l’essentiel
Camille Couderc, Lotoise de 34 ans, regarde les résultats de l’élection présidentielle depuis New York. Elle vient d’obtenir sa carte verte mais ce n’est pas le cas de tout son entourage. Elle est particulièrement inquiète pour ses collègues.
Elle se levait tous les matins à 5 heures du matin mais ce mercredi allait forcément être différent. A New York, Camille Couderc a allumé la télé dès son lever et a appris la victoire de Donald Trump en avalant son café, « bouche bée ». Tout cela sous le carton rouge des États-Unis. Rouge en colère. Il existe une meilleure façon de commencer la journée. « Ce n’est pas vraiment une surprise. Mais nous sommes très inquiets, notamment de ce qui va se passer dans les jours à venir mais aussi dans les mois et les années à venir », explique La Lotoise, professeur au prestigieux lycée français et privé de New York. Elle avait déjà assisté à l’élection de Joe Biden et était au premier rang à Washington DC lorsque le Capitole a été attaqué par les partisans de Donald Trump. Inutile de dire que trois ans plus tard, elle craignait le pire.
« Je suis dans une forme de tristesse et de colère à la fois. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est le statut de mes collègues. Au lycée, il y a beaucoup de professeurs de français qui ont un permis de long séjour ou un visa d’échange culturel. Or, il y a huit ans, quand j’étais en Floride et que Trump a été élu, il avait déjà annoncé qu’il n’était pas favorable à ce type de visa. de visa. Ce qui veut dire que potentiellement, certains. les visas de mes collègues risquent de ne pas être renouvelés», explique la Lotoise originaire de Pradines qui vient d’épouser une Américaine. Elle a obtenu sa carte verte cet été et bénéficie du statut de résidente permanente, donc moins de risques de devoir rentrer en France. Mais elle ne pouvait pas voter.
Un climat de tension
Autre point noir : les relations diplomatiques. Avec la France, ils semblent préservés. Mais ce n’est pas le cas de toutes les nations. Et puis bien sûr, l’iVG. « A New York où il est possible d’avorter, je me sens évidemment épargnée. Mais je pense aux Américaines qui n’ont pas cette chance”, glisse-t-elle. Les soins de santé restent une bête noire. La Française rentre chez elle une fois par an pour voir ses proches mais aussi pour effectuer tous ses rendez-vous médicaux. « J’ai été sévèrement anémique pendant un an et demi aux Etats-Unis mais cette anémie n’a été diagnostiquée qu’en France », précise-t-elle. D’ailleurs, son médecin traitant est toujours dans le Lot.
Camille observe autour d’elle à New York un climat de tension, de méfiance et de divisions. Mais pour l’instant, pas de mouvement de protestation ni d’incidents. «Un de mes collègues craint d’être accusé d’avoir voté pour Trump simplement parce qu’il est blanc. On cherche à qui la faute, il n’y a plus de place au débat, ici, maintenant, c’est blanc ou noir», s’exclame-t-elle. Preuve des différences, l’ambiance dans sa classe ce mercredi matin. « J’ai entendu une conversation entre deux de mes élèves de CM2. L’une disait à l’autre qu’elle était inquiète parce qu’elle avait deux pères et que Trump était homophobe », raconte l’enseignante. Pendant ce temps, à la table voisine, un autre écolier a pris la nouvelle « en plaisantant » avec, en tête, les images de Trump vues sur les réseaux sociaux. Certaines écoles publiques ont bénéficié d’un jour de repos, une « détresse », à cause des élections et par crainte de débordements. Pas l’école de Camille. Elle sera en classe demain matin, devant le même tableau. Et ce, avec ou sans Trump, au sommet de la Maison Blanche.
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