Anneville-sur-Mer, in Manche.
C’est là, dans un petit camping près de la dune, que Dany et Annick, 78 ans, sont propriétaires d’un mobil-home depuis 1986. “Nous avons été les premiers !”, témoignent-ils. dans l’Ouest de la France. Nous avons même choisi l’emplacement. Le plus proche de la mer. »
Depuis, le couple y passe chaque année des semaines entières, à 50 km de chez lui. Mais leur mobil-home, remplacé en 1993, a aujourd’hui plus de 30 ans.
Cependant, en 2022, le camping change de propriétaire et propose de nouveaux contrats aux locataires d’emplacements. Ils stipulent que les mobil-homes de plus de 25 ans ne peuvent pas séjourner, pour des raisons de sécurité. Estimant leur mobil-home bien entretenu, Dany et Annick ont refusé de signer, comme une trentaine de résidents.
Leur cas devrait être résolu devant les tribunaux au début de l’année prochaine. En attendant, leur camping, comme presque tous les autres, vient de fermer pour l’hiver. Et le couple ne sait pas s’ils pourront y passer encore un été.
Et cette histoire n’est pas un cas isolé…
Comme en témoigne l’enquête menée par ma collègue Marion Dubois dans Ouest de la France.
Quelques chiffres d’abord : il existe aujourd’hui en France 850 000 campings, dont 200 000 résidentiels de loisirs. C’est à dire qu’ils sont occupés au moins un mois dans l’année par la même personne pour leurs vacances.
Un exemple : Frédéric, 60 ans, vit la moitié de l’année au camping Saint-Boil en Saône-et-Loire. Il témoigne à France 3 : « J’habite à 30 minutes du mobil-home, donc j’en profite comme une résidence secondaire. Je pars en vacances, mais près de chez moi. J’y suis d’avril à septembre.
Mais d’autres propriétaires, pour qui leur mobil-home est l’investissement de leur vie, se sentent exclus. Selon eux, les campings préfèrent avoir leur propre hébergement saisonnier à louer pour une plus grande rentabilité.
Avocat spécialisé dans les procès collectifs, Bertrand Salquain dit disposer entre 250 à 300 dossiers concernant des litiges comme celui de Dany et Annick.
Fin octobre, un collectif de 50 propriétaires et la Fédération nationale des propriétaires de résidences de loisirs ont même attaqué l’État français « pour inaction et défaut de protection des consommateurs ». Ils dénoncent « un déséquilibre du contrat de location au profit du gestionnaire du camping ».
J’ai appelé le président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, Nicolas Dayot. Il reconnaît les conflits, tout en indiquant qu’ils restent très minoritaires. Selon lui, il faut mieux expliquer aux propriétaires de mobil-homes qu’il ne peut pas s’agir d’une résidence secondaire pour vivre au même endroit et que les campings doivent pouvoir se moderniser et proposer plus de services. « La force du camping en France, c’est qu’il évolue constamment », dit-il.
Mais maintenant que la saison vient de se terminer, quel bilan en tirer ?
Avec environ 141 millions de nuitées réservées cette saison, les chiffres sont comparables à ceux de l’année dernière, qui avait été une année record.
Tendances géographiques : les réservations baissent dans les deux tiers nord du pays et sur la façade atlantique, elles sont stables en Corse et en Occitanie, elles augmentent dans la région sud et en Ardèche. Explication : la météo.
Les professionnels ont déjà l’esprit tourné vers 2025 puisque le salon annuel de l’équipement de plein air pour l’hôtellerie s’ouvre ce matin à Montpellier. On parlera des derniers mobil-homes – au total, 20 000 sont vendus chaque année en France – et peut-être aussi, un peu, du désarroi de certains propriétaires.