Chaque automne, c’est la même chose… Le douloureux arrive dans les boîtes aux lettres et un constat ressort systématiquement : la facture augmente et continue d’augmenter ! Mais pourquoi cela alors que nos élus locaux, pour la plupart, se vantent à chaque budget de ne pas toucher aux taxes foncières ? Cet impôt, qui concerne tous les propriétaires, n’est pas toujours simple à comprendre. Multiples protagonistes et bénéficiaires, mode de calcul, impôts locaux particuliers, etc. « C’est une véritable usine à gaz dans laquelle il est très difficile de se retrouver. Cela pousse les contribuables à souffrir passivement. Mais ce n’est pas normal d’accepter cela tel quel.déplore Jean Ferrando, président de l’UNPI 47, une association désormais rebaptisée Propriétaires 47.
Comment est calculé la taxe foncière ?
L’assiette de l’impôt foncier, également appelée assiette, est fixée par les services de l’État. Il est censé représenter la valeur locative annuelle. Pour le déterminer, l’administration s’appuie sur la superficie pondérée du bien concerné et le tarif de référence au mètre carré. Simple en apparence sauf que de multiples paramètres apportent leur lot de variations : numéro d’étage, douche ou baignoire, état d’entretien, opérations d’urbanisme environnantes… La précision dans les déclarations est donc importante. La valeur locative annuelle est soumise à une réduction de 50%. L’assiette de la taxe foncière est donc censée représenter 6 mois de loyer. Il est réévalué chaque année à la hausse suite à l’inflation et à d’éventuels arbitrages politiques. Sur cette base, les collectivités appliquent un tarif. Pour compenser la suppression de la taxe d’habitation, les communes ont la pleine maîtrise de ce taux et peuvent l’utiliser comme levier de recettes supplémentaires. Le Département, de son côté, n’intervient plus. Taxes supplémentaires La taxe foncière n’arrive jamais seule. Elle est systématiquement accompagnée de la fameuse taxe de collecte des ordures ménagères (TEOM). Il s’agit le plus souvent d’une affaire intercommunale. Contrairement au TF, il peut être répercuté sur le locataire. Retrouvez également une ligne concernant la taxe GEMAPI, pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations. La taxe sur les équipements spéciaux (TSE) est également une possibilité. Par exemple, 2 340 communes du Sud-Ouest devront verser une contribution pour financer l’extension de la LGV entre Bordeaux et Toulouse. Pour couronner le tout, l’État ajoute une petite cerise sur le gâteau avec « frais de gestion ».
Lot-et-Garonne in a few figures //
Ces chiffres détaillés sont issus de l’Observatoire national de la fiscalité foncière réalisé par l’UNPI. Il présente les données de 2023. Celles de 2024, encore trop récentes, seront analysées dans les prochains mois.
Villes avec les tarifs les plus bas // Montignac-Toupinerie (Pays de Lauzun – 142 inhabitants): 27.82% Sembas (Confluent and Coteaux de Prayssas – 141 inhabitants): 28.87% Montauriol Bastides in Haut-Agenais Périgord – 203 inhabitants): 28, 99% Grayssas Deux-Rives – 144 inhabitants): 29.15% Saint-Quentin-du-Dropt (Bastides in Haut-Agenais Périgord – 190 inhabitants): 29.47%
Les villes avec les taux les plus élevés // Villeneuve-sur-Lot: 65.82% Marmande: 64.98% Lafox: 63.00% Agen: 60.85% Le Passage: 58.48%
Sans surprise, les communes où les taux sont les plus bas sont peu peuplées et situées en zone rurale. A l’inverse, les communes les plus prohibitives sur le plan fiscal sont principalement celles qui assument des charges de centralité élevées. Parmi les contre-performants, on retrouve donc la commune de Lafox. Malgré sa population d’à peine 1000 habitants et sa position géographique au sein de la plus grande agglomération du département, la commune présente un taux supérieur à celui d’Agen. Il faut cependant souligner une légère baisse par rapport à 2018. Tournon d’Agenais affiche également un taux très élevé compte tenu de ses 754 habitants. Même constat pour Puymirol et Sérignac. Pour voir où la taxe foncière dans son ensemble (y compris la TEOM) a le plus augmenté, il faut regarder du côté de la Communauté d’Albret. Pas moins de 13 villages de la région ont vu leur note s’envoler (entre 86 % et 97 %) en l’espace de dix ans.
Analyse UNPI //
Le président de l’UNPI 47, Jean Ferrando, tire un constat amer sur ce levier fiscal. « Il y a plusieurs problèmes autour des taxes foncières. Tout d’abord, c’est une taxe illisible où tout le monde se bat pour savoir qui est responsable des augmentations. C’est l’exemple typique du mille-feuille administratif où des opérations parfois datées s’entassent au lieu de se simplifier. En revanche, les augmentations sont permanentes sans que cela ne reflète une réalité immobilière et résidentielle. Si l’on prend l’exemple du Lot-et-Garonne, la valeur des biens immobiliers n’a pas du tout augmenté dans les mêmes proportions. La qualité du service ne s’améliore pas non plus constamment. Il suffit de voir la baisse de la fréquence des ramassages des déchets ou le niveau des investissements réalisés. Parallèlement, les recettes de l’État et des municipalités augmentent, notamment à mesure que les nouvelles constructions se poursuivent. Pour certains ménages, les montants deviennent exorbitants. Il n’est pas non plus normal que les propriétaires soient les seuls à contribuer alors que les locataires bénéficient eux aussi de tous les services. Je pense qu’il y a des économies à faire ailleurs. »