une volonté d’agir encore plus vite. Nous mettons les moyens en place avec trois personnes mobilisées.
Stéphane Haussoulier (président du Conseil départemental) et Xavier Bertrand (président du Conseil régional) saluent également cette nouveauté : « C’est un phénomène de masse qui touche 700 000 étudiants en France. Les situations ne sont pas faciles à voir. Nos personnels, à l’accueil ou dans les cantines, sont formés pour gérer ces situations. Dans le cadre de ses attributions, le Département doit s’occuper des locaux des collégiens. C’est important, bien sûr. Mais offrir des services supplémentaires donne du sens aux affaires publiques.»
« Le harcèlement peut commencer dans le bus scolaire et même se poursuivre jusqu’à la maison. Partout où il y a des faits, cela doit cesser. La justice cherche à être en contact direct avec la société. Il a besoin de partenaires. C’est pourquoi nous avons immédiatement répondu», ajoute Xavier Bertrand.
Selon le Procureur, la lutte contre le harcèlement s’apparente à la lutte contre les violences conjugales : « Ce fléau est assez récent. En plus, on se rend compte qu’il y a des gens qui savaient, qui avaient vu, qui n’ont rien dit, qui ont laissé faire.
Stéphane Haussoulier se souvient que, enfant, il avait « une peur en montant dans le bus scolaire qui m’emmenait de Saigneville à Saint-Valery-sur-Somme, car les adultes me faisaient peur. Il faut parler du harcèlement. »
Enfin, Xavier Bertrand vante cette innovation mais compte bien aller plus loin : «Je veux ça dans les cinq départements des Hauts-de-France !
Les ambassadeurs témoignent
Avant la signature de la convention liant le parquet, le rectorat, le département et la région, plusieurs ambassadeurs anti-harcèlement du lycée Robert de Luzarches d’Amiens se sont exprimés : « On se rend compte qu’il est plus facile pour un élève de parler à un autre élève qu’à un adulte directement. Ensuite, nous transmettons l’information à la direction qui suit le protocole » expliquèrent les trois jeunes lycéennes.