Par
Rémi Charrondière
Publié le
4 novembre 2024 à 17h00
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Ce que vous devez savoir
31,40% des maires sont confrontés à un début d’épuisement, 3,48% courent un risque sévère d’épuisement (burn-out) et les femmes maires présentent un risque d’épuisement significativement plus élevé.
69,3% des maires se montrent satisfaits en tant qu’élus malgré les difficultés (ce qui n’empêche pas l’apparition d’un épuisement).
Les maires français sont très investis mais éprouvent un fort sentiment d’impuissance à changer les choses. Les événements les plus stressants pour un maire sont la complexité/lourdeur administrative, la charge de travail de la fonction/manque de temps et les difficultés liées aux subventions, tandis que la vie personnelle permet de contrebalancer le stress et représente trois des cinq événements les plus « satisfaisants » pour un maire. maire.
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Le proportion est éloquent : épuisement menace un tiers des maires des communes de moins de 10 000 habitants.
Il s’agit donc d’un signal d’avertissement ce qu’apporte la récente étude de l’Observatoire Amarok* (lire ci-dessus)message auquel l’Association des maires ruraux of France (AMRF) joins. His representative in Ille-et-Vilaine, Louis Pautrel, also mayor of Le Ferré, near Fougères (Ille-et-Vilaine), denounces an ever-increasing mission lourd.
Quels constats tirez-vous du bien-être des maires du pays de Fougères ?
Il y a une lassitude très forte autour de ce mandat, que je n’avais pas remarquée auparavant. Elle est née notamment avec la crise du Covid, qui a nécessité d’adapter le fonctionnement des services publics. L’épisode de vaccination a aussi été particulièrement éprouvant. Les maires ont toujours été en première ligne et nous l’avons tous oublié.
Le maire est-il plus sollicité qu’avant ?
Notre société a énormément changé. Aujourd’hui, le point de référence pour notre population est le maire de la commune. C’est aux citoyens ce que le phare est aux marins.
Les demandes sont très nombreuses : la cellule familiale est déstabilisée, les conflits de voisinage sont nombreux et les incivilités se multiplient sans que la justice ne soit appliquée.
30 % des demandes n’ont rien à voir avec le rôle du maire : les gens veulent un conseil, un avis.
Il y a aussi un autre problème : nous vivons dans une société qui s’appuie beaucoup sur le numérique et l’immédiateté. Il faut répondre à la seconde, qui est épuisante.
Que dire de l’individualisme de la société ?
De nombreux administrateurs veulent toujours avoir raison. Nous avons perdu le sens du collectif.
L’ère du Covid nous a contraints à vivre isolés, dans la peur des autres. Nous ne nous touchions même plus, ne serait-ce que pour une poignée de main ou un câlin. Et le téléphone n’améliore pas la situation, puisque nous avons désormais accès à presque tout sans avoir à sortir de chez nous.
Mais il y avait déjà une forme de désocialisation. Cette période a été un accélérateur.
Vous dénoncez également la complexité administrative, qui tend à devenir colossale.
Cela crée de grandes difficultés pour mener à bien un projet. Si je devais résumer, je dirais que nous rencontrons très souvent des vents contraires. Ce qui m’agace beaucoup, c’est cette politique de la peur, qui s’illustre à la lecture d’un texte de loi ou d’un décret d’application. En matière de responsabilité, il y a toujours un risque pour le maire, quoi que l’on fasse.
Il y a aussi un manque de reconnaissance de la part des élus nationaux, qui ne nous impliquent pas lorsqu’ils votent une loi. Nous méritons plus d’écoute et de compréhension. La loi ZAN (Zéro artificialisation nette) en est un parfait exemple et enlève toute latitude d’action.
La liberté communale doit être préservée, alors que nous sommes de plus en plus dépendants des autres autorités : nous avons, d’une certaine manière, été placés sous tutelle. Un maire ne peut plus répondre directement à la demande d’un habitant.
L’épuisement des maires est-il donc inévitable ?
Les résultats de l’étude ne me surprennent pas. Les maires subissent une pression considérable. Et ils sont seuls, au milieu de tous les problèmes que je viens d’évoquer. C’est très dur, c’est fatiguant.
Il faut avoir des épaules fortes et un dos large pour être maire.
D’ailleurs, à un an et demi des prochaines élections municipales, plusieurs maires ont déjà décidé d’arrêter, non pas à cause de leur âge ou de leur état de santé, mais par ras-le-bol.
Je n’entends jamais quelqu’un dire directement : « Je suis satisfait de mon rôle. » Et si je parle pour moi, c’est une passion, pour les habitants, le territoire, le bien commun, l’intérêt général, mais je ne m’en contente pas tous les jours, loin de là.
Autrefois, être maire était un honneur, aujourd’hui c’est une passion sans satisfaction.
Lorsque je résous un problème, deux autres surviennent : le jeu n’est jamais terminé. Mais comme on a la passion, on garde la foi.
Quelles sont vos idées pour résoudre cette situation ?
Il ne faut plus nous placer sous tutelle et il faut une vraie simplification administrative. Il faut aussi redonner de la convivialité dans la mission des élus, avec le côté festif qui existait avant. Pour caricaturer, je dirai que nos ancêtres se réunissaient autour de la table pour manger et boire, puis lorsqu’ils se mettaient d’accord, ils se saluaient. Aujourd’hui, tout se fait par contact avec des huissiers ou des avocats.
*Étude publiée par l’Observatoire Amarok, l’Association des Maires ruraux de France et menée par Olivier Torres et Mathieu Le Moal, de l’Université de Montpellier. Les maires des communes de plus de 10 000 habitants ont été exclus de l’échantillon représentatif.
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