Et où es-tu avec la cigarette ? Depuis le 1er novembre a débuté le 9ème « Mois sans tabac », une grande opération de santé publique qui vise à réduire continuellement la consommation de tabac. Avec des réussites mais aussi, et malgré tout, des résistances. Pendant un mois, les partenaires de cette opération, qui sont des hôpitaux, des centres d’addictologie, des établissements de santé et d’autres acteurs de santé en milieu scolaire et universitaire, proposent des outils et un suivi pour atteindre l’objectif.
La consommation de cigarettes diminue mais reste présente
Arrêter le mois sans tabac n’est pas une nécessité, mais cela peut fournir une étincelle de motivation supplémentaire. Sachant que le plus grand défi des politiques de santé publique antitabac est désormais de tenter de convaincre… même ceux qui ne sont pas convaincus. Selon Santé Publique France, en 2021 la région Auvergne-Rhône-Alpes comptait encore 25% de fumeurs quotidiens chez les 18-75 ans. Selon l’enquête Escapad de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), 15 % des jeunes de 17 ans étaient des consommateurs de tabac quotidiens en 2022 dans notre région. C’est bien moins qu’en 2011, où ils étaient encore 33,3%, mais les jeunes restent l’une des priorités du Plan régional antitabac ARS 2024-2027 (Agence Régionale de Santé). En 2015, selon les chiffres les plus récents disponibles sur la plateforme Géodes8 242 décès pourraient être imputés au tabac en Auvergne-Rhône-Alpes, dont 2 427 décès classés « prématurés ».
Entre raison sociale et manque de volonté
Dans les rues de Grenoble, les témoignages de certains fumeurs expliquent l’échec ou l’échec de l’arrêt du tabac. “J’ai essayé et tenu 6 mois, explique ce trentenaire assis à une table avec des amis, mais j’adore les terrasses et c’est compliqué de revenir en terrasse et de ne pas fumer. C’est le côté social.« . Elle a moins de soucis à se faire lorsqu’elle est à la maison. Même discours de cette jeune femme de 22 ans sur une pause cigarette : «J’ai essayé deux fois par mois sans cigarette parce que mon école le proposait mais je n’arrivais pas à continuer. J’ai beaucoup mangé et pris du poids, mais ensuite nous sortons et voyons les autres fumer ou sentir l’odeur qui vous fait craquer.“D’autres admettent catégoriquement qu’ils n’ont pas essayé.”Du moins pas sérieusement“Cet homme se glisse sur la terrasse, qui concède encore que le prix du tabac”te fait réfléchir« .
Un peu plus loin, ce jeune homme de 28 ans tente d’analyser le pourquoi de sa consommation même s’il est bien conscient des risques sanitaires. “La dépendance est déjà un frein à l’arrêt de la cigaretteil explique, et même s’il y a des choses et des dispositifs pour aider il faut franchir le pas et ce n’est pas évident car comme dans toute addiction je pense qu’une fois qu’on s’y met on est dans un certain confort et c’est toujours difficile de sortir de sa zone de confort« .
Qui arrête ou essaie d’arrêter de fumer ?
En Auvergne-Rhône-Alpes un « point épidémique » de Santé publique France en 2021 rapportait que «la prévalence du tabagisme quotidien est beaucoup plus élevée chez les personnes sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat […] les gens qui sont au chômage […] et les personnes à faibles revenus« . Le désir d’arrêter de fumer s’exprime plus souvent chez les hommes de plus de 35 ans, notamment pour des raisons financières. Les tentatives d’arrêt au cours de l’année sont plus souvent le fait des hommes. moins de 35 ans titulaires d’un niveau de diplôme supérieur ou égal au baccalauréat. Le résumé note en revanche que «l’envie et les tentatives d’arrêt sont nettement moins fréquentes chez les femmes, même si les différences restent modestes« . Il n’en demeure pas moins que la consommation de tabac a diminué de manière très significative au cours de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle en France, sous l’effet de diverses politiques (loi Evin, action sur les prix du tabac, mois sans tabac…).
Le tabac, une ancienne industrie en Isère
Une tendance qui, en Isère, se traduit aussi par la quasi-disparition des producteurs de tabac. En 1932 Gaston Letonnelier, écrivait dans le Revue de géographie alpine que l’Isère était le 5ème département français en termes de production de tabac avec environ «550 hectares« . Dans Reportage télévisé de l’ORTF de 1961 a noté que «la région Rhône-Alpes avec ses 1130 ha plantés en tabac est la 3ème de France (après le Périgord et l’Alsace), principalement au nord de la Drôme – 300 ha et au sud de l’Isère – 720 ha, et secondairement au sud de l’Ain grâce à des sols argilo-calcaires favorables à la culture du tabac« . C’est notamment dans le Nord-Isère et dans le secteur de Beaurepaire que cette culture s’est répandue et a connu son apogée dans les années 70-80. Agritabac, l’une des plus grandes coopératives de producteurs, avait son siège social à La Tour-du-Pin. En 2019, les déclarations de culture du tabac en Isère concernaient à peine 52 hectares.