«Nous ne changerons pas notre vie, nous l’aimons trop»

«Nous ne changerons pas notre vie, nous l’aimons trop»
«Nous ne changerons pas notre vie, nous l’aimons trop»

Derrière un micro vantant les « sensations » de la balade, servant de la barbe à papa, ou aidant un enfant à choisir son cadeau après la pêche victorieuse d’un canard en caoutchouc. Les femmes sont également à l’honneur, au Luna Park. La fête foraine a investi le parc des sports de Briançon, comme chaque année au printemps. Elle y restera jusqu’au 9 juin.

Le monde forain est souvent une histoire de père en fils. En l’occurrence, ici, de mère en fille. « On est nés dedans, c’est toute notre vie », concède Laurence Debard. Elle vend de la barbe à papa. «Quand j’étais plus jeune, j’avais une galerie de tir et de jeux électroniques», ajoute la femme qui souhaite garder secret son âge.

« Ma mère est décédée à 93 ans. Elle avait 13 enfants, tous élevés dans les fêtes foraines. Ils y travaillent. Nous sommes de Gap, puis nous sommes partis. C’est notre vie et nous l’aimons. » Elle parle du contact avec les gens. « On se parle, on se connaît. Une dame m’a dit qu’il y a 28 ans, elle attendait sa fille et elle se souvient que j’étais déjà là”, sourit-elle. Luna Park visite Briançon depuis plus de 30 ans. Laurence a deux enfants, un homme de 52 ans et une femme de 45 ans. « Ils travaillent aussi dans une fête foraine, mais ailleurs. » Elle a quatre petits-enfants. Son mari décédé est également né dans une famille de forains.

« Il y a trop de coûts pour aller au-delà de la région »

Souvent, les forains travaillent en binôme. Un peu plus loin, Martine Peillex tient le stand de pêche pour enfants. De l’autre côté de la rue, son mari gère la vente de barbe à papa. Leur fils, William, s’occupe de l’attraction « L’autoroute des enfants ». « Nous sommes des forains depuis ma naissance », sourit Martine. Elle a 69 ans.

« Avant, nous gérions le trajet. Là, j’aide mon fils. Je donne un coup de main. On ne peut pas rester devant la télé. ” Qu’est-ce qu’il aime? ” Le contact. Nous ne sommes jamais au même endroit. Nous y sommes nés et nous ne pouvons pas vivre sans. C’est comme les gens du cirque. C’est un super travail, nous sommes une famille. Nous ne changerons pas notre vie, nous l’aimons trop. Mais il est parfois difficile de bouger chaque semaine. » Ce n’est pas le cas en hiver.

Les deux forains ont constaté certaines difficultés : « Financièrement, ça peut être dur », estime Laurence Debard. « Le prix du sucre a augmenté, globalement le prix des produits augmente, la vie est trop chère. Et les gens arrivent à faire des sacrifices pour leurs enfants, ils préparent une marmite pour qu’ils puissent s’amuser à la fête. »

Martine Peillex ajoute : « Les loisirs passent au second plan. Ce n’est plus la même chose qu’avant. » Elle a trois enfants : William, qui travaille également à Luna Park ; une fille de 42 ans, qui est à Pertuis, et qui a épousé un showman, et un fils. « Il a arrêté d’être un showman. »

L’équipe du Luna Park circule dans toute la région. « Pas au-delà de ça. Il y a trop de coûts, le diesel et les autoroutes. Nous sommes tellement habitués à cette vie. Nous ne sommes pas toujours avec les mêmes personnes. On a des amis ici et là», raconte Martine Peillex. C’est une famille Gapençais. Elle a cinq petits-enfants. « Tant qu’ils ne sont pas mariés, ils sont avec nous. En général, les hommes gèrent le montage et le démontage des manèges, nous faisons la cuisine. Nous nous entraidons, les enfants, les parents. Les femmes font aussi des manèges. Nous avons chacun notre place. »

Audrey Lungo

Luna Park, esplanade du parc sportif. Ouvert tous les jours jusqu’au 9 juin. Mercredi et week-end à partir de 14h Lundi, mardi, jeudi et vendredi à partir de 16h Samedi 8 juin : feu d’artifice.

 
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